La feuille de route d’Ouyahia sous la loupe des députés

Le Premier ministre Ahmed Ouyahia présentera le 17 septembre prochain son plan d’action, validé par le conseil des ministres,
devant les députés. L’annonce a été faite avant-hier, en fin de journée, par le bureau de l’Assemblée populaire nationale.
La reprise des séances plénières à partir de dimanche 17 septembre se fera avec « la présentation du plan d’action du gouvernement et la poursuite des débats jusqu’au 19 septembre, date à laquelle les présidents des groupes parlementaires devront intervenir ».
D’après le calendrier rendu public, la journée du 21 septembre sera consacrée à l’intervention du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui répondra aux questions des députés. Cette date sera également consacrée au vote du plan d’action du gouvernement. Avant la présentation du document, le Premier ministre devra convaincre sur la politique d’austérité couplée à une drastique baisse des budgets ministériels.
Selon le document révélé par la presse, la situation financière du pays est en effet catastrophique. En dehors des réserves de change dont le montant dépasse toujours 100 milliards de dollars (105 milliards jusqu’à juillet), les autres indicateurs sont tous au rouge.
On apprend ainsi que le Fond de régulations des recettes est épuisé depuis février dernier : « Le recul de la fiscalité pétrolière a généré des déficits budgétaires répétés, entraînant la consommation de la totalité de l’épargne du Trésor qui était logée au FRR, épuisé en février 2017 » est-il écrit.
Cette situation rendra difficile l’atteinte des équilibres budgétaires en 2017 et en 2018, reconnaît le gouvernement. « La situation demeure extrêmement tendue au niveau du budget de l’Etat : dans la situation actuelle, l’année 2017 sera clôturée avec des difficultés réelles, alors que l’année 2018 s’annonce plus complexe encore », prévient ledit document.
Le Premier ministre compte s’entretenir avec les chefs des groupes parlementaires pour faire baisser la tension et espérer voir son plan d’action passer comme une lettre à la poste. Bien qu’il possède une majorité confortable avec les voix réunies du FLN, du RND de TAJ et du MPA, Ouyahia, espère engager un dialogue constructif avec les députés de l’opposition pour tenter au moins d’expliquer sa démarche.
L’objectif de ces rencontres est de « concrétiser » sur le terrain l’idée du dialogue à laquelle appelle le gouvernement depuis quelque temps déjà. Il reste juste à savoir si tous les partis politiques accepteront de souscrire à cette sollicitation. Après son passage devant les députés, Ahmed Ouyahia présentera le plan d’action de son gouvernement devant le Conseil de la Nation.
De la sueur et des larmes
Les finances du pays vont de plus en plus mal depuis 2014, tournant qui a vu le prix du baril pétrolier plonger à la verticale. Frappée depuis 2014 par une crise financière qui « s’annonce durable » selon le plan d’action, l’Algérie enregistre un déficit commercial de plus de 20 milliards de dollars en 2016 et un déficit continu de la balance des paiements, commente l’APS.
L’Algérie demeure, pour le moment, économiquement souveraine grâce aux réserves de change accumulées durant les années passées. Sauf que ces réserves ont fondu déjà pour moitié en moins de trois ans, passant de 193 milliards de dollars en mai 2014 à 105 milliards dollars en juillet 2017.
Au niveau interne, la situation des finances publiques est « préoccupante », car le recul de la fiscalité pétrolière a généré des déficits budgétaires répétés, entraînant la consommation de la totalité de l’épargne du Trésor qui était logée au Fonds de régulation des recettes (FRR), épuisé en février 2017, alerte encore l’agence officielle.
Le Trésor a eu recours à d’autres ressources complémentaires (emprunt national, des versements exceptionnels de dividendes par la Banque d’Algérie et un emprunt extérieur auprès de la Banque africaine de Développement (BAD) de l’ordre de 900 millions d’euros.
Cependant, la situation « demeure extrêmement tendue au niveau du budget de l’État : dans la situation actuelle, l’année 2017 sera clôturée avec des difficultés réelles, alors que l’année 2018 s’annonce plus complexe encore, prévient le communiqué du dernier Conseil des ministres.
Le même communiqué prévient qu’en l’absence de solution nouvelle, le pays encourt le risque, ou bien, d’une « incapacité à assurer la dépense publique avec des conséquences économiques, sociales et même politiques périlleuses », ou bien un processus de perte de souveraineté économique. Autrement dit, le passage obligé sous les fourches caudines du FMI.
Cette dernière option est aujourd’hui complètement écartée car l’Algérie n’est pas en cessation de paiement comme en 1991. Malgré la persistance du choc financier externe induisant une contraction des liquidités, les banques continuent à mobiliser des crédits pour le financement de l’économie en général, et l’investissement productif privé et public en particulier, ainsi que les dispositifs aidés.
Les crédits accordés par les banques à l’économie nationale concernant l’investissement ont connu une évolution de 7% entre janvier et juin 2017, a annoncé récemment le président de l’Association des banques et établissements financiers Boualem Djebbar : « Les différents instruments mis en place à cet effet (crédit, leasing, capital investissement) ont connu une évolution de 7% entre janvier et juin 2017 », a-t-il avancé.
Les crédits d’investissement représentent 75% des crédits accordés à l’économie (50% pour le secteur public et 50% pour le secteur privé) a-t-il ajouté : « Ces crédits restent sains en général, puisque la part des créances classées ne représentent que 10% et sont, en fait, cumulés depuis plusieurs dizaines années, couverts par des garanties, et font l’objet de suivi en matière de recouvrement par les banques », a précisé Djebbar.
Quant aux modes de financements qui se font actuellement, il a cité le financement de l’investissement, le crédit bancaire direct, le leasing et la prise de participation à travers les fonds d’investissement, « mais il y a aussi ce que nous sommes en train de mettre en place graduellement, qui est le financement participatif », a-t-il fait savoir.
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