La rose de sable, beaucoup reste à faire – Le Jeune Indépendant
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Nationale

La rose de sable, beaucoup reste à faire

La rose de sable, beaucoup reste à faire

El-Ménia, cette nouvelle wilaya déléguée distante de 270 km du chef-lieu, Ghardaïa, est une oasis de couleurs. Du lever au coucher du soleil, c’est une débauche de lumière et une orgie de couleurs avec, pourtant, une dominante rose, née du patient et millénaire commerce de l’argile et du temps.

Tapie sous le vert échevelé de l’immense palmeraie, la cité de Toub rosée s’enroule autour des ruelles de sable. Les séguias courent à l’intérieur des jardins en désordre, apportant, avec le doux bruit de leur passage, la vie à chaque morceau de terre.

Derrière les murets de la djenina, il n’y a pas que les palmiers et le verger, mais très souvent la maison où l’on habite. Un vrai petit bout de paradis que ces djeninates, où fleurent bon le yasmine et le rihane aux fleurs bleues et mauves.

Là, poussent sans restriction tomate, poivron, salade, citron, orange, menthe, luzerne et surtout les belles fleurs qui, vendues à une certaine époque en France, rapportaient plus que n’importe quel autre produit du jardin.

En effet, à défaut d’orge, dont la pénurie se fait parfois sentir, de grands agriculteurs se sont rabattus sur le maïs, qui est désormais produit en grande quantité. A El-Ménia, 60% de la population, qui est d’origine nomade, possèdent une douzaine de têtes (chèvres ou moutons).

El-Ménia est une oasis bénie d’Allah le Tout-Puissant. L’eau coule à profusion, partout où l’on creuse. Elle jaillit comme l’eau zemzem. Une eau très douce riche en calcium, en potassium et en sodium.

Ainsi, une unité des eaux « Ménia « s’est installée à l’orée de la ville. Avec une production de près de 18 000 bouteilles/jour, l’unité n’arrive toujours pas à honorer tous ses engagements et à répondre à tous les besoins exprimés dans la région. Il est vrai qu’en été, la production diminue notablement. A cause des grandes chaleurs, une partie des machines doivent être arrêtées.

L’entreprise « M’Niàa « compte aujourd’hui près de 40 employés. Sur toute cette nouvelle wilaya déléguée, seulement deux autres établissements proposaient par le passé du travail : l’unité de wilaya agglo-béton et celle d’agrégat. En ce moment, le chef-lieu de cette wilaya déléguée est en train de se refaire une vraie pseudo-beauté en coopératives agricoles et en aménagements urbains.

On y installe de nouvelles routes, des trottoirs et surtout de nouveaux édifices, administratifs, sportifs, sociaux et culturels. Lors d’une belle émission radio consacrée spécialement à El-Ménia, jeudi dernier, nos deux chaînes de la Radio nationale, la Chaîne I, avec un staff de cinq journalistes, et la radio locale de Ghardaïa avec son directeur Mokhtar Bahnas, ont mis en relief ce bond en matière de développement que connaît El-Ménia ces derniers temps.

Le travail ne court pas les rues

Pour les deux communes El-Ménia et Hassi El-Gara qui, ensemble, comptabilisent environ 45 000 habitants, le travail ne court pas les rues. Les jeunes en savent quelque chose, eux qui passent leur temps à regarder tomber les dattes.

Il y a un centre culturel, mais la majorité des jeunes préfèrent s’établir devant un foyer de thé. A Hassi El-Gara, même topo qu’à El-Ménia, sauf qu’il existe une bibliothèque à moitié vide : peu de livres ! On oublie souvent de la pourvoir tout simplement.

Cet édifice accueille sous son toit de collégiens et des lycéens de la commune. Côté sport, ce n’est pas la vie en rose ! Un seul stade dans toute cette nouvelle wilaya. Pour le moment, beaucoup de jeunes s’entraînent sur des terrains vagues pompeusement appelés aires de jeux.

« Côté loisirs, notre région a été complètement négligée. On est vraiment lésés », confie Mohamed, jeune cadre dynamique à la direction de la jeunesse et des sports et secrétaire au sein du conseil communal des sports.

Après ses études à Alger, il est retourné à ses pénates. « Quoi qu’on dise, les jeunes du Sud ne bénéficient pas du tout des mêmes conditions que ceux du Nord. Ici, pas de stade olympique, pas de cinéma, ni de salle Ibn Khaldoun.

