La Wilaya IV historique porte-drapeau de la flamme révolutionnaire

La carte des limites de la Wilaya IV historique, trônant sur le mur du hall d’entrée du musée régional du Moudjahid de Médéa, montre l’important territoire géographique de cette wilaya qui s’étend sur toute la partie centre du nord du pays, qui commence à partir de la côte de l’ouest de Ténès, descend au sud, à l’ouest d’Orléansville (Chlef), s’étend vers Vialar (Tissemsilt), passe par Ksar Chellala, Paul Cazelles (Aïn Oussera), s’étire jusqu’aux confins de Sidi Aïssa, puis fait une boucle qui enchâsse les monts de Tablat, le massif de Palestro, l’Atlas blidéen et la Mitidja.
Les limites de la Wilaya IV historique sont celles dessinées par la direction de la révolution armée, qui a d’ailleurs fait un découpage du territoire algérien en six parties, elles-mêmes divisées en régions et en secteurs, et ce après le Congrès de la Soummam.
Le combat de la Wilaya IV continue de faire l’objet de sujets d’étude sur les hauts faits d’armes des moudjahidine et de la résistance de la population. Il ne cesse de susciter l’intérêt des historiens, hommes de culture, écrivains, étudiants ou simples citoyens avides de lever le voile sur certains pans flous de la Révolution dans cette partie de l’Algérie, en guerre contre l’ordre colonial.
Pour évoquer le problème des zones d’ombre de la révolution armée, il n’est pas aisé de disposer de témoignages vivants, car les quelques moudjahidine rencontrés ont souhaité ne pas s’exprimer sur certains événements précis de la Révolution, notamment en ce qui concerne le cas de ce qui est convenu d’appeler « le complot Si Salah » ; un homme qui a fait partie des officiers de l’ALN (Armée de libération nationale) favorables à l’autodétermination proposée par le général De Gaulle dans son discours du 16 septembre 1959.
L’affaire Si Salah
Même si le cas de ce qui est appelé « complot Si Salah » figure dans plusieurs publications scientifiques d’historiens et dans les mémoires de moudjahidine, l’ouvrage d’un acteur et figure de proue de la Wilaya IV, en l’occurrence Si Lakhdar Bouregâa, est considéré comme une référence crédible en matière de témoignage sur une affaire qui continue de focaliser les avis contraires des uns et des autres.
Pour rappel, le colonel Si Salah, accompagné du commandant militaire Si Mohamed (Djillali Bounaâma) et du commandant chargé des renseignements et des liaisons Si Lakhdar Bouchama, était présent à la rencontre de l’Elysée qui a eu lieu le 10 juin 1960 avec le général De Gaulle.
Une rencontre qui a été qualifiée de trahison, suivie d’exécutions des officiers ayant pris part aux pourparlers sans avoir été habilités par le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) créé en 1958 et seul représentant politique du peuple algérien.
D’ailleurs, l’affaire Si Salah est présente dans tous les ouvrages et mémoires écrits, aussi bien par des auteurs nationaux que d’anciens officiers de l’armée française. Tous présentent ce cas précis comme une conséquence de la situation de malaise que vivait le front intérieur, où les conditions de lutte étaient devenues difficiles dans les maquis pour « obliger les colonels à tenir une réunion en décembre 1958 à Ouled Asker, près de Jijel, pour trouver une issue à cette situation asphyxiante », selon Lakhdar Bouregaâ, qui a confirmé que les relations étaient tendues avec le GPRA, aussi bien qu’avec le chef d’état-major auquel il était reproché de ne pas alimenter les maquis en armes et munitions.
Dans ses mémoires, parues en arabe sous le titre Témoin de l’assassinat de la Révolution (Dar Al-Hikma, Alger), Lakhdar Bouregâa fait des révélations sur cet épisode de la guerre d’Algérie ainsi que sur le discours du 16 septembre 1959 du général De Gaulle, qui a « rencontré un écho favorable chez certains officiers supérieurs de l’ALN ».
Qui est Si Salah ? De son vrai nom Mohamed Zamoum, Si Salah est né en1928 à Aïn Taya. Il a fait partie des groupes armés qui ont participé, avec Ouamrane et Si Sadek, aux opérations du 1er novembre 1954. Il occupait le poste de commissaire politique de la Wilaya IV quand celle-ci était dirigée par le colonel Si M’hamed Bougara, soit de 1957 à 1959.
Tel est le résumé des révélations sur l’affaire Si Salah qui permettent d’éclairer les zones d’ombre. Une affaire qui n’a pas donné lieu à d’autres condamnations à mort que celles du commandant Lakhdar Bouchama, du commandant Halim et du capitaine Abdellatif, selon Lakhdar Bouregâa.
Il convient aussi de citer les témoignages du général Massu sur la résistance de la Wilaya IV, rapportés dans son ouvrage publié en 1972 et intitulé le Torrent et la Digue, qu’il décrit en ces termes : « Au beau milieu du territoire algérien, la Wilaya IV fait montre d’une vitalité et d’un dynamisme extraordinaires. Elle s’est toujours singularisée par rapport aux autres wilayas grâce à la personnalité rayonnante du colonel Si M’hamed. Grâce à lui, la flamme révolutionnaire brûle à la Wilaya IV. Une révolution pure et dure qui s’affermit même par opposition au relâchement relatif dans les autres wilayas ».
Pour rappel, M’hamed Bougara est tombé au champ d’honneur le 5 mai 1958 dans la commune de Ouled Bouachera, 30 km à l’ouest de Médéa, mais sa dépouille est demeurée introuvable à ce jour, et le secret est toujours gardé par l’armée colonisatrice.
Né le 2 décembre 1928 à Khemis Miliana, M’hamed Bougara a fait des études à l’école primaire et appris les préceptes de la religion dans sa ville, puis des études à la Zeitouna avant de retourner, plus tard, dans sa ville natale où il a pratiqué le métier de soudeur à l’électricité dans un centre de formation professionnelle.
Formé à l’école du scoutisme, il a adhéré au Parti du peuple algérien (PPA) puis au MTLD. Il a connu la prison coloniale le 8 mai 1945 pour avoir participé aux manifestations qui ont eu lieu à travers plusieurs régions du pays. Il a rejoint la Révolution dès les premières heures de son déclenchement et a été promu à différentes responsabilités et au grade d’adjoint politique en 1955. Son nom est cité dans les nombreuses batailles auxquelles il a pris part, lui valant la reconnaissance des chefs historiques et sa promotion au grade de capitaine. Il a assisté au Congrès de la Soummam le 20 août 1955, qui lui reconnut le rôle de chef politique au sein de la Wilaya IV. Il a alors été promu au rang de colonel et chef de la wilaya IV en 1958.
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