Jean-Pierre Raffarin dépêché par Emmanuel Macron

Jean-Pierre Raffarin, ex-Premier ministre, président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées au Sénat qui a accompagné dimanche dernier à Alger le candidat aux législatives du parti Les Républicains, Erwan Borhan Davoux pour la circonscription Afrique du nord et de l’Afrique de l’Ouest, est-il venu en pompier éteindre le feu qui commence prendre de l’ampleur ?
Raffarin, qui dit avoir informé le président Emmanuel Macron de son voyage à Alger et du fait qu’il ait demandé une audience auprès du Premier ministre Abdelmalek Sellal, est-il porteur d’un message du président Macron au président Bouteflika ?
Lors de cette rencontre, Jean-Pierre Raffarin a été interrogé sur l’état des relations entre Paris et Alger, notamment après les déclarations surprenantes de M. Macron depuis le Mali.
La réponse de l’ancien Premier ministre français s’est voulu rassurante, rappelant notamment « le caractère stratégique » des relations entre les deux pays et citant l’entretien entre les présidents Emmanuel Macron et Abdelaziz Bouteflika : « Je ne crois pas qu’il y ait une quelconque attitude de distance. Nous souhaitons que la relation avec l’Algérie soit toujours renforcée. Vous connaissez mes positions sur ce sujet.
J’ai une sympathie profonde pour ce que j’appelle l’esprit algérien », a-t-il indiqué. Selon lui, M. Macron « a montré sa force sur les accords d’Alger. Il exprime sa gratitude. Dans de nombreuses circonstances, sur les questions de la lutte contre le terrorisme, l’Algérie, qui a vraiment souffert de cette situation, a apporté un concours important à la France comme, par exemple, permettre aux avions de chasse français de survoler le territoire algérien », a-t-il dit. Selon Raffarin, « il ne s’agit nullement de critiques vis-à-vis de l’Algérie. Ce n’est vraiment pas son état d’esprit.
Il (Macron, ndlr) arrive sur ce dossier avec une ligne directrice : les accords d’Alger. Il n’est pas dans une position d’accusateur des uns et des autres, il est rassembleur (…). Je ne pense pas qu’il y ait une idée de reproche. Cette discussion très franche concerne un peu tout le monde.
Il faut mettre sur la table cette question avec nos partenaires européens. C’est un sujet très important », a-t-il tenu à préciser. M. Raffarin a également évoqué les grands dossiers économiques tels que les projets de construction d’usines de montage de véhicules Peugeot et Renault. Il s’est voulu surtout rassurant à ce sujet : « Il y a des ondes positives ».
Concernant les relations en dents de scie et les projets bloqués, il n’a pas dit grand-chose mais a tenu à évoquer l’exemple du projet Renault pour traduire l’état d’esprit positif qui prévaut des deux côtés de la Méditerranée. « Au début, nos amis algériens nous ont proposé un projet totalement inspiré d’eux. Un responsable du ministère de l’Industrie a déroulé un projet qui n’était pas celui de Renault.
Ensuite, il y a eu des adaptations. On a décidé de revoir cela. Nous avons demandé à revoir cette copie et nous nous sommes accordés sur le projet actuel. En ce qui concerne le projet Peugeot, je crois qu’il est arrivé à maturité. Il n’y a pas de blocage politique.
J’ai confiance en ce projet » a-t-il dit. Raffarin réfute l’idée selon laquelle en Algérie, c’est très compliqué : « Ce n’est jamais facile de traiter avec des partenaires sur des projets contraignants. Partout ailleurs, c’est compliqué. La France participe déjà à la construction de nombreuses filières, notamment celle de la santé. Il faut continuer cette coopération ».
La candidature d’Erwan Borhane Davoux, poulain de Jean-Pierre Raffarin – celui-ci l’a accompagné durant son séjour à Alger – se veut un plaidoyer pour une reconfiguration de la ligne politique du parti LR, qui a viré à droite selon le conférencier. Erwan Borhane Davoux a vivement déploré « l’abandon de la politique arabe de Jacques Chirac, qui était pourtant populaire ici.
La guerre crée la guerre », a ajouté Raffarin, lequel a critiqué le va-t-en guerre de la France qui s’installe durablement depuis un moment déjà. M. Davoux table sur une éventuelle majorité de droite LR, qui devrait toutefois s’accommoder « intelligemment » du nouveau président français : « Le rapport avec le président Emmanuel Macron devrait être intelligent.
Macron porte déjà très bien les couleurs de la France à l’international, mais il devrait se débarrasser de son héritage socialiste », a-t-il déclaré. Il se veut toutefois rassurant en proposant ce qu’il appelle « des élus LR Macron compatibles ».
Originaire de Tunisie, M. Davoux, qui a indiqué que « la République en marche ! » n’a plus de candidat dans la circonscription où il ferraille, a résumé son séjour en Algérie : « Je fais partie des personnes qui sont heureuses de voyager vers les pays du Sud. Quand je voyage en Algérie, je me sens heureux. Je voudrais revenir au moins deux fois par mois. »
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