L’antiterrorisme à la source
Annoncée il y a quelques mois, la conférence internationale contre l’extrémisme et pour la déradicalisation se tiendra à partir d’aujourd’hui et pour deux journées de travail à l’hôtel Sheraton à l’ouest d’Alger. Pour rappel, cette initiative avait été lancée par l’Algérie en marge des travaux de Washington en février dernier portant sur l’extrémisme violent.
Engagement algérien
C’est Abdelkader Messahel lui-même, à l’époque ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, qui proposa ce rendez-vous à l’assemblée des participants en affirmant, par une illustration immédiate, l’engagement d’Alger dans ce type de lutte contre le terrorisme en amont des solutions sécuritaires. Quelques semaines plus tard, Messahel confirme le projet à l’occasion de la cérémonie de la Journée de l’Afrique au ministère des Affaires étrangères à Alger, devant un parterre de diplomates en poste dans la capitale algérienne. Promesse tenue donc puisque de nombreux intervenants venus de différents pays participeront durant ces deux jours à des ateliers différents, selon la spécialité de chacun. Il faut savoir que cette démarche consiste à sortir la question du terrorisme des préjugés idéologiques, voire xénophobes qui veulent confondre islam et islamisme radical ou pratique religieuse musulmane avec subversion.
Un programme acéré
C’est pourquoi le programme prévoit, selon ce qui a été rendu public par l’APS, d’aborder les aspects suivants au sein de huit ateliers : « Présentation de l’importance et du rôle de la lutte contre l’extrémisme violent et la déradicalisation dans le combat contre le terrorisme », « Le rôle du système judiciaire dans la déradicalisation, y compris en milieu carcéral » et « Le rôle des instances religieuses dans la déradicalisation », « La déradicalisation, la réhabilitation et la réintégration », « La déradicalisation et les efforts contre l’extrémisme violent par l’éducation, y compris par la promotion effective des méthodes d’enseignement, la formation professionnelle et l’emploi » et « Le rôle des médias, y compris les TV par satellite et les programmes religieux, dans la déradicalisation ». La responsabilité des citoyens ne sera pas oubliée puisqu’un groupe de réflexion devrait plancher sur le « Rôle de la société civile dans la déradicalisation » ainsi que la question de l’exclusion qui nourrit le radicalisme dans ce thème adressé aux sociétés occidentales ayant connu une montée de l’extrémisme parmi leurs propres ressortissants de confession musulmane notamment.
Daech à la loupe
« La déradicalisation et les phénomènes de la xénophobie et de l’islamophobie », voilà un intitulé qui devrait permettre un examen de conscience en même temps qu’une explication sur l’incroyable mouvement « jihadiste » d’enfants de pays développés, ces citoyens de démocraties avancées qui ont rejoint le front syrien pour adhérer à la barbarie de Daech. Oui, la conférence n’est pas internationale pour rien. Messahel, qui a explicité à plusieurs reprises la conception algérienne de la lutte antiterroriste globale, a présenté récemment « la nouvelle approche que l’Algérie a mis en œuvre et qui a, sensiblement, contribué à l’affaiblissement des groupes terroristes, à discréditer leurs discours et idéologies extrémistes et à leur rejet par la population et à l’assèchement de leurs sources de recrutement (…) l’Algérie a multiplié les approches parce qu’elle a compris que le tout répressif ne suffit pas ». Brillant exposé qui ne mettra cependant pas à l’abri notre ministre sur les dérapages fréquents de politiciens ou repentis revendiquant le meurtre ou faisant l’apologie de la violence dans l’impunité la plus totale…