La plateforme « Lawhati », nouvelle opportunité pour les artistes algériens
Initié par un groupe d’artistes sous l’égide du ministère de la Culture et des Arts, un marché d’arts virtuel a vu le jour à la mi-avril sur la toile. Objectif, permettre aux artistes du pays d’écouler leur produits. Chapeauté par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel, Aarc, La plateforme intitulée « Lawhati » (mon tableau) ambitionne à révolutionner le marché de l’art qui jusqu’à un passé récent a bien peiné dans sa conquête à s’imposer comme facteur de croissance économique. Le projet fait partie du chantier de réforme du marché des arts lancé par le ministère de la Culture des Arts dans le cadre de la réforme du secteur de la culture.
Et, c’est à l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel « Aarc », opérateur culturel, rebaptisé en 2008, entreprise économique publique qu’est revenue la mise en place, la gestion et le suivi du projet.
Œuvrant pour la promotion et le soutien à des projets artistiques individuel ou associatifs, l’Aarc bien rodé surtout au marché de l’art pour avoir eu à accompagner des dizaines voir des centaines d’exposants algérien et étrangers dans leur quête à trouver preneur localement à leurs œuvres semble plutôt bien parti pour une expérience unique et d’aucuns qualifient d’ores et déjà de très prometteuse.
La plate-forme Lawhati suscite en effet un engouement qui fera dire au chargé du projet, M. Houssem Harzellah, chef du département communication et échanges culturels à l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel, que pour un début son équipe est plutôt satisfaite. Le collectif essentiellement jeune tout en s’inspirant de ce qui se fait ailleurs essaye d’innover et surtout s’applique à offrir un produit de qualité que ce soit dans la forme (design et aspect esthétique) et dans le fond (contenu).
« Nous ne sommes qu’au début, il est encore trop tôt pour parler d’engouement mais compte tenu du nombre de clics enregistré, le projet est à mon sens en bonne voie. Nous nous attelons à remédier aux quelques imperfections constatées et à corriger les erreurs techniques notamment », dira –t-il. Même si l’objectif premier du projet « Lawhati » reste la création d’une dynamique nationale autour des arts, il est tout aussi permis que le secteur puisse s’orienter vers d’autres horizons, à l’international.
En 2021, année difficile pour l’économie mondiale, le marché de l’art algérien en 2021 a dû ainsi se plier aux règles imposées par la covid-19. Bien que peu actif en temps de paix -sanitaire s’entend-, ce marché contraint de se virtualiser pour espérer maintenir une relative fluidité des œuvres artistiques qui souvent, localement peinent à trouver preneur, La mise en place d’un mécanisme de marketing tel que « Lawhati » peut ainsi booster une croissance à même de permettre aux artistes de sortir de leur isolement.
De l’avis d’acteurs du secteur, le marché de l’art en Algérie est à repenser. L’ouverture à l’international est pour ainsi dire devenue une nécessité. Si quelques artistes profitant de largesses aux frontières arrivent à écouler leurs produits ailleurs, ce qui leur permet le luxe de « coter » leurs œuvres, ce n’est pas le cas de toute la corporation artistiques, Certains chefs-d’œuvre sous-estimés, finissent malheureusement suspendus à des murs à l’ombre des regards des véritables initiés.
Les réseaux qui se sont tissés depuis au moins une dizaine d’années sur le net font que le secteur affiche une croissance très intéressante. Le site de l’assureur Hiscox cite le chiffre de 4,82 milliards de dollars le chiffre d’affaires réalisé par le secteur en ligne et par les différentes plateformes versées dans la vente des œuvres d’art. Bien que la pandémie de la covid -19 ayant freiné en 2020 la courbe ascendante enregistrée depuis 2013, les spécialistes projettent pour l’année 2021 une nouvelle tendance à la hausse.
En effet, selon l’organisme assureur, en moins de six ans le marché des œuvres d’art a presque triplé passant de 1.5 milliards de dollars en 2013 à plus de 4.8 milliards de dollars en 2019. Des augmentations de plus de 25% sont enregistrées presque chaque année.
Les spécialistes s’attendent aussi à ce que l’année 2021 le chiffre frôle les 6 milliards de dollars en raison notamment des restrictions imposées par la covid-19.
Plusieurs plateformes ont fini par s’imposer comme alternative aux fermetures imposées pour les galeries physiques, dont la majorité si ce n’est totalité a été contraintes à confiner leurs tableaux et autres sculptures loin des regards en présentiel des visiteurs. Ce qui d’ailleurs explique le rush virtuel sur l’alternative offerte par la toile via les sites et plateformes de vente. Aussi, nombre de responsables de galeries plutôt satisfaits des rendements enregistrés sur le marché virtuel ont même annoncé qu’ils songent déjà à mettre sous le paillasson les clés de leurs galeries physiques.
Idem, localement, « Lawhati » est appelé à révolutionner le marché de l’art plastique mais aussi de la sculpture, de la photo et même de la calligraphie. Des centaines voire des milliers de toiles et autres œuvres d’arts qui peinent à trouver acheteur en raison notamment du manque d’opportunités d’exposition, pourraient via « Lawhati » finir suspendu chez un initié.