Journée culturelle de l’association El-Istikama de Ghardaïa : 55 récitants du Coran honorés
Une journée culturelle au profit des récitants du Saint Coran a été organisée à l’amphithéâtre d’El-Alia (Alger) par l’association El-Istikama des mozabites ibadites, venus spécialement pour cet événement. Cette rencontre a vu la participation de tout un aréopage de professeurs et de penseurs ainsi que de très nombreux invités et étudiants.
Au cours de cette journée, organisée en collaboration avec des étudiants en sciences islamiques de l’Université d’Alger, pas moins de 55 récitants du Coran, dont 32 filles, ont été honorés. « Outre l’apprentissage du Saint Coran, le but principal de cette journée est d’encourager nos jeunes à connaître la pensée ibadite et de prendre connaissance des autres courants de la pensée islamique dans notre pays », a expliqué, dans son allocution d’ouverture, le président de cette association, le Dr Said Bouhounali. « Nous encourageons nos jeunes à l’apprentissage du Saint Coran et nous leur enseignons la tolérance entre tous les courants de notre religion, car tous ont pour fondement le Coran et la sounna », a-t-il ajouté.
De son côté, Slimane Kheiranas, l’animateur de cette journée, a expliqué que « nul ne doit imposer ses idées aux autres. On doit pouvoir nous compléter les uns les autres en conservant nos différences ». Selon lui, l’Islam, « tout en gardant la dimension politique qui est la sienne, doit se tenir à l’écart de mouvements partisans. Nous continuons à défendre l’idéal qui fait le fondement même de l’ibadisme, à savoir que toute personne compétente peut accéder à tous les postes religieux, politiques ou autres, sans distinction de naissance ou de rang social ».
Forte de 450 000 âmes, la communauté ibadite, outre sa présence dans sa ville d’origine, Ghardaïa, est présente sur tout le territoire, voire dans quelques autres pays du Maghreb. Les Mozabites contrôlent spécialement toutes sortes de commerces, de gros et de détail, notamment l’épicerie, la quincaillerie et le textile.
Outre le domaine agricole, nombre d’entre eux sont de gros industriels dans toutes sortes de fabrication : textile, confection pour enfants, tapis industriels et autres. Ces brasseurs de fonds, d’une frugalité et d’une discrétion proverbiale, comptent dans les rangs des Mozabites un grand nombre de médecins, d’ingénieurs, de professeurs et de cadres de haut rang.
Pour l’histoire, depuis le début du Xe siècle (1048), les ibadites Mozabites d’Algérie habitent essentiellement le M’zab, dans les villes d’El-Atteuf (la millénaire), Mélika (la Royale), Ghardaïa (la capitale du M’Zab), Bounoura (la Lumineuse), Beni-Izguen, (la ville Sainte) Berriane (l’Accueillante) et Guerrara (la Souveraine). De là, la confusion souvent faite entre ibadites et Mozabites.
Les Algériens utilisent le mot Mozabite pour désigner tous les habitants du M’zab sans distinction. Ceux-ci parlent un idiome berbère proche du kabyle, du chaoui en usage dans les montagnes des Aurès ou du targui dans le Hoggar. Ils se sont toutefois toujours tenus à l’écart des mouvements propagandistes, cela est, sans doute, dû au fait que le M’zab a toujours joui d’une autonomie culturelle, même du temps de la colonisation.
Le nom ibadite viendrait, selon les historiens, du fondateur de la tribu Abdallah Ibn Ibad Al-Mourri Al-Tamimi. D’autres remontent plus loin au VIIe siècle à Basra où vivait un homme vénéré, Abou Bila Ibn Odayya Al-Tamimi. Basra était alors le centre de rayonnement des ibadites, sous le royaume de l’imam Abdallah Ibn Ibad. Fuyant devant l’avancée de l’armée abbassid, les ibadites fondèrent le royaume Rostomide de Tahert (Tiaret). Au VIIIe siècle, toutes les tribus ibadites se sont réunies sous la bannière d’Ibn Rostom. Mais sous les coups de boutoir des Fatimides, ils se retranchèrent, vers le XIIe siècle, dans le désert à Sadrata (Ouargla), puis au Xe siècle dans les régions peu accessibles du M’zab, préservant jalousement leurs rites et coutumes.
Cependant, tout le M’zab ibadite est organisé autour de la Grande Mosquée pittoresque de la ville de Ghardaïa, centre de rayonnement politique, culturel et social. Dans chaque ville, la « Halqat El Azzaba » composée de 12 à 20 membres, agit sous la coupe du Haut Conseil, Ammi Saïd, qui s’occupe de toutes les affaires de la communauté. Elle est secondée par un Haut Conseil des 25 fractions qui regroupe, à son tour, l’ensemble des familles mozabites.
Ce Conseil des familles prend en charge les veuves, les orphelins et les nécessiteux. Il organise surtout les mariages collectifs, fixe les dots et se charge des dépenses. La « Halqat El Azzaba » quant à elle, gère les souks (la vente à la criée), la milice ‘’Lamkarisses’’ chargée du maintien de l’ordre, de l’entretien des mosquées et des cimetières, ‘’Laoumnas’’ (les experts en eaux ruissellement) qui ont la tâche de veiller à la juste répartition des eaux de ruissellement (les crues) et au respect des normes d’urbanisme en vigueur dans le M’zab.
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