La contrebande fait ravage aux frontières
Le bilan de la lutte contre la contrebande dressé par la Gendarmerie nationale pour les six premiers mois de l’année en cours donne froid dans le dos. Le trafic de carburant, à l’instar d’autres marchandises nationales, a augmenté de 100 % en l’espace de six mois, cela au moment où le gouvernement mène une politique de rationalisation des dépenses après la chute du prix de l’or noir.
La contrebande a explosé durant le premier semestre de l’année 2015, cela au moment où le Premier ministre Abdelmalek Sellal parle de rationalisation des dépenses publiques. Son activité a doublé, voire triplé dans certaines frontières du pays, mettant ainsi l’économie nationale dans l’embarras, surtout que le pays vit une rationalisation de ses dépenses engendrée par la difficulté du contexte économique avec la chute des revenus du pétrole constaté au premier semestre 2015. La situation aux frontières du pays est très critique devant l’ampleur du fléau de la contrebande qui, désormais, touche tous genres de produits, alimentaires, vestimentaires, carburant, électroménager, cosmétiques, cheptel, métaux précieux, drogue, allant même jusqu’aux matériaux de construction.
Le bilan semestriel dévoilé avant-hier par le Commandement de la Gendarmerie nationale sur la situation des frontières fait ressortir l’explosion de la contrebande aux frontières algériennes, en comparant le premier semestre 2015 à celui de la même période de l’année passée. Cette explosion inquiète le gouvernement algérien du fait que le fléau engendre de lourdes pertes financières, à l’économie nationale, cela face à la baisse des revenus du pays. En chiffres, plus de 3 000 milliards de dinars sont, chaque année, retirée des caisses de l’Etat du fait des affres de la contrebande qui ne fait qu’alourdir la situation financière du pays. Pis, le bilan de la Gendarmerie nationale a noté que durant les six premiers mois, 477 contrebandiers ont été arrêtés par les gardes-frontières (GGF). Le plus grand nombre des arrestations a été constaté aux frontières sud.
Là 167 trafiquants ont été interceptés avec des camions bourrés de différents produits destinés aux pays voisins. Aussi, la Gendarmerie a indiqué que 133 autres contrebandiers ont été appréhendés aux frontières ouest, alors que 99 autres ont été interpellés aux frontières de l’est du pays et 103 autres ont connu le même sort aux frontières sud-ouest et sud-est. Plus de 200 tonnes de denrées alimentaires ont été saisies aux frontières depuis le début de l’année. C’est dire combien les trafiquants sont en train d’investir dans le trafic de produits de base du pays au détriment de l’économie nationale.
Aussi, plus d’un million de litres de carburant ont été récupérés par les GGF dans des embuscades et opérations coup-de-poing menées depuis janvier passé contre les poches des réseaux de la contrebande. Dans ce registre, le communiqué des gendarmes a noté que 844 049 litres de carburant ont été saisis à la frontière ouest, tandis que 360 323 autres litres ont été interceptés à la frontière est. Les gardes-frontières de la Gendarmerie ont également saisi d’autres quantités aux frontières sud, sud-ouest et sud-est où, après des opérations menées à la limite des frontières terrestres qui donnent accès aux pays voisins, plus de 100 000 litres de carburant ont été récupérés.
L’économie nationale sous la menace de la contrebande
La sonnette d’alarme a été tirée par la Gendarmerie nationale face à la montée de la contrebande qui risque de créer un désastre à l’économie nationale. Les contrebandiers arrivent, malgré les multiples coups qui leur sont portés par les GGF, à franchir les frontières des pays voisins à bord de camions chargés de diverses marchandises. En plus des deux tonnes de produits alimentaires saisies par les GGF, ces derniers ont également mis la main sur plus de 35 000 litres d’huile de table, des dizaines de milliers d’articles d’habillement, des centaines de cartons de médicaments, des milliers de produits de cosmétiques, 48 tonnes de fer et 243 camions et véhicules appartenant aux contrebandiers.
Ces « dévoreurs » de l’économie nationale arrivent même à arracher des arbres pour les faire passer, par la suite, à leurs acolytes qui se trouvent de l’autre côté des frontières. Par ailleurs, la Gendarmerie a noté que le trafic de cheptel a connu une montée inquiétante durant les six premiers mois. Des milliers de têtes de cheptel volées dans diverses wilayas du pays sont envoyées aux autres pays du Maghreb. Il s’agit bien d’un crime organisé. Les gendarmes ont expliqué, via le communiqué, que plus de 15 tonnes de drogue ont été saisies depuis le début de l’année. Voilà ce qui explique la grande contrebande qui sévit aux frontières. Les richesses algériennes finissent souvent dans les pays du Maghreb et du Sahel. En contrepartie, c’est la drogue et les armes qui rentrent au pays. De quoi booster le chiffre d’affaires des contrebandiers au détriment de l’économie nationale et au préjudice des jeunes Algériens dont le nombre des consommateurs de cannabis ne cesse de grimper chaque jour.