La priorité à l’article 51

Pour couper court et d’une manière définitive à une vive polémique qui s’installe et enfle de jour en jour, le gouvernement a décidé de programmer en urgence la loi sur les binationaux dans l’article 51 de la Constitution.
Le gouvernement compte présenter en priorité dans les jours à venir au Parlement (APN et Sénat), un projet de loi qui déterminera la liste des hautes fonctions de l’Etat. L’information a été rapportée par le Dr Djamel Ould Abbès, sénateur FLN et président de la commission paritaire du Parlement, qui a annoncé que la première loi qui sera promulguée consécutive à l’adoption de la nouvelle Constitution est relative à l’article 51 consacré aux binationaux.
Hier encore le Premier ministre, Abdelmalek Sellal fut contraint de revenir à la charge à Doha, où il était en visite officielle, pour calmer les ardeurs des uns et la colère des autres.
« La question (l’article 51) ne pose aucun problème dans la mesure où seules certaines hautes responsabilités sensibles sont concernées comme c’est le cas dans tous les pays » a-t-il dit. Cette question ne devrait « susciter aucune polémique en ce sens qu’il ne s’agit que de certaines hautes fonctions de l’Etat » a-t-il encore souligné.
Or le FLN ne voit pas la question sous cet angle et continue de faire le forcing pour amener les hautes autorités à reconsidérer cet article.
En effet, le FLN « promet » de relancer le débat prochainement et « d’y peser efficacement », grâce à la majorité dont le parti dispose dans les deux chambres a affirmé hier Saddek Bouguetaya, membre du bureau politique et chargé de l’organique, dans une déclaration à la Chaîne de télévision d’expression arabe « France 24 », diffusée lundi soir.
Il a indiqué que son parti « saura être à la hauteur » des attentes de la communauté algérienne établie à l’étranger lors des discussions prochaines de cette loi à l’APN.
Le SG du FLN Amar Saâdani, qui a ouvert le feu sur le directeur de cabinet de la présidence de la République Ahmed Ouyahia, l’accusant d’être à l’origine de l’inscription de cet article dans l’avant-projet, n’a pas vraiment baissé les bras. On s’attend à une forte réaction du parti majoritaire lors du débat général sur la question au Parlement. Amar Saâdani a même remis en cause l’article 51, le considérant comme « anticonstitutionnel ».
En effet, beaucoup se demandent pourquoi l’accès aux hautes responsabilités de l’État et aux fonctions politiques devrait-il être réservé aux personnes n’ayant que la nationalité algérienne exclusive ? Telle que posée, la question mérite une explication.
Si l’accès est refusé pour certains postes sensibles de l’Etat, il ne l’est pas pour beaucoup d’autres. A titre d’exemple, comment peut-on imaginer un seul instant une personne, possédant deux nationalités à la fois briguer le poste de président de la République, de patron des services de renseignement, de gouverneur de la Banque centrale, de directeur général de la Sûreté nationale ou de Président de la cour suprême ?
A moins qu’il renie sa deuxième nationalité. C’est le début d’un chemin parlementaire qui s’annonce tortueux pour cette loi qui sera présentée par le gouvernement Sellal.
A l’approche des débats à l’Assemblée nationale sur ce projet de loi, les grandes manœuvres vont commencer, le gouvernement cherchant l’apaisement face à la pression de députés du FLN qui vont faire feu de tout bois pour contraindre l’Exécutif à reculer ou à défaut, amorcer un revirement…
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