La manifestation ouverte au public jusqu’au 19 août : Ath Yenni célèbre la fête du bijou
C’est sous les sons de la gasba et du bendir, joués par une troupe de musique traditionnelle de Batna et accompagné par des salves de baroud, que s’est ouverte, jeudi dernier, la 17e édition de la fête du bijou d’Ath Yenni, en présence d’un public nombreux venu de plusieurs régions du pays et des autorités locales de la wilaya, à leur tête le wali Djilali Doumi.
Dès le début de la manifestation, une minute de silence a été observée à la mémoire des victimes des incendies meurtriers qu’a connus la région au cours de l’été 2021. La cérémonie d’ouverture a été aussi marquée, en sus de la magnifique performance de la chanteuse Tayakout, qui a interprété la chanson Amqyas (Bracelet), chanson célébrant l’ancrage ancestral et la beauté du bijou d’Ath Yenni, par l’hommage au défunt, le Dr Nadir Mohamed, jeune médecin natif de la localité, mort en martyr pendant la Révolution et dont le CHU de Tizi Ouzou porte le nom. Le trophée de l’étoile d’argent a été remis à des membres de sa famille.
« Le bijou d’Ath Yenni, vecteur du développement local » est le slogan choisi pour cette 17e édition. La manifestation se poursuivra jusqu’au 19 du mois en cours, un laps de temps considéré comme une opportunité pour la centaine d’artisans bijoutiers y participant, dont certains sont venus d’autres wilayas.
Par ailleurs, d’autres artisans excellant dans d’autres métiers dits « traditionnels », telles la broderie, la tapisserie, la poterie, la vannerie et la couture, ont occupé des stands pour faire valoir et commercialiser leurs produits.
Au programme de cette manifestation figurent également des conférences devant mettre en exergue l’aspect économique du bijou d’Ath Yenni et l’élément artisanal en général. Ce volet scientifique et intellectuel sera pris en charge par les Prs Arezki Chenane et Brahim Guendouzi, enseignants et chercheurs à l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou.
Protéger ce patrimoine et encourager les artisans
Dans son allocution, le président d’APC d’Ath Yenni, Abdellah Djennane, a signalé certains problèmes qui entravent l’activité des bijoutiers. Le premier magistrat de commune perchée au sommet de la montagne du Djurdjura n’a pas manqué d’interpeller les pouvoirs publics pour la mise en place d’une stratégie efficace de développement, de promotion du bijou et du produit artisanal en général et sa protection contre la contrefaçon, et ce par sa labellisation.
Abdellah Djennane a évoqué les difficultés des artisans à s’approvisionner en matière première, les contraintes fiscales et parafiscales qu’ils subissent ainsi que les difficultés qu’ils éprouvent à commercialiser leurs produits sur le marché national et à l’étranger. « Pourquoi confiner le bijou dans un folklore anesthésiant ?
Pourquoi ne pas instituer une politique nationale d’épanouissement et de promotion du produit artisanal ? Pourquoi ne pas instituer des foires régionales, nationales et internationales, et alléger les conditions de participation pour les artisans ? Pourquoi les artisans peinent-ils à acquérir la matière première (argent et corail) soumis à des restrictions draconiennes, allant même jusqu’à une quasi-indisponibilité ?
Pourquoi les pouvoirs publics ne s’impliquent-ils pas au plan logistique et financier pour la protection du produit artisanal de la contrefaçon ainsi que sa labellisation ? Pourquoi ne pas réviser la politique fiscale des artisans ?
A quand la levée des taxes douanières pour l’exportation ? » Ce sont autant de questions qu’a posées le président d’APC d’Ath Yenni, avant d’appeler les pouvoirs publics à initier des actions d’accompagnement de l’artisan bijoutier pour en faire un acteur dans la croissance de l’économie nationale.
