L’Algérie révisera le calendrier du démantèlement tarifaire avec l’UE
L’Algérie confirme sa volonté de voir l’achèvement de la zone de libre-échange avec l’Union Européenne reporté. Le président de la République a affirmé que l’Algérie procèdera à une révision du calendrier relatif au démantèlement tarifaire en fonction de ses intérêts économiques, soulignant dans la foulée que le pays ne renoncera pas à cet accord.
Dans sa traditionnelle rencontre avec des responsables de médias nationaux, Abdelmadjid Tebboune a insisté sur l’attachement de l’Algérie à ses intérêts économiques et ses efforts pour construire une économie indépendante de la rente. C’est dans l’esprit de préserver ses intérêts que l’Algérie entend réviser le calendrier du démantèlement tarifaire, censé entrer en vigueur le 1 er septembre passé, selon les clauses de l’accord signé en Espagne.
« Nous allons revoir le calendrier (démantèlement) et ils (UE) sont d’accord concernant cette révision à laquelle s’attelle des économistes », a indiqué le président de la République. Cet accord a, en effet, été la cible de critiques émanant de plusieurs experts qui n’ont cessé d’appeler à sa révision, d’autant qu’il ne répond pas au principe gagnant-gagnant, surtout qu’un déficit permanent de la balance commerciale de l’Algérie est signalé. Le démantèlement tarifaire dans le cadre de l’accord d’association, a déjà, faut-il le signaler, fait perdre à l’Algérie 16 milliards de dollars.
Tebboune a toutefois reconnu que le pays ne peut renoncer à cet accord. « Nous ne pouvons pas renoncer à l’accord d’association avec l’UE (…). L’Union Européenne étant un partenaire auquel nous nous attachons », a précisé le président.
S’interrogeant sur le véritable taux de respect des accords avec l’UE, le Président a souligné que cet accord ne repose pas uniquement sur le démantèlement tarifaire qui doit se faire progressivement. Il a aussi mis en avant le fait que les deux parties sont des partenaires. « Nous sommes en principe des partenaires de l’UE mais pas au détriment de notre économie », a encore souligné le président.
C’est pour la deuxième fois que le président de la République évoque l’accord d’association avec l’UE. Il avait, à quelques jours de l’entrée en vigueur de la ZLE, demandé une réévaluation de l’accord qualifié de déséquilibré par des experts en économie. « Cet accord doit faire l’objet d’une attention particulière, faisant valoir nos intérêts pour des relations équilibrées », avait alors déclaré le président.
Du côté de l’UE, c’est le porte-parole de la Commission européenne qui s’est exprimé le 7 septembre passé, affirmant que l’Algérie a demandé le report de la mise en œuvre de la ZLE. « Nous avons été informés ‘’oralement’’ de la demande algérienne de report de l’achèvement de la zone de libre-échange entre l’UE et l’Algérie », avait-il déclaré, précisant que la Commission n’a pas reçu de demande formelle de la partie algérienne. Cette sortie du président de la République sera-t-elle considérée comme une demande « formelle » de l’Algérie, surtout que l’UE, premier partenaire commercial de l’Algérie, se dit prête à écouter d’éventuelles propositions algériennes sur le sujet, selon les précisions du porte-parole de la Commission européenne.