La viande bleue encore cet Aïd

Il était attendu qu »en l’absence de transparence visant surtout à situer les responsabilités après l’affaire de la viande bleue apparue lors de l’Aïd de l’année dernière, il n’était pas écarté que le phénomène puisse réapparaître.
Plusieurs cas ont été rapportés ici et là à travers plusieurs wilayas. Des dizaines de citoyens ont été confrontés au même phénomène dès le premier jour, soit au soir du vendredi. A Alger, Constantine ou encore à Souk Ahras, des cas ont été relevés et rapportés par certains canaux médiatiques.
De même que l’année écoulée, ces citoyens se sont plaints des odeurs répugnantes dégagées par les cadavres de leurs moutons dont la couleur était pour certains, et dès le premier jour, devenue bleuâtre.
A Alger, des cas ont été observés même dans certains abattoirs, où nombreux sont les chefs de famille, peu enclins à s’escrimer en pareille circonstance, à opter pour ces lieux afin d’accomplir le rituel religieux.
Les vétérinaires chargés d’assurer la garde dans ces espaces ont, dans de nombreux cas, refusé de « libérer « les carcasses douteuses, a-t-on appris de source proche des services agricoles de la capitale.
Plusieurs pères de famille n’ont pas manqué de se rapprocher de leur revendeurs (quand ils les connaissaient) pour les mettre face à leur responsabilité. « Je refuse de supporter seul les conséquences de cette affaire « , nous a dit un habitant de Aïn Smara, à une dizaine de kilomètres de Constantine, dont le mouton a connu le phénomène.
« Je vais aller voir le fermier qui m’a vendu le mouton ; j’ai besoin qu’il me donne des explications, et je veux qu’il me rende mon argent ; à défaut je vais déposer plainte « , nous a-t-il dit d’un ton grave. Trois frères habitant la région de Zouaghi, à l’autre bout du territoire de la capitale de l’Est, ont, malheureusement, dû supporter la même épreuve. Ils avaient sacrifié trois moutons, avons-nous appris.
Ce phénomène semble avoir son origine dans la mise sur le marché de toutes sortes de produits engraissants en l’absence de contrôles rigoureux des services agricoles ou encore de ceux du département commercial.
Des produits destinés à engraisser en un temps record les bêtes pour les céder à prix fort. Même si l’année dernière des rumeurs avaient pointé du doigt des lots de vaccins ou le délai de vaccination, certains n’ont pas hésité à mettre au ban des accusés une hormonothérapie peu contrôlée, et certains avaient même cru qu’il s’agissait d’un phénomène lié au climat.
Quelles qu’en soient les causes, on est en droit de s’interroger sur les capacités des responsables du secteur à contrôler le marché aux bestiaux, notamment par la mise en place d’une véritable stratégie visant à établir une traçabilité des cheptels mis en vente en pareille circonstance.
Abdeslem Chelghoum, lorsqu’il était ministre de l’Agriculture, avait révélé lors d’une sortie médiatique en marge d’une visite effectuée au mois d’octobre de l’année dernière à Constantine, soit un peu plus d’un mois après les faits, que les analyses effectuées par des services vétérinaires appartenant à son département, en collaboration avec ceux de la Gendarmerie nationale, avaient confirmé l’utilisation par certains éleveurs de compléments alimentaires « douteux « .
Un surdosage de ces produits administrés aux ovins quelques jours avant la fête du sacrifice était, selon ses déclarations, à l’origine de la putréfaction de la viande dont la couleur avait, comme celle apparue ces jours-ci, dans de nombreux cas, viré vers le bleu avec en sus le dégagement d’odeurs à la limite du supportable, à en croire ceux qui avaient été confrontés au problème.
Des déclarations venues, notons-le, plus d’un mois après l’apparition du phénomène et qui avaient pour but de rassurer les ménages quant à la consommation « sans risque « pour la santé humaine de la viande, avait contre toute attente tenu alors à rassurer le ministre. Mais un mois plus tôt, nombreux étaient ceux parmi les ménages touchés qui avaient pris la décision de mettre à la poubelle la carcasse de leur mouton.
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