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Nationale

La RATP, la Setram et … la SNTF

La RATP, la Setram et … la SNTF

Annoncée par la quasi-totalité des médias, tant l’info avait son pesant d’or pour nombre de citoyens empruntant la voie ferrée pour leurs besognes de tous les jours, la privatisation de la SNTF n’est finalement pas du tout à l’ordre du jour du département des Transports.

Le ministre lui-même vient de démentir toutes les annonces colportées ici et là et qui lui ont attribué des propos qu’il aurait tenus à ce sujet. En raison de la place « stratégique » qu’occupe la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF), Boudjemaa Talaï a donc cru utile d’apporter des précisions via un communiqué diffusé en fin de semaine.

Il est prévu d’ouvrir éventuellement le capital de l’entreprise à des partenaires nationaux ou étrangers et une probable cession managériale du trafic ou encore de l’entretien du réseau à de futurs partenaires, mais ce qui semble être tranché c’est que tout le groupe restera sous la coupe de l’Etat, lequel demeurera l’unique propriétaire de la société.

« L’Epic-SNTF sera transformée en groupe public qui restera la propriété intégrale de l’Etat et qui ne fera jamais l’objet d’une quelconque privatisation, compte tenu du fait qu’il représente un secteur stratégique au même titre que l’éducation, la santé, etc. », est-il précisé sur le document. Un message on ne peut plus clair quant à la très probable cession de l’exploitation et de la maintenance de cet important moyen de transport à de futures partenaires de la société et qui seront probablement intégrés dans le groupe public.

En tout état de cause, l’expérience du partenariat noué depuis une dizaine d’années avec l’entreprise française RATP, et qui semble avoir largement contribué à révolutionner le transport en commun dans les trois grandes villes du pays n’a, semble-t-il, pas du tout laissé indifférents les pouvoirs publics.

Bien que le ministre ait rappelé dans « sa précision » que le domaine ferroviaire et du transport de voyageurs est subventionné par l’Etat, il n’a toutefois pas précisé s’il le restera encore ou s’il sera fait appel à des sociétés mixtes, à l’image de celle ayant hérité de la gestion du métro de la capitale et de l’exploitation et de la maintenance des tramways d’Alger, d’Oran et de Constantine dont l’expérience du partenaire français, la RATP, a été d’un apport inestimable

En effet, la société d’exploitation des tramways, la Setram, société de droit algérien née d’un accord entre l’Etablissement de transport urbain et suburbain d’Alger (ETUSA), l’Entreprise du métro d’Alger (EMA) et le groupe français RATP a permis jusque-là aux citoyens d’Alger, d’Oran et de Constantine de jouir d’un moyen de transport de haute qualité où sécurité, confort, régularité et propreté ont été, et jusqu’à ce jour, maîtres à bord, et ce n’est certainement pas les milliers d’usagers de ces moyens de transport qui viendront contredire ces vérités.

De 30 millions, le nombre de passagers passera à 80 millions en 2020

De l’autre côté, très rares sont les voyageurs de la SNTF qui daigneront plaider en faveur de l’entreprise publique, tant nombreux sont ceux ayant vécu presque le martyre le temps d’un petit trajet entre Constantine et Skikda ou encore ceux plus longs, à l’image du train reliant les deux plus grandes villes du pays, où la récente histoire d’une femme ayant opté pour un ticket en première classe Alger-Oran a été évacuée d’urgence vers l’hôpital de Relizane à la suite d’un malaise en raison d’une panne de la climatisation et des odeurs nauséabondes. 

Cela sans citer la saleté dans les wagons ou pire encore des sièges, et surtout le mauvais service de la sandwicherie du train où il faut des fois dépenser le double du montant du ticket de transport pour pouvoir s’offrir un repas de misère.

Il va aussi sans dire que si l’annonce fait référence à une nécessité de revoir de fond en comble la gestion, notamment celle relative au transport des voyageurs, qualifiée jusque-là de catastrophique à tous points de vue, les utilisateurs, nombreux faut-il le préciser, devront prévoir un budget supplémentaire. Il serait en effet logique que les futures partenaires de la société tentent de tirer davantage profit d’autant qu’il est annoncé la création de pas moins de 3 000 emplois, ce qui suggère une masse salariale plus importante.

D’aucuns reconnaissent aussi qu’au cours de cette décennie, bien après l’acquisition du nouveau matériel roulant, hormis les quelques premières semaines de mise sur voie des nouveaux wagons où un semblant de rigueur du personnel avait pris le dessus sur les mauvaises manières, le naturel est vite revenu au galop et le mauvais service offert a aussitôt repris ses droits, au grand dam des millions de voyageurs impuissants, auxquels ont répond souvent d’aller se plaindre à la direction.

Toujours est-il que l’objectif louable projeté par la tutelle vise à rentabiliser l’entreprise, qui semble avoir à ce jour un peu trop puiser dans les caisses de l’Etat, sans avoir vraiment pu réussir le passage à une entité à caractère industrielle et commerciale d’où son nom. L’Epic devra, d’ici l’horizon 2020, réussir un passage vers un groupe public avec un accompagnement par des experts nationaux ou étrangers.
La forme d’organisation projetée pour la SNTF permettra de « créer de la richesse et donc de la croissance et de la pérennité, sans émarger au budget de l’Etat », est-il d’ailleurs expliqué dans le même communiqué.

Le réseau devrait passer à moyen terme de 4.000 km actuellement à 12.500 km, tandis que le transport des marchandises passera de 4,5 millions de tonnes par an actuellement à 30 millions à l’horizon 2020.
Il est aussi prévu que le nombre de passagers transportés passera de 32 millions par an actuellement à 80 millions par an à la même échéance, autant de défis que l’entreprise avec est en effet loin de pouvoir relever.

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