Kerry considère le président syrien comme faisant partie de la solution
La déclaration a de quoi faire paniquer les va-t’en guerre saoudiens, qataris et turcs. Washington estime non prioritaire le départ du président syrien, diabolisé depuis 2011 et accusé de tous les malheurs de son pays.
Ainsi, le secrétaire d’État américain John Kerry a déclaré, hier à Londres, que le président syrien Bachar al-Assad devait partir, tout en indiquant que le calendrier restait à déterminer dans le cadre de négociations pour résoudre le conflit en Syrie.
Une évolution notable qui signifie que le chef de l’Etat syrien, est considéré désormais comme faisant partie de la solution, et non plus du problème comme auparavant.
« Cela fait un an et demi que nous disons qu’Assad doit partir mais le calendrier et les modalités doivent être décidés dans le cadre du processus de Genève », a déclaré John Kerry après une rencontre avec son homologue britannique Philip Hammond.
« Cela n’a pas besoin d’être dès le premier jour, ni le premier mois. Il y a un processus selon lequel toutes les parties doivent se retrouver et conclure un accord sur comment cela peut être obtenu », a-t-il ajouté.
« Nous sommes complètement d’accord avec cela », a de son côté affirmé Philip Hammond. « Assad doit partir, il ne peut pas faire partie de l’avenir à long terme de la Syrie mais les modalités et le calendrier doivent faire partie d’une discussion sur une solution politique qui nous permette d’avancer et d’éviter davantage de souffrances humanitaires ».
A ce propos, les derniers contacts stratégiques américano-russes ont, semble-t-il, portés leurs fruits.
Les Etats-Unis ont décidé de s’associer à la Russie pour trouver une solution au problème syrien et de faire de la lutte contre le terrorisme de DAECH une priorité, plutôt que de rester braquer contre le gouvernement légitime de la République arabe syrienne, comme c’est le cas toujours de l’Arabie Saoudite, du Qatar, de la Turquie et de la France. « Nous sommes prêts à négocier », a poursuivi le secrétaire d’État américain. « Assad est-il prêt à négocier, à vraiment négocier ? La Russie est-elle prête à l’amener à la table des négociations et à trouver la solution à cette violence ? »
Et pour essayer de sauver ce qui peut l’être, le secrétaire d’Etat américain jette l’opprobre sur autrui. « Jusqu’à maintenant Assad a refusé d’avoir une discussion sérieuse et la Russie a refusé de l’amener à la table des négociations », a regretté John Kerry.
Le secrétaire d’État américain s’est par contre réjoui de la volonté russe de concentrer ses efforts sur le combat contre l’organisation terroriste DAECH en Syrie, au lendemain de l’annonce de l’ouverture de discussions militaires entre les États-Unis et la Russie. « Nous nous en félicitons et nous sommes prêts à essayer de trouver les moyens d’éliminer l’EI (DAECH) le plus rapidement et le plus efficacement possible », a déclaré John Kerry.
Les ministres de la Défense américain et russe, qui n’avaient encore jamais eu de contact direct depuis l’arrivée d’Ashton Carter en février, se sont parlé vendredi sur la Syrie et ont convenu de poursuivre ces discussions à l’avenir.
Dans un contexte de montée en puissance militaire russe en Syrie, il s’agit d’éviter tout malentendu ou incompréhension débouchant sur un incident militaire entre les forces russes et les avions ou les drones de la coalition menée par les États-Unis.
Washington s’alarme depuis des semaines du renforcement de l’aide russe au gouvernement du président Bachar al-Assad, alors que les Américains pilotent depuis un an, sans grand résultats, une coalition internationale contre DAECH.
Et en bon suiveur, le Royaume-Uni entend impliquer la Russie dans l’équation syrienne, comme un agent aggravant, et non pas comme un facilitateur de solution. « En raison de l’engagement de Russie, la situation en Syrie est de plus en plus compliquée », a souligné Phillip Hammond. John Kerry ne s’est jamais hasardé à de telles affirmations très peu diplomatiques. Il faut dire qu’il a comme vis-à-vis un certain Sergueï Lavrov.