La menace djihadiste était-elle déjà à nos portes ?
IL EST HONNÊTE de dire que n’importe quel pays peut être la cible, une cible sans aucune préférence pour les djihadistes. Faudrait-il attendre que l’irréparable se produise ? Face à la dangerosité du djihadisme et de l’islamisme radical, tous les pays sont donc devenus vulnérables.
De manière plus générale, tous les pays sahéliens sont sensibles (Burkina Faso, Sénégal, Mali, Niger, Tchad, Nigeria).
L’espace saharo-sahélien est aujourd’hui convoité par les djihadistes. Un espace qui concerne pas moins de treize pays (Sénégal, Burkina Faso, Mali, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Cap-Vert, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc et Mauritanie), près de 160 millions d’habitants et qui regorge de richesses (pétrole, gaz, uranium, or, fer, zinc,…). Mais c’est l’un des espaces les plus instables du monde avec notamment le terrorisme narco-djihadiste.
Des frontières longues et poreuses par lesquelles tout passe : les djihadistes et leurs convois de pick-up chargés d’armes lourdes, mais aussi les cigarettes, l’alcool de contrebande et la drogue. Et, bien évidemment, le bétail, les voitures, l’essence, les pneus, les matériaux de construction, l’électroménager. Même si le sud algérien est particulièrement bien surveillé, la menace est bien réelle. La situation géographique y est pour beaucoup. Les frontières entre les pays de la région maghrébo-sahélienne sont bien longues.
Que l’on en juge pour les seules frontières terrestres : Algérie-Mali : 1 300 km, Algérie- Tunisie : 900 km, Algérie-Libye : 980 km, Algérie-Maroc : 1 600 km. Les sites de production pétroliers et gaziers algériens ainsi que les routes qui y mènent sont soumis à un quadrillage minutieux, de jour comme de nuit, permettant de « détecter une fourmi ».
Des drones surveillent quotidiennement jour et nuit les frontières avec le Niger, le Mali, la Libye et la Mauritanie. Leur efficacité a permis au jour d’aujourd’hui de détecter tous les mouvements suspects. Le dispositif de surveillance installé a Tamanrasset, le CEMOC, commence à donner ses fruits.
Avec la Tunisie, l’Algérie a concl un accord de surveillance des frontières. On parle aussi d’encourager certaines initiatives récentes de coordination des efforts pour le contrôle des frontières avec d’autres pays limitrophes, comme celles qui ont cours entre la Tunisie et l’Algérie. Un débat, initié à Nouakchott les 6 et 7 novembre 2013 par le Centre maghrébin d’études stratégiques, sur le thème « Les effets pervers du terrorisme dans le Sahel sur la région du Maghreb », a assuré qu’AQMI a adopté la stratégie de se fondre dans la population.
Avec l’opération française Serval, la menace terroriste a été circonscrite dans les villes, mais elle s’est repliée dans les montagnes. Et aujourd’hui, les terroristes se déplacent dans un vaste territoire. Les djihadistes ne sont pas près de partir. Et pour cause ! L’argent gagné grâce aux rançons et la contrebande est bien trop intéressant.
Le groupe AQMI dirigé par Belmokhtar, dit le Borgne, aurait obtenu ces dernières années pas moins de 50 millions de dollars de rançons et plus de 100 millions dans divers trafics illicites. Autant dire qu’il y a péril en la demeure. Les multiples tentatives d’infiltrations constatées au niveau des frontières terrestres avec le Niger ou le Mali sont aujourd’hui une réalité.
Le renforcement du déploiement des troupes de l’ANP au sud du pays a heureusement permis la neutralisation de plusieurs groupes terroristes ces derniers jours. Mais jusqu’à quand faudrait- il encore subir les coups de boutoir de cette nébuleuse terroriste ? Un débat national incluant toute la classe politique sur cette question de la sécurité intérieure est tout indiqué pour arrêter une stratégie nationale contre le terrorisme international.