La moudjahida Annie Steiner visite son ancien lycée à Blida
Après avoir quitté le lycée Ibn Rochd en 1942, la moudjahida Annie Steiner a rendu visite, lundi passé, à son ancien l’établissement scolaire à Blida, qui lui rappelle tant et tant de souvenirs de son enfance et de son adolescence.
La moudjahida Annie Steiner a déposé une gerbe de fleurs à la mémoire des martyrs qui ont fréquenté ce même lycée pour répondre à l’appel du FLN et rejoindre les rangs de la glorieuse révolution algérienne.
Très émue, sans vouloir le montrer, la militante de la première heure a gardé tout en mémoire. Et lucide, elle nous expliqua dans une langue courante : « Il y a ceux qui montrent leur émotion. Il y en a même ceux qui pleurent. Moi je ne le montre pas. »
Lorsque nous lui demandons ce qu’elle ressent lorsqu’elle arpente les couloirs de ce lycée, elle enchaîna : « Vous savez fi el thawra, (pendant la guerre), on a tellement pris l’habitude de se taire. Il y avait ceux qui mourraient avant nous, on n’était pas grand-chose à côté, et c’est une habitude que nous avons prise.
Mais c’est très émouvant de tout revoir. C’est très émouvant quand je partais sur les allées. J’essayais de me rappeler comment c’était. Et puis c’est un lycée où nous avons eu d’excellents professeurs. C’est surtout à eux que je pense beaucoup. »
Et là elle évoque particulièrement le professeur d’arabe qui l’a marquée, elle jeune fille de 13 ou 14 ans « Les professeurs sont des gens qui nous marquent à vie. Nous avions un professeur dont vous avez peut-être entendu parler. Il s’agit du professeur Hadj Sadok, un professeur de langue arabe.
C’était était un professeur extraordinaire. J’avais pris l’arabe comme première langue. Et c’était El Fossha (classique) bien entendu ». Continuant son récit d’élève studieuse qui s’est engagée pour défendre une cause juste, et assumait son choix, la moudjahida Annie Steiner nous récita quelques vers de la célèbre poétesse El Khanssa. « J’ai appris cette poésie à l’âge de 13 ans » nous dit-elle.