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Nationale

L’anthropologie maghrébine revisitée par des experts internationaux

L’anthropologie maghrébine revisitée par des experts internationaux

« Savoirs et renouvellement des connaissances socio-anthropologiques et historiques sur le Maghreb », tel est le thème d’un colloque international de deux jours, organisé par l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou et abrité depuis hier par l’espace de son auditorium.

Dans leur argumentaire, les organisateurs ont souligné que « depuis l’indépendance de l’Algérie, l’anthropologie, la sociologie et l’histoire se sont retrouvées plus d’une fois à la croisée des chemins pour s’interroger sur leurs objets, leurs concepts, leurs théories et leurs méthodes d’investigation.

Elles ont amorcé et développé, depuis lors, un travail sur elles-mêmes, c’est-à-dire une démarche d’autoévaluation des savoirs accumulés, mais surtout des présupposés culturels et idéologiques qui leur étaient associés dans le but de se donner une légitimité, d’abord académique puis sociale, face au politique.

Partant d’un héritage conceptuel colonial encombrant, à savoir la science du dominant sur un objet scientifique qui était la société dominée, la socio-anthropologie et l’histoire ont éprouvé beaucoup de difficultés à se débarrasser des présupposés ethnocentriques qui les avaient vu naître et se développer.

Elles ont vécu alors dans un véritable dilemme consistant en la tentative de concilier la nécessaire rupture avec cet héritage et l’impératif d’en faire un bon usage. (…).

Ce colloque vise à revisiter des thématiques déjà connues, de mettre en évidence les nouveaux objets en construction, les nouvelles grilles d’analyse émanant de ces efforts soutenus de connaissance de la manière selon laquelle notre société, dans sa diversité et ses ancrages de proximité, se reconstruit et se réinvente. « 

sa brillante communication autour du thème, « Les déterminants socio-historiques de l’emprunt linguistique du kabyle (berbère) à l’arabe », le Pr Rabah Kahlouche de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a rappelé que « la Kabylie est l’une des régions d’Algérie qui ont échappé à la substitution linguistique de l’arabe au berbère que connut le Maghreb dans sa majeure partie. Son parler en a cependant subi une forte influence.

Si bien qu’actuellement, 46% des lexèmes d’un corpus constitués par l’enregistrement d’un locuteur kabylophone unilingue pendant environ 5 heures sont d’origine arabe. Aucun champ lexical n’est épargné, y compris ceux réputés pour être réfractaires à la pénétration des mots étrangers comme les parties du corps, la vie des champs, etc.

Exemples : Lhenk (joue), lehcic (herbe), etc. Certains emprunts supplantent carrément leurs correspondants autochtones comme illel (mer) qui a disparu devant lebhar. D’autres coexistent avec le terme kabyle, à l’exemple de ikerri (mouton) de souche berbère et axerfi d’origine arabe. Une telle influence témoigne de la profondeur des rapports entre kabylophones et arabophones, voire d’une longue cohabitation ».

Le conférencier a poursuivi : « Cette communication est un essai de compréhension des déterminants socio-historiques de ce contact, avec l’hypothèse d’une berbérisation ou d’une reberbérisation de populations arabes et arabisées venues se réfugier dans la montagne kabyle.

« Lors des débats, plusieurs questions ont été posées aux conférenciers. Il s’agit, entre autres, de savoir l’origine ethnique des marabouts. Sont-ils tous de même souche ? Est-ce seulement certains qui sont d’origine chérifienne ?

Le Pr Rabah Kahlouche, qui a averti l’assistance qu’il n’était pas historien, a tenu cependant à expliquer que ce sont les marabouts arrivés d’Andalousie (Espagne) qui se sont identifiés comme étant d’origine chérifienne. Toutefois, l’origine chérifienne voulait aussi renseigner sur le caractère de noblesse dont jouissait le marabout.

Le caractère de noblesse était associé au profil d’intellectuel et scientifique du personnage se réclamant d’origine chérifienne. « Concernant, en revanche,les marabouts venus du Sahara occidental (Sakiet El-Hamra), spécifie le conférencier, il est sûr que ce sont des Berbères. »

Le même conférencier, dans sa réponse à une question posée par un intervenant dans la salle, a dit que le mot « aârch » est d’origine arabe même s’il est berbérisé depuis plusieurs siècles. Le Pr Hugh Roberts de la Tuft University (USA) a développé, quant à lui, la thématique intitulée « Arsh, thaddarth, tufiq : le politique comme facteur constitutif de la communauté dans la Kabylie précoloniale « .

Le Pr Mohand-Akli Hadibi de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a, pour sa part, développé la thématique « Les implications épistémologiques de la présence/absence du fait de l’écriture dans l’anthropologie des sociétés amazighes « .

Notons enfin que le Pr James Mc Dougall de l’université d’Oxford (Angleterre) et le Pr Watanabe Shoko de l’université de Chiba (Japon) n’ont pas pu honorer ce rendez-vous scientifique pour la simple raison qu’ils n’ont pas réussi à se faire délivrer un visa par les autorités consulaires algériennes en fonction dans ces deux pays.

Le Pr James Mc Dougall avait programmé une thématique autour du « Du bon usage de la sociologie en histoire » et le Pr Watanabe Shoko une thématique autour des « Ecoles coraniques entre 1947 et 1954 : une analyse quantitative ».



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