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Nationale

La nouvelle fronde de Hanoune

La nouvelle fronde de Hanoune

Qu’est ce qui a bien changé de fondamental pour que Louisa Hanoune fustige les soutiens les plus proches du président Bouteflika ? La question continue de faire le tour des rédactions, alimentant pratiquement les discussions de salons dans les milieux politiques.

Une interrogation qui pourrait bien être une des réponses à la crise de « confiance » qui est en train de se jouer au sommet de l’Etat, selon les analyses de beaucoup d’observateurs. Car, au-delà des critiques à l’endroit du patron du Forum des chefs d’entreprise, le puissant patronat national, Louisa Hanoune, la secrétaire général du Parti des travailleurs, avait bien ciblé ses attaques, interpellant directement le frère du président, Saïd Bouteflika, pour « sa responsabilité morale et politique ».

Sans jamais jeter l’anathème sur le chef du FLN Saâdani, qui a qualifié son parti de petit, d’antidémocratique et d’anticonstitutionnel, Hanoune a décidé de clarifier ses positions dans une récente interview à un média national, expliquant que le pays vit « une situation à l’ukrainienne, à la russe, c’est-à-dire qu’une oligarchie émerge, composée de personnes qui accaparent des pans entiers de l’économie nationale avec l’ambition de faire main basse sur toute l’économie et qui cherchent à s’approprier les centres de décision politique à tous les niveaux ».

L’analyse n’est pas nouvelle de la part d’un chef de parti politique qui défend des thèses proches de la doctrine trotskyste et dont la propagande politique reste entièrement dominée par des idées socialistes.

Une analyse déjà partagée par bon nombre d’observateurs, mais aussi par des intellectuels, des universitaires et des chercheurs qui ont bien prouvé cette nouvelle proximité entre le monde de l’argent et le monde politique, notamment dans leurs rapports avec les sphères de décisions stratégiques concernant l’avenir d’un pays ou d’un Etat.

Bien plus grave que cela, Hanoune pousse plus loin le bouchon en se laissant aller à de nouvelles accusations qui devraient en principe faire réagir tout le monde politique.

Hanoune dit qu’elle dispose de « documents » prouvant ses propos, accusant directement des ministres du gouvernement Sellal de donner des « contrats de gré à gré » à des entrepreneurs. « Tout le monde sait que des ministres octroient des marchés de gré à gré. Jusque-là, nous n’avons rien dit. Mais lorsque ce monsieur (le chef du FCE, Ali Hadad) a commencé à rencontrer des ministres et à leur donner des instructions, nous avons dit basta ! ».

Aucune réaction officielle

Des accusations qui devraient, en principe faire réagir, non plus cette fois Amar Saâdani, patron du FLN, comme il l’a fait lors d’un meeting à Annaba, mais surtout le gouvernement du Premier ministre, d’autant que les propos concernent directement des hommes faisant partie du cabinet exécutif de Sellal. Or, si maintenant des ministres roulent pour une oligarchie, ( Hanoune dit disposer de documents compromettants), et que ce gouvernement reste muet sur de telles accusations, le débat politique risque de prendre de nouvelles tournures dont personne ne connaît l’issue. Un débat qui dépasserait tout ce qui se passe maintenant, comme les manifs sur le gaz de schiste ou les grèves des syndicats du secteur de l’éducation, voire bien le débat sur la révision de la Constitution.

On se souvient bien des polémiques lancées par Saïd Sadi sur le passé révolutionnaire de chefs politiques algériens, comme Ahmed Benbella et Messali Hadj, alors que la scène nationale vivait un débat dense et riche sur l’éventualité de la tenue d’une conférence nationale sur le consensus et que des consultations étaient engagées par l’opposition pour accélérer le processus de ses revendications. Tout le monde avait pensé que ces propos de Sadi étaient orientés vers un objectif de « détournement politique et de parasitage médiatique ».

On se souvient que même le parquet avait décidé d’ouvrir le dossier et de se constituer partie civile. Pour le cas de Hanoune, rien de tout cela. C’est le silence total, même si certains pensent que la conjoncture ne s’y prête guère, en raison de l’implication de l’Algérie dans les négociations entre des forces politiques maliennes, ainsi qu’entre des parties politiques libyennes.

D’ailleurs, le président Bouteflika a rebondi sur cette « histoire » à l’occasion de la lecture de son message du 8 mars et des festivités commémorant les droits de la femme, expliquant que la situation internationale et les périls qui pèsent sur le pays ne plaident pas pour ce genre de contestations ou d’accusations, car l’unité de la Nation est en jeu ainsi que sa stabilité. Le message était assez clair pour tous les protagonistes, aussi bien pour Hanoune que pour Mokri, considéré comme le chef de file de la Coordination nationale des libertés et pour la transition démocratique (CNLTD).

Moralité : calmons le jeu, il ne vaut pas la chandelle, car le pire est bien plus grave que la fitna et les menaces sécuritaires qui guettent notre stabilité et notre sécurité. D’ailleurs, même le message du 24 février comporte cette idée, celle qui dit que tout essor économique, tout développement n’est « possible » qu’avec l’instauration de la paix.

Mais la révolte d’un des soutiens de Bouteflika depuis une décennie est un signe qui ne trompe pas pour nos analystes, car il exprime, selon leurs assertions, l’état confus des rapports entre les différents clans et sphères qui gravitent autour du palais présidentiel ; et surtout les nouvelles batailles d’avant-garde qui se préparent. Car il semble bien qu’on se dirige vers une rupture ou qu’on cherche une décantation politique au sein des mouvances et des alliances qui jouent la solidarité avec le chef de l’Etat. Reste la question de savoir si Hanoune est seule démunie ou juste un sniper politique.



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