La Russie suspend sa participation à l’accord New Start sur le désarmement nucléaire
Les deux chambres du Parlement russe ont acté mercredi la suspension du traité de désarmement nucléaire New Start, une décision annoncée la veille par le président Vladimir Poutine et dénoncée à l’unisson par les puissances occidentales.
Les députés de la Douma, la chambre basse, ont d’abord approuvé à l’unanimité la suspension avant d’être suivis quelques heures plus tard par les sénateurs de la chambre haute, le Conseil de la Fédération, ont rapporté les agences de presse russes.
Le ministère russe des Affaires étrangères avait toutefois précisé mardi que Moscou continuerait de respecter la limitation de son arsenal nucléaire malgré la suspension de New Start, jusqu’à la fin effective du traité le 5 février 2026.
La Russie a aussi affirmé qu’elle pourrait revenir sur cette suspension si Washington, qu’elle accuse de multiples violations, faisait preuve de « bonne foi » en vue d’une « désescalade globale ». Signé en 2010, le traité New Start est le dernier accord bilatéral de désarmement nucléaire liant Russes et Américains.
Le président russe a accusé mardi l’Occident d’utiliser le conflit en Ukraine pour « en finir » avec la Russie, dans un discours annuel à la nation, estimant que les Occidentaux portaient « la responsabilité » de l’escalade.
Vladimir Poutine a par ailleurs annoncé la suspension de la participation de Moscou à l’accord New Start sur le désarmement nucléaire.
« Les élites de l’Occident ne cachent pas leur objectif : infliger une défaite stratégique à la Russie, c’est-à-dire en finir avec nous une bonne fois pour toutes », a-t-il martelé, dans cette allocution qui intervient trois jours avant le premier anniversaire de l’offensive russe.
« La responsabilité de l’escalade dans le conflit ukrainien et ses victimes (…) repose totalement sur les élites occidentales », a souligné le président russe, rappelant l’objectif de l’Occident de soutenir les forces néonazies en Ukraine pour y consolider un Etat antirusse.
Face à l’élite politique du pays et des militaires ayant combattu en Ukraine, il a aussi remercié « tout le peuple russe pour son courage et sa détermination », et mis en garde « ceux qui on choisi de trahir la Russie ».
Ils « doivent être tenus responsables devant la loi », a-t-il déclaré avant d’assurer qu’il ne s’agissait pas pour autant d’une « chasse aux sorcières ».
Vladimir Poutine a en outre appelé les autorités russes à se tenir « prêtes pour des tests d’armes nucléaires » si Washington en réalise en premier.
Evoquant les sanctions internationales qui frappent la Russie, Vladimir Poutine a estimé que les Occidentaux « ne sont arrivés à rien et n’arriveront à rien », alors que l’économie russe a résisté mieux qu’anticipé par les experts.
« Nous avons assuré la stabilité de la situation économique, protégé les citoyens », a-t-il noté, estimant que l’Occident avait échoué à « déstabiliser notre société ».
Selon lui, la baisse du PIB en 2022 de seulement 2,1% est un succès. Il a aussi assuré que l’inflation allait bientôt se stabiliser près de son objectif de 4% annuelle.
Le fonds monétaire internationale (FMI) avait annoncé qu’en 2024, la croissance économique de la Russie devrait dépasser celle de la zone euro.
Selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI), publié le 31 janvier, la Russie est certes tombée en récession l’an dernier mais la baisse de PIB est relativement modeste (-2,2%), loin des prévisions du FMI réalisées au printemps 2022 qui anticipaient une chute de 8,5 % du PIB russe en 2022.
Surtout, l’économie russe ne devrait pas tomber plus bas et repartir à la hausse avec une petite progression de 0,3% en 2023 (soit légèrement en-dessous des perspectives de croissance pour la zone euro établies à +0,7% en 2023) puis d’une hausse de 2,3% en 2024. Une croissance qui serait alors meilleure que celle de la zone euro qui remontera seulement de 1,6% d’après le FMI.
S’adressant aux hommes d’affaires russes, le président russe les a donc appelés au patriotisme économique : « Les sources de bien-être, de l’avenir doivent être ici, dans le pays natal, la Russie ». « Investissez en Russie », a-t-il dit, « l’Etat et la société vous soutiendront ».
Vladimir Poutine a de nouveau présenté l’Occident comme décadent, rappelant que la pédophilie y était devenue une norme.
« Regardez ce qu’ils font avec leurs propres peuples : la destruction des familles, des identités culturelles et nationales, la perversion et la maltraitance des enfants jusqu’à la pédophilie, sont déclarées comme étant la norme (…). Et les prêtres sont obligés de bénir les mariages entre homosexuels », a-t-il lancé dans son allocution.