Journée internationale des forêts : Cap sur le reboisement

En Algérie, l’opération de reboisement n’est pas systématique après les incendies, car il existe une régénération naturelle, a indiqué Sabrina Rachedi, sous-directrice du reboisement et de la pépinière à la Direction générale des forêts (DGF).
Dans une déclaration au Jeune Indépendant, Mme Rachedi a précisé que l’Algérie a vécu, ces dernières années, des épisodes d’incendies alarmants. Néanmoins, s’est-elle réjouie, la reconstitution des écosystèmes forestiers ne se fait pas systématiquement après le passage de l’incendie, car il faut laisser place à la régénération naturelle.
Elle a ajouté, dans ce sens, qu’il faut entamer les travaux d’assainissement, le nettoyage de la forêt incendiée de tous les rebuts et ensuite prospecter et faire le diagnostic de l’état de la reconstitution naturelle d’abord, qui va s’étaler sur une année, voire deux, en fonction de la période de pluviométrie qui se présente.
« Si nous avons un hiver arrosé, avec de bonnes quantités de pluies, à ce moment-là, on a une régénération naturelle qui est observée. On n’a donc pas besoin de recourir à la plantation. Si la cicatrisation ne se fait pas naturellement, c’est là où l’on a recours au reboisement, qui constitue une cicatrisation, une opération chirurgicale de l’écosystème naturel », a-t-elle révélé.
S’agissant des programmes de reboisement, elle a précisé que « cette opération n’est pas systématique ; cela dit, la Direction générale des forêts a un programme de plantation qui se fait du 25 octobre au 21 mars.
Pour cette fois, l’opération a débuté au mois de novembre à cause des premières pluies qui n’ont été enregistrées qu’à partir de ce mois. On a planté 4 millions de plants depuis novembre dernier, entre les programmes notifiés au secteur des forêts et des travaux de volontariat qui sont aux alentours de 2 millions de plants ».
Le reboisement d’un écosystème ou d’une forêt est une opération qui se fait avec une entreprise bien qualifiée et une planification à long terme, au minimum 36 mois, selon Mme Rachedi. « Cette opération demande des moyens humains et matériels importants et une planification à long terme », a-t-elle ajouté.
Evoquant la stratégie adoptée par la DGF pour impliquer les citoyens dans la protection des forêts, la même responsable a déclaré : « Nous travaillons en étroite collaboration avec les associations agréées. On a établi, l’année dernière, des conventions avec les associations pour les impliquer dans l’entretien des plantations réalisées dans le cadre du volontariat. Cela entre dans l’éducation environnementale et la sensibilisation à travers des conventions entre les conservations des forêts et les associations pour assurer la continuité et la pérennité des plantations réalisées par ces derniers. »
Dans le même sillage, Mme Rachedi a ajouté qu’une « planification a été mise en place, envisageant de relancer le barrage vert à travers une vision écologique, économique et sociale, c’est-à-dire prendre toutes les parties prenantes et les impliquer dans cette relance. Il y a une enveloppe dégagée et les plans d’action qui vont être réalisés à partir de la prochaine campagne sont tracés ».
Vers une couverture de 13 % en matière de reboisement
Pour sa part, Mourad Arabi, directeur de recherche à l’Institut de recherche forestière, a exposé au Jeune Indépendant le constat des incendies que connaît l’Algérie et qui touche en moyenne 33 000 hectares par an.
« Pour la décennie 2011-2020, 32 000 hectares en moyenne ont été dévorés par les incendies et ont récemment touché différentes wilayas du nord. En 2021, l’ampleur de ces incendies a été sans précédent. Les conditions climatiques caractérisées par de fortes sécheresses et des températures élevées conjuguées à des facteurs humains sont tous à l’origine des incendies », a-t-il déclaré.
Il a ajouté que « d’après les chiffres de la Direction générale des forêts, 90 000 hectares des forêts ont été ravagés en 2021, causant d’importantes pertes humaines. 90 personnes ont trouvé la mort ».
Parmi les wilayas les plus affectées par les incendies durant la période allant de 2013 à 2021, il a cité Béjaïa (27 000 hectares ravagés), Bouira (25 000 hectares), Tizi Ouzou (10 000 hectares), Skikda (14 000 hectares, Guelma (26 000 hectares), Khenchela (14 000 hectares), Chlef (10 000 hectares), Aïn Defla (6 000 hectares).
Pour ce qui est de l’impact des incendies, le même responsable a précisé que « ces incendies ont touché les écosystèmes naturels, détruisant sur leur passage la faune, la flore, les paysages, les terres agricoles, affectant négativement la qualité de l’eau et de l’air ».
Selon lui, la Direction générale des forêts est dotée d’un plan national de reboisement qui englobe un ensemble d’actions menées pour essayer au moins de rattraper les incendies. « La stratégie de la DGF est d’atteindre un taux de couverture en matière de reboisement de plus de 13 % », a-t-il noté. « Ce plan, qui vise à la réhabilitation et la restauration des paysages forestiers incendiés doit se faire dans une vision de durabilité », a-t-il ajouté.
S’exprimant sur le barrage vert, M. Arabi a précisé que ce dernier a commencé depuis 1970 par l’Armée nationale populaire et à partir des années 1980, c’est la Direction générale de la forêt qui a pris en charge le projet.
« La nouveauté en 2020 est l’existence d’un organe créé par le décret 20-2013 du 30 juillet 2020 appelé ‘’Organe de coordination de la lutte contre la désertification et de la relance du barrage vert », a-t-il affirmé, avant d’ajouter que « l’organe est accompagné d’un comité scientifique et de comités locaux ».
Allez à la page entière pour voir et envoyer le formulaire.