Kamel Hamadi : Un monstre sacré de l’art
Kamel Hamadi n’est pas à présenter. C’est un monstre sacré de l’art. Il a composé pour plus de 120 artistes dont certains étaient même des icônes de la chanson tels que El hadj M’hamed El Anka, Mohamed El-Djamoussi et Simane Azem. S’agissant d’œuvres, il en a composé plus de deux mille. C’est ce qu’a souligné, hier, le maestro à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou où il était invité à une table ronde animée par le journaliste animateur de Radio Tizi-Ouzou, Samir Ouanzar.
Kamel Hamadi a travaillé aussi avec des artistes étrangers tels que Georges Moustaki, Dalida et Charles Aznavour. Il a connu également d’autres grandes figures de la chanson française comme Georges Brassens et Jean Ferrat. « A cette époque (années 1950, ndlr), nous manifestions une curiosité artistique et intellectuelle aux travaux de ces artistes occidentaux comme ils manifestaient de leur côté la même curiosité pour l’œuvre artistique algérienne », a déclaré l’invité de Samir Ouanzar. Kamel Hamadi, toujours modeste, a encore une mémoire éléphantesque. En effet, au cours de son intervention, obéissant à la logique de questions-réponses, l’artiste a cité la plupart des noms avec qui il a travaillé et qu’il a côtoyés. L’homme ira jusqu’à citer des détails sur certains événements qu’il a vécus en tant qu’artiste. Il convient de relever aussi que nonobstant sa carrière de plus de 65 ans, Kamel Hamadi a gardé un côté inconnu de sa personnalité. A commencer par ses noms patronymiques et artistiques. Son vrai nom est Larbi Zeggane. C’est pour éviter la colère parentale et familiale, paternelle notamment, qu’il a, sur suggestion d’un autre grand homme de culture, choisi Kamel Hamadi.
Mais d’où était venu ce pseudonyme ? Kamel Hamadi était le fan de deux grands artistes égyptiens. L’un d’eux avait un nom de Kamel et l’autre Hamdi. Donc il a choisi pour son pseudonyme Kamel comme prénom et Hamdi comme nom. Cependant, quand la secrétaire a voulu inscrire ce nom de scène, elle a commis une erreur de transcription en ajoutant un « A » à Hamdi après le « M », d’où l’écriture de « Hamadi ». Et depuis, Larbi Zeggane a laissé place pour de bon à Kamel Hamadi. L’invité de Salim Ouanzar reviendra sur son enfance au village Aït-Daoud, dans la commune de Yattafène, daïra d’Ath-Yenni. « Mon père, a-t-il dit, n’a pas voulu m’inscrire à l’école française car c’était mal vu à l’époque et d’autant plus que cette école se trouvait à 4 km du domicile parental ». « C’est suite à mon insistance et la ferme volonté de mon oncle que j’ai pu me faire inscrire à l’école, et pour cela, je faisais 4 km à l’aller et autant au retour, et ce par tous les temps », a révélé kamel Hamadi. En 1952, ce fut le départ à Alger. Et dès son adolescence, il a commencé à rédiger des textes et des musiques. « Au début, je ne me voyais pas du tout le côté chanteur ou musicien. J’ai voulu seulement rester dans la composition », a témoigné Kamel Hamadi.
Là encore, c’était sur insistance d’un autre grand homme de culture qu’il s’était engagé dans l’interprétation également, puisque l’artiste pour qui il a composé la chanson éprouvait des difficultés à chanter en kabyle et surtout à se rappeler le texte. Ce fut alors le début d’une carrière de chanteur, parolier et compositeur. Certains grands succès, Kamel Hamadi les composés en moins de 24 heures. La composition de texte et de musique était innée en lui. C’est presque un don divin. Le témoignage de Kamel Hamadi était encore long et, par conséquent, impossible de reprendre toutes ses déclarations. Toutefois, il y a lieu de retenir qu’en ce moment il écrit son autobiographie.