A travers le sport, on aimerait éduquer toute une génération de jeunes. Ainsi, nous aurons beaucoup d’autres Brahimi au sein de notre équipe nationale de football. Mais là où le bât blesse, c’est sur le nerf de la guerre : l’argent.

Que faire avec un budget dérisoire alloué par la direction de la jeunesse et des sports, tous sports compris. Ghardaïa, la ville la plus proche, est à 270 km. Lorsqu’une association sportive doit se déplacer pour un match, le transport se fait par taxi. A 300 DA la place, la note d’équipe est plutôt salée.

Vu le problème de transport et le coût d’un seul ballon de football, les quelques dinars octroyés par la direction de la jeunesse et des sports ne font pas long feu. « Pourtant, ajoute Mohamed, El-Ménia est l’une des régions du pays où la richesse humaine en matière de gabarit existe bel et bien.

On a des minimes de 1,80 m et de virtuoses sportifs, à l’image de Yacine Brahimi. Quand ils arrivent à se déplacer quelque part, les jeunes d’El-Ménia ramènent toujours une médaille.

Le Sud, que l’on ne connaît que pour son pétrole, a pourtant bien d’autres trésors, dont le plus important reste l’homme. Si les prospecteurs sportifs voulaient seulement se donner la peine d’aller voir, ils y trouveraient, qui sait, une pépinière de futurs petits champions d’athlétisme.

Si El-Ménia est la ville d’eau par excellence, il n’empêche que celle-ci, dans la maison, est rationnée par endroits. Pour une raison bien simple, nous expliqueront certains citoyens, « les gens utilisent l’eau du robinet pour irriguer les jardins ».

Pas de compteurs d’eau

Il convient de noter également que dans certaines artères il n’y a pas encore de compteurs d’eau. Mais la raison véritable de ce rationnement, c’est, encore une fois, le retard accusé dans le secteur de l’approvisionnement.

A Hassi El-Gara, des travaux auraient été entamés dernièrement pour deux forages qui demeurent inexploités à ce jour faute d’alimentation en électricité. Dès le printemps prochain, toutes les maisons devraient être alimentées en eau.

L’oasis verte et rose court un autre danger, nous dit-on. Celui, hideux, de la pollution. La population n’a cessé de croître mais il reste le système des puits perdus et fosses septiques dans plusieurs habitations, d’où les problèmes d’évacuation des eaux usées et autres déjections.

A quelques minutes de distance, le lac fait miroiter ses belles eaux sous l’envol des canards sauvages et autres volatiles blancs. Ce chott, où il n’y a pas si longtemps on venait s’y promener en barque, est constitué par la remontée des eaux de surface de la nappe phréatique. Ce lac a été transféré en 1988 vers la Sebkha.

Mais il reste toujours un exutoire à ciel ouvert. La commune de Hassi El-Gara est tenue de trouver une solution quant à une meilleure prise en charge de ce lac à des fins touristiques, tout en lui assurant un meilleur entretien, sinon, dans quelques années, l’équilibre écologique d’El-Ménia risquerait d’en pâtir dangereusement.

L’assainissement est donc un point noir pour l’avenir d’El-Ménia. Son présent n’est guère brillant. Le centre-ville est relativement propre, c’est un fait. Mais dès que l’on emprunte les ruelles de la cité de Toub, les dépôts d’ordures se suivent mais ne se ressemblent pas.

Dommage, la ville mérite mieux. Quand on pense que la commune a reçu par le passé le premier prix de la propreté de la wilaya de Ghardaïa. Les messieurs de la commission de propreté n’ont pas dû quitter les trottoirs du centre-ville.

Les vieux quartiers mériteraient un peu plus d’intérêt. Jusqu’à preuve du contraire, ils font partie de la commune, et ce même s’ils sont beaucoup plus tournés du côté du Vieux Ksar. Le Vieux Ksar, situé sur l’une de ces hautes buttes d’argile appelée Gara, a été construit, paraît-il, par une reine, Zénète, Barka Bent El-Khass, entre le IXe et le Xe siècle.

Du haut du Vieux Ksar, les dunes, puis la large bande verte des palmiers qui enserrent la Kouba d’un blanc éclatant. Ici, on attend depuis trop longtemps que l’on veuille bien s’intéresser au sort de ce Vieux Ksar, classé monument historique depuis juillet 1987.

Il reste la procédure à entamer pour la préservation du site, comme ériger une clôture murale ou assurer un gardiennage pour empêcher les enfants de venir y jouer et de détériorer ce qui reste encore debout.

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