Israël craint une nouvelle intifada, plus importante que les précédentes

Nouvel acte de barbarie perpétré hier par des extrémistes israéliens. Une mosquée en Cisjordanie occupée a été la cible d’un incendie criminel imputé à des colons israéliens dans la nuit de mardi à mercredi, selon des responsables de la sécurité palestiniens.
« Des colons ont incendié tout le premier étage de la mosquée dans le village d’Al-Mougheir situé à proximité de la colonie israélienne de Shilo et d’une route réservée à l’usage des colons », a indiqué l’un d’eux en rappelant qu’en 2012 une autre mosquée de ce village avait déjà été incendiée.
Depuis des années, des colons extrémistes ainsi que des activistes d’extrême droite se livrent sous le label « le prix à payer » à des agressions et des actes de vandalisme contre des Palestiniens, des Arabes israéliens, des lieux de culte musulmans et chrétiens, ou même l’armée israélienne. En général, ce slogan est retrouvé près des lieux des exactions commises ce qui n’a pas été le cas à Al-Mougheir, ont ajouté les responsables de la sécurité palestiniens.
De fortes tensions règnent à Al-Qods-est et en Cisjordanie occupées, marquées par des affrontements entre manifestants palestiniens et forces israéliennes ainsi que par des opérations de la résistance palestinienne dont le dernier a tué lundi une femme près du bloc de colonies de Goush Etzion.
L’armée israélienne a déployé des renforts en Cisjordanie occupée, tandis que la police faisait de même sur l’ensemble du territoire israélien après une opération à Tel-Aviv.
Mardi soir, une bouteille incendiaire a été lancée vers une antique synagogue de la localité arabe de Shfaram dans le nord d’Israël, a indiqué une porte-parole de la police en faisant état de peu de dégâts. Elle n’a pas précisé si la synagogue était toujours en activité. Les tensions sont également vives dans les localités arabes israéliennes après la mort d’un jeune homme tué samedi par la police israélienne.
Des affrontements ont lieu depuis plusieurs semaines en Israël et dans les territoires palestiniens occupés. Deux attaques à la voiture bélier ont fait quatre morts, en plus des deux auteurs palestiniens, à Al-Qods-est, depuis fin octobre. Mais jusqu’alors, les frictions étaient limitées en Cisjordanie et à Al-Qods-est, qui est le théâtre de heurts jour et nuit.
Depuis samedi, les violences ont aussi gagné les villes arabes israéliennes, après la mort à Kafr Kana d’un jeune Arabe de 22 ans, assassiné par des policiers. Les tensions ont également été avivées lundi par le décès en Cisjordanie d’une Israélienne de 25 ans, tuée à coups de couteau, et de son agresseur palestinien, tombé en martyr dans la foulée, ainsi que par celui d’un soldat de l’armée d’occupation âgé de 20 ans, poignardé à Tel-Aviv. Avant-hier, un Palestinien de 22 ans a, lui, été tué près d’Al-Khalil.
Comment expliquer ce regain de tensions ?
Occupation, colonisation, arrestations, brimades, chômage… Les raisons de la colère sont nombreuses du côté des Palestiniens. Le conflit semble pourtant s’être cristallisé autour de l’esplanade des Mosquées.
Après sa fermeture par le gouvernement israélien fin octobre, ce lieu saint de l’islam s’est de nouveau embrasé la semaine dernière, après qu’une centaine d’extrémistes juifs ont réclamé le droit d’y prier.
Désormais, les Palestiniens craignent que Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, ne cède à la pression des juifs ultras, avec la perspective d’élections anticipées en 2015.
Si celui-ci a répété qu’il n’avait aucune intention de modifier le statu quo sur l’esplanade, Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, a tout de même averti que les Palestiniens défendraient l’esplanade et la mosquée
Al-Aqsa qui s’y trouve « contre les colons et les extrémistes ».
« La police a été placée en état d’alerte avancé », a indiqué une porte-parole. Outre le renforcement des effectifs, Benyamin Netanyahu a ordonné qu’on démolisse les maisons d’auteurs d’actes « terroristes » (sic).
Un acte qui montre la détermination de Tel Aviv mais qui pourrait aussi attiser encore un peu plus les tensions. « Si cette folie ne s’arrête pas maintenant, nous allons nous retrouver au même point que lors des jours sombres de la seconde Intifada », prévient le quotidien Yedioth Ahronoth. Autrement dit : un nouveau soulèvement qui pourrait faire des milliers de morts, comme entre 2000 et 2005.
D’autres éditorialistes se montrent plus mesurés, comme ceux de Maariv, qui estiment qu’« on ne peut savoir encore clairement s’il s’agit d’une troisième Intifada ». Avant de convenir, toutefois, que tout le monde « commence à se demander : (…) est-ce que je dois prendre le bus ou pas ? Est-ce que je dois attendre à la gare ou pas ? ». Du côté du gouvernement israélien, l’inquiétude est en tout cas elle aussi très grande.
« Il est clair que nous assistons à une escalade », a convenu le ministre de la Défense, Moshe Yaalon, « mais comment faut-il l’appeler ? Attendons de voir ». Dans une atmosphère où « les esprits sont échauffés », l’opinion doit se préparer à la possibilité d’une « escalade supplémentaire » et de nouveaux attentats, a-t-il averti. La peur a changé de camp.
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