La majorité des pneumologues fuient le pays
La majorité des pneumologues du secteur public préfèrent aller exercer à l’étranger provoquant une hémorragie dans les hôpitaux, a déploré hier le président de la Société algérienne de pneumo-phtisiologie, le Pr Salim Nafti.
« Sur une centaine environ de pneumologues que l’Algérie forme annuellement, il reste moins de quelques dizaines activant dans le secteur public, alors que l’Etat les a formés durant des années. Cela dénote d’un profond problème que l’Etat doit absolument prendre en charge pour préserver ses cadres », a fait savoir le Pr Nafti en marge du 11e congrès de la Société franco-algérienne de pneumologie.
Selon lui, plus de 10 000 médecins, toutes spécialités confondues, poursuivent leur carrière en France, soulignant qu’en 2011, sur les 73 pneumologues recensés par un jury ad hoc, sept seulement sont restés en Algérie. « La majorité ayant quitté le pays pour aller exercer dans des hôpitaux français, canadiens ou autres et dans des laboratoires privés », a-t-il dit.
Le président de la Société algérienne de pneumo-phtisiologie a ainsi regretté que cet « exode » se soit poursuivi après celui « plus massif » enregistré durant la décennie noire.
Au sujet du 11e congrès de la Société franco-algérienne de pneumologie, il a considéré que cette rencontre, organisée par des spécialistes algériens exerçant en France, permet à ceux-ci de renouer les liens avec leur pays d’origine et contribuer, ainsi, à aider les praticiens exerçant en Algérie à acquérir les connaissances et le savoir-faire nécessaires.
Face à la propagation des maladies pulmonaires endémiques, les hôpitaux en Europe et au Canada sont constamment à la recherche de pneumologues pour faire face au nombre croissant des patients, notamment les personnes âgées.
Aux médecins ayant quitté le pays depuis 2011 s’ajoutent ceux qui sont partis durant la décennie noire. Selon des statistiques officielles, 71 500 diplômés de l’université ont quitté l’Algérie entre 1996 et 2006. Durant cette période, plus de 10 000 médecins sont partis, principalement en France, et les universités américaines ont accueilli près de 18 000 universitaires.
Au total, cette fuite des cerveaux a coûté à l’Algérie près de 40 milliards de dollars, selon les mêmes statistiques.
Les médecins spécialistes en Algérie préfèrent vendre leurs compétences à l’étranger ou à des cliniques privées en raison des mauvaises conditions de travail dans le secteur public notamment les salaires, l’exclusion et la mauvaise gestion des hôpitaux.