La Sbeiba, une passerelle entre deux ksour
La grande esplanade de la ville de Djanet, où se déroule chaque année la fête locale Sbeiba, a constitué, ce dimanche 1er octobre, depuis les premières heures de la journée, le point de convergence des nombreux visiteurs et participants représentant les deux ksour voisins et rivaux d’EL Mihane et de Zelouaz.
Parés dans leurs plus beaux costumes traditionnels, des hommes et des femmes arborent pour les uns des épées et pour les autres des instruments de musique traditionnelle, dont le ganga, une des pièces importantes pour donner la cadence.
Pour Hassani Cheikh, un notable du ksar d’El Mihane, la fête locale de Sbeiba constitue un grand évènement, eu égard à l’importance qu’elle revêt chez les populations du Tassili N’Ajjer en général, et celle de Djanet en particulier, rapporte l’Agence presse service d’Algérie.
Cette fête se déroule dans le contexte de l’Achoura (10e jour de moharrem, premier mois du calendrier hégirien), journée religieuse plus connue localement sous le nom de tilliline, elle offre un espace de rencontre entre les habitants des deux ksour à la placette Doughia, qui sépare le Sud de Djanet-ksar de Zelouaz et son flanc Nord, celui d’El Mihane.
Les esplanades jouxtant les deux ksour concernés par cette fête ont enregistré depuis le début du mois hégirien de moharrem d’intenses préparatifs pour ce grand jour tilliline, en plus de la mobilisation de divers moyens et instruments comme takembout et ganga, avec pour les participants une volonté ardente de s’imposer le jour J, selon Cheikh Hassani. Sbeiba donne lieu à deux phases de concurrence entre les habitants de Zelouaz et d’El Mihane.
La première, durant la matinée, est dédiée au rituel défilé des costumes traditionnels de l’homme targui, sous des chants et des poésies d’amour, de diatribe et de panégyrique, cadencés au rythme de la ganga. Cheikh Hassani a précisé que la seconde période, l’après-midi, constitue le fait saillant de la Sbeiba, car elle donne lieu, après la prière d’el asr, à une exhibition avec des épées, formant un cercle, Aghay n’watay (bouclage de l’an), annonçant la clôture de cette fête pour céder place à la remise symbolique du prix du vainqueur de cette édition.
Cette fête, classée patrimoine universel en 2014 par l’UNESCO, incarne une importante signification dans le resserrement des rangs de la société, elle constitue un lieu de rencontre et de communication pour les populations de la région et de zones limitrophes.
De son côté, le président de l’association Sidi Amer de Sidi Bel Abbes s’est félicité de sa participation, en compagnie d’un groupe d’amis, pour la première fois à cette manifestation culturelle qu’il a qualifié « d’important évènement culturel national, valorisant le riche répertoire patrimonial de la culture et du tourisme algérien, à travers la connaissance de près de cette fête annuelle ».
Il a invité les Algériens à se rapprocher et assister de ces traditions pour donner un nouveau souffle au tourisme intérieur, notamment à la faveur des mesures incitatives préconisées par le secteur du tourisme et de l’artisanat.