Josep Borrel: «L’UE aidera l’Algérie à récupérer les fonds détournés»

Le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a déclaré que l’Union européenne coopérera avec l’Algérie pour récupérer les fonds illégalement transférés à l’étranger.
L’Algérie avait demandé la coopération de l’institution européenne et de ses organismes dans l’opération de restitution des fonds transférés illégalement vers les pays européens. Ces fonds se chiffrent en plusieurs dizaines de milliards d’euros, selon des déclarations précédentes du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Il faut souligner que l’Algérie avait lancé des commissions dérogatoires dans plusieurs pays européens, suite aux procès pour détournement et dilapidation des deniers publics, faits de corruption et transferts illicites de capitaux.
Dans un autre registre, Josep Borrell Fontelles a déclaré également que l’Union européenne appelle l’Algérie à peser de tout son poids pour mettre fin à la guerre russo-ukrainienne. L’Algérie fait partie d’un comité de contact institué par la Ligue arabe.
Josep Borrell, qui effectue une visite en Algérie a été reçu hier par le président de la république.
Officiellement, et selon Bruxelles, « la visite sera l’occasion de discussions approfondies pour consolider et élargir le partenariat entre l’Union européenne et l’Algérie ». Josep Borrell « explorera des domaines d’intérêt mutuel couverts par l’Accord d’association UE-Algérie, dans le but de relancer ou renforcer davantage le dialogue et la coopération ».
Pour la plupart des observateurs, Borrell vient en « pompier » à Alger, en rapport avec la crise entre l’Algérie et l’Espagne. L’Union européenne tente certainement de jouer au médiateur en voulant résoudre cette crise entre Alger et Madrid, et dont l’impact a eu des conséquences énormes dans les relations économiques et commerciales, notamment dans les importations et les domiciliations bancaires. Seule exception : le maintien des approvisionnements en gaz. Les entreprises espagnoles ont accusé des pertes qui se chiffrent en centaines de millions d’euros à cause de cette crise, et le patronat n’a pas manqué d’exprimer sa colère au gouvernement espagnol.
L’UE a subi des pressions de la part de l’Espagne pour qu’elle intervienne dans cette crise. L’Algérie a suspendu le 8 juin 2022, son traité d’amitié avec l’Espagne à la suite du revirement du gouvernement Sanchez sur la question du Sahara occidental en faveur du plan d’annexion du Maroc.
Interrogé par le journal arabophone El Khabar sur cette crise, Josep Borell a souligné qu’il est en Algérie en tant que haut représentant de l’UE et il rappelé la position de cette dernière sur le Sahara Occidental. Et de préciser : « L’UE soutient le processus des Nations Unies visant à parvenir à une solution politique juste, réaliste, pratique, durable, mutuellement acceptable et fondée sur un règlement, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies. »
Au sujet de la crise entre l’Algérie et l’Espagne, le chef de la diplomatie européenne a dit : « Je suis convaincu qu’une solution est possible et nous devons travailler ensemble pour la trouver rapidement pour notre bien commun pour surmonter les obstacles existants et lever tout obstacle à nos échanges », a-t-il ajouté.
A une question sur la révision de l’Accord d’association Algérie-UE, M. Borell a estimé que cette accord « est la pierre angulaire d’un partenariat que l’UE veut solide et stratégique, avec un voisin très important pour nous ».
Borrel a fait savoir que « les exportations de l’UE vers l’Algérie ont diminué de 45% depuis 2015 et la balance commerciale est en faveur de l’Algérie si l’on inclut les hydrocarbures parmi les exportations ». Et d’ajouter : « à l’instar des autorités algériennes, nous pensons qu’il y a un énorme potentiel non réalisé dans ce domaine. Pour l’exploiter, nous devons améliorer la mise en œuvre de l’accord actuel. En particulier, les règles établies par l’accord doivent être pleinement respectées sans discrimination. »
Concernant le secteur de l’énergie, M. Borrell a indiqué que « l’Algérie est un partenaire clé de l’Union européenne dans le domaine de l’énergie », car c’est « un fournisseur fiable de gaz naturel, il joue un rôle très important dans la sécurisation des approvisionnements énergétiques européens à un moment que nous considérons comme crucial, nous en sommes conscients et en sommes reconnaissants. »