Monoxyde de carbone : encore des morts
Chaque hiver, le monoxyde de carbone revient sur le devant de la scène avec son lot de victimes. Depuis le début de l’année, 3 000 personnes ont été victimes de ce tueur silencieux, dont 105 ont perdu la vie. C’est ce qu’a déclaré au Jeune Indépendant le colonel Farouk Achour, directeur de l’information et des statistiques à la Protection civile.
L’intoxication au monoxyde de carbone est un problème de santé publique majeur. Pas un jour ne passe sans que les services de la Protection civile ne dénombrent des cas de décès liés à l’inhalation de ce poison inodore. Les bilans effectués dans ce cadre par les services de la Protection civile demeurent effrayants. Ce poison inodore et incolore décime des familles entières. Lors d’une conférence animée hier au forum d’El Moudjahid sur les intoxications au monoxyde de carbone dans la wilaya d’Alger, le colonel Farouk Achour a mis en garde contre « ce gaz dangereux qui provoque des intoxications parfois fatales », précisant qu’il a causé 105 décès depuis le début de l’année. Il a ajouté qu’en ce mois de novembre, 12 personnes ont succombé à une intoxication par inhalation de monoxyde de carbone et 150 autres ont été secourues d’une mort certaine. Un chiffre qu’il a qualifié d’« alarmant » étant donné que l’hiver ne fait que commencer et que le grand froid n’est pas encore installé. Par conséquent, il a tiré la sonnette d’alarme sur ce phénomène qui prend de l’ampleur d’année en année.
Dans son intervention, le même responsable s’est focalisé sur la communication, qui permet aux citoyens de prendre connaissance des consignes de sécurité nécessaires, à même de les prévenir contre ce tueur silencieux. « La prévention reste un moyen très efficace pour réduire les risques liés à ce type d’accidents domestiques », a-t-il ajouté, invitant les citoyens à respecter les consignes données, afin de préserver et de protéger leur vie. Il s’agit, selon le conférencier, de ventiler le logement lors de l’utilisation des appareils de chauffage, de ne pas boucher les prises d’air dans les pièces, d’aérer les pièces et de ne pas utiliser de tels appareils dans des pièces dépourvues d’aération. Insistant sur l’utilisation des chauffages, Farouk Achour a précisé que l’appareil en question doit impérativement être vérifié par un professionnel avant son utilisation. « Ce dernier doit vérifier et entretenir l’appareil et son canal d’évacuation », a-t-il indiqué.
Abondant dans le même sens, le directeur de l’information et des statistiques a fait savoir que la nouvelle norme de conformité des appareils impose un détecteur de monoxyde de carbone. « Quand le citoyen achète un appareil, il doit demander un certificat de conformité pour vérifier si l’appareil dispose de détecteur de monoxyde de carbone », a-t-il affirmé.
Les récents témoignages accordés au Jeune Indépendant sont tous catégoriques quant à la défaillance des appareils de chauffage qui sont à l’origine des accidents liés au monoxyde de carbone.
Une mère de famille a affirmé avoir acheté un chauffage neuf avec garantie et facturation à El-Hamiz. « Le jour où je devais l’installer, nous avons découvert qu’il était défectueux. Je l’ai changé le lendemain », a-t-elle confié. « Imaginez ce qui aurait pu arriver si je l’avais allumé. Nous serions aujourd’hui tous morts. C’est la raison pour laquelle j’invite les gens à faire très attention à ce qu’ils achètent », a-t-elle poursuivi.
Un autre intervenant a affirmé que les appareils de chauffage sont les produits qui sont le plus contrefaits à l’échelle mondiale car ils trouvent acquéreurs dans des pays où les moyens de contrôle font défaut et où l’informel bat son plein.
Une autre personne a fait savoir que même si l’appareil est intact, il est impératif qu’il soit entretenu et révisé régulièrement, et cette opération doit se faire obligatoirement par un professionnel.
557 morts par asphyxie au monoxyde en 2021
Pour rappel, chaque hiver le monoxyde de carbone revient sur le devant de la scène avec son lot de victimes. En novembre passé, cinq membres d’une même famille habitant dans la commune de Kaïs, dans la wilaya de Khenchela, sont morts asphyxiés par le monoxyde de carbone provenant d’un chauffage. Il s’agit du père (51 ans), de la mère (41 ans), de deux garçons âgés de 9 et 15 ans et d’une fille de 18 ans. Deux semaines auparavant, une famille composée de quatre personnes, une mère de 32 ans et ses trois enfants, est décédée par asphyxie au monoxyde de carbone dans la wilaya de Sétif.
Selon le bilan de la Protection civile, vingt-huit personnes ont trouvé la mort et 557 autres ont été secourues suite à l’inhalation du monoxyde de carbone depuis le début du mois de janvier 2021 à travers différentes wilayas du pays, a indiqué le chef de la cellule de communication à la Direction générale de la Protection civile, Nassim Bernaoui.
S’exprimant en marge du lancement, à Alger, de la campagne de sensibilisation aux risques du monoxyde de carbone, le même responsable a affirmé que « durant la période allant du 1er au 19 janvier 2021, 28 décès ont été déplorés et 557 personnes ont été secourues à travers les différentes wilayas du pays suite à l’inhