Laiterie de l’Edough: un ancien directeur général sous mandat de dépôt
Plusieurs cadres, dont un ex-directeur général, de la laiterie Edough ont été placés jeudi dernier sous mandat de dépôt, après leur comparution devant le magistrat instructeur prés le tribunal d’El-Hadjar.
Ils sont accusés de tricherie sur la qualité des produits laitiers, détournement de deniers publics et mauvaise gestion de l’entreprise. Ces arrestations ont concerné l’ancien directeur général de la laiterie, N.N., le directeur de la production T.S., le chef de service de la commercialisation B.L. et le chef du conditionnement des produits laitiers, F.S.
Pour rappel, ces incarcérations sont intervenues après une plainte déposée par l’Association de la défense des consommateurs et enquête de la gendarmerie nationale de la commune d’El-Bouni. Au cours de leur enquête, les services de sécurité ont découvert une tricherie sur la matière grasse de conditionnement du sachet de lait. Les gérants de la laiterie de l’Edough conditionnent le sachet à 90 grammes au lieu des 103 grammes nécessaires. Un calcul sur la quantité de lait en poudre utilisée a permis de faire ressortir la différence. Ladite différence de lait en poudre est alors vendue à d’autres laiteries privées, pour la fabrication des fromages et yaourts, ou alors transformées sur place en lait de sachet et vendue sans facturation.
Il faut signaler que la poudre de lait est importée par l’Etat algérien à travers l’ONIL (Office National Interprofessionnel du Lait), puis distribuée avec des subventions aux laiteries pour la production du sachet de lait. En 2018, l’ex ministre de l’agriculture, en tablant sur la production du lait de vache avait déclaré : « zéro pour cent de poudre de lait à l’importation en 2019 ». Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. On continue toujours d’alimenter la population en lait de poudre. Le lait de vache est toujours refusé, pour une raison ou une autre, aux portes des laiteries.
Pour exemple, la laiterie Edough, la plus grande à travers l’Est du pays, réceptionne chaque jour des quantités insuffisantes de lait de vache, alors que sa capacité de collecte avoisine les 40.000 litres par jour. Pourtant, l’Etat avait toujours encouragé la production de lait de vache pour éviter des dépenses superflues d’importation de lait de poudre. Le lait cru est acheté aux portes des usines à raison de 36 dinars le litre, l’Etat accorde une subvention à hauteur de 14 dinars aux éleveurs et les collecteurs, et les usines de lait qui reçoivent respectivement 5 et 4 dinars de lait cru transformé. Mais, malgré toutes ces aides, nombreuses sont les laiteries qui préfèrent toujours travailler avec le lait de poudre, car il existe un grand trafic. Aussi, il faut signaler que le lait de poudre, importé par l’Algérie à coup de plusieurs millions de dollars, a été écoulé en Tunisie, au Maroc et dans les autres pays voisins du Sahel, par des contrebandiers. Des enquêtes ont été déclenchée, mais sans résultat pour le moment.