L’Algérie pourrait exporter du ciment
La réalisation prochaine de nouvelles usines de ciment permettra tout juste à l’Algérie de répondre à la demande croissante du marché interne, mais ne pourra pas devenir pour autant exportatrice de ce produit. Du moins, mais pas dans l’immédiat, estiment les professionnels du secteur. Pour Abdelkrim Selmane, consultant en BTPH, les besoins de l’Algérie en ciment sont tellement importants qu’il faudrait attendre 15 à 20 ans avant d’aller vers l’exportation. « Au-delà de cette période, la demande pourrait diminuer, et là on pourrait réorienter la surproduction vers l’exportation », a-t-il prévu. Avant de penser à l’exportation, dans le long terme, M. Selmane souligne la nécessité pour les pouvoirs publics de penser, d’abord, à la modernisation des infrastructures portuaires nationales afin de faciliter la commercialisation de ce matériau à l’étranger.
Saïd Younsi, gérant d’un cabinet d’architecture, estime pour sa part que notre pays a tous les atouts pour se positionner en leader régional dans la fabrication de ciment. « D’autant que l’Algérie fabrique aussi le clinker, qui est la base de ce matériau et dispose de moyens et de la matière première comme l’argile et le calcaire, et surtout de l’énergie à bas prix pour développer une filière de ciment orientée vers l’exportation », a-t-il expliqué.
De son côté, le président de l’Union nationale des entrepreneurs du bâtiment (UNEB), Salim Gasmi, a affirmé que la réalisation de nouvelles usines évitera à l’Algérie de recourir aux importations de ciment estimées à plus de 3 millions de tonnes par an.
« Une seule usine permettra d’assurer la production de près de 2 millions de tonnes par an de ciment et la création de 700 postes d’emploi permanents, en plus de 1 500 emplois indirects », a-t-il estimé dans une déclaration à l’APS. Concernant l’ouverture de cette filière à l’international, il a souligné que la situation géographique de l’Algérie lui permet de s’ouvrir sur les marchés des pays africains comme le Mali, le Niger et le Nigeria.
Le président de l’UNEB relève également que l’autosuffisance en ce produit stratégique permettra la réalisation des projets dans les délais prévus sans recourir à l’importation.
Estimée à 18 millions de tonnes par an, la production nationale de ciment est dominée par le secteur public, notamment par le Groupe industriel des ciments d’Algérie (GICA) qui produit plus de 11,5 millions de tonnes par an (environ 65%), le reste étant assuré par le secteur privé. Pour combler le déficit estimé à plus de trois millions de tonnes, le Groupe GICA compte réaliser quatre nouvelles cimenteries d’ici à 2017.
D‘une capacité globale de plus de 5 millions de tonnes par an, ces cimenteries seront établies à Béchar, Oum El Bouaghi, Relizane et In Salah (Tamanrasset). Par ailleurs, le groupe GICA a déjà lancé l’extension des capacités de production de certaines cimenteries existantes pour faire face à la forte demande sur ce matériau stratégique. Il s’agit des cimenteries d’Aïn El Kebira (Sétif), de Béni Saf (Témouchent), de Oued-Sly (Chlef), de Zahana (Mascara) et de Sour El Ghozlane (Bouira) pour augmenter leur production de plus de 8 millions de tonnes. Parmi les projets du secteur privé, une cimenterie d’une capacité de production de 2,7 millions de tonnes par an sera réalisée dans la commune de Djemourah (Biskra), en partenariat entre Lafarge Algérie et une société privée.