Les estivants agacés par la mafia des plages
Le phénomène d’occupation anarchique et illégale des plages et des espaces de stationnement durant la saison estivale refait surface cet été à Béjaïa. Il est apparu vers le début des années 2000 et prend de l’ampleur au fil du temps, indisposant ainsi les estivants voulant se détendre en bord de mer.
Les APC autorisaient avant des exploitants, surtout des sociétés, à mettre en place des campings familiaux de toiles pour leurs employés, et ceux qui désiraient camper en bord de mer le faisaient également sans souci et sans aucune contrainte. Pareillement pour les gens qui allaient à la plage pour y passer la journée. Rien ni personne ne venait gâcher leur plaisir.
Aujourd’hui, la gratuité de l’accès aux plages, qui est pourtant garantie par la loi, est remise en cause dans certains endroits, et ce en dépit des instructions du ministère de l’Intérieur, rappelées, à maintes reprises, par le wali, notamment au début de la saison estivale. En effet, même s’il a rappelé le principe de la gratuité de l’accès aux plages, le squat de ces espaces ainsi que des parkings bat son plein comme chaque année. C’est là le fait de bandes organisées auxquelles le citoyen, qui vient en famille pour se baigner, ne peut tenir tête. Les estivants se doivent de consacrer un budget spécial car les vacances leur coûtent plus cher dans ces lieux, pourtant publics, devenus pour un temps la propriété des squatteurs. Ainsi, les estivants et les autorités font face, chaque année, à ce phénomène irrépressible.
Un phénomène qui semble difficile à éradiquer en raison, sans doute, du chômage qui touche une partie des jeunes, surtout ceux qui ne possèdent pas de qualifications. Par ailleurs, chaque été, on assiste à la prolifération de commerçants saisonniers sans autorisation qui squattent les plages et des parkings sauvages dans des aires dépourvues parfois de conditions adéquates ou ne répondant pas aux normes requises en la matière.
La traque des squatteurs
Pour combattre ce phénomène, une chasse aux squatteurs des plages a été menée au mois de juillet dernier par la brigade de Gendarmerie nationale d’El-Kseur sur la côte ouest du littoral de Béjaïa. La chasse a ciblé particulièrement les squatteurs des plages de Tighremt, Thardemt et Oued Das, commune de Toudja.
Elle a été bien accueillie par les estivants et les baigneurs qui sont malmenés par les squatteurs qui imposent leur diktat. Au cours de cette action, qui a été largement saluée sur les réseaux sociaux, d’importantes quantités de matériels (parasols, tentes, transats et tables) destinés à la location illégale ont été saisies, et ce alors que des actions ont été menées récemment par la police des plages pour lutter contre la drogue au niveau des plages de Tichy.
Des opérations similaires sont souhaitées et devraient soulager au plus haut point les vacanciers qui aiment séjourner dans cette région calme, notamment pour la courtoisie manifestée par la population vis-à-vis de ses hôtes. Pour leur part, les APC qui ont délivré des autorisations d’exploitation des plages devaient soumettre les bénéficiaires à une formation en la matière et à un contrôle régulier afin que le cahier des charges soit respecté.
En effet, s’ils sont autorisés à louer du matériel aux estivants, certains prennent cependant totalement possession des plages, gênant les baigneurs qui désirent planter leurs parasols dans un endroit où ils peuvent admirer la mer et surtout avoir une vue dégagée pour surveiller leurs enfants lors de la baignade.
Installant les tables, les chaises et les parasols sur la plage, ils obligent les familles à louer. Et la location de ce matériel peut parfois coûter 1 500 DA à 2 000 DA par jour.
Contraints de mettre la main à la poche
Les vacanciers sont également apostrophés dès leur arrivée aux plages pour payer le droit de stationnement de leurs véhicules, qui est fixé à 200 DA. Le problème de la prolifération des surveillants de parking qu’on croyait révolu refait surface durant la saison estivale. Les automobilistes ou les visiteurs qui souhaitent s’arrêter dans plusieurs endroits pour se reposer ou pour visiter les lieux doivent sortir à chaque fois une pièce de 200 DA.
Ce qui revient cher, en fonction du nombre de lieux à visiter. Il est vrai que certains « plagistes » détiennent des autorisations délivrées par des APC qui cherchent à faire des rentrées d’argent afin de financer certains projets de développement local, comme c’est le cas à la plage de Djoua et celle de Djabia, commune de Boukhélifa, et également à la brise de Mer ou dans d’autres endroits.
Cependant, certaines activités sont organisées dans des lieux publics et se tiennent dans des conditions loin des normes requises. Les plagistes doivent subir une formation en la matière avant de s’aventurer dans ce domaine car la clientèle est très exigeante, surtout sur le plan des commodités, de l’accueil, de la propreté des lieux, des tenues spéciales, du service, sans oublier la conformité de ces activités par rapport à la réglementation en vigueur.
Il convient de noter qu’une première expérience a été lancée cette année à la plage de Djoua, commune de Boukhélifa (daïra de Tichy) par le complexe touristique Atlantis du Groupe Soummam. Une plage a été aménagée et des équipements de plage et de loisir ont été installés pour les vacanciers.
Des formules sont proposées aux familles et ces dernières semblent les apprécier. Il apparaît donc que les estivants gagneraient à ce que de tels espaces soient durables et que d’autres encore plus sophistiqués voient le jour afin d’encourager le développement du tourisme qui pourrait engendrer une importante manne financière pour la wilaya. Pour ce faire, des bureaux d’études spécialisés devraient être engagés en vue de créer des espaces écologiques et durables, a-t-on déclaré.
Un autre projet de construction d’un complexe touristique est en cours aussi à Melbou et devrait avoir le soutien nécessaire au niveau local car il devrait contribuer à développer le tourisme balnéaire et sortir de l’esprit de bidonvilisation, et ce en se basant sur le savoir-faire des pays développés en la matière, tout en gardant le cachet de la région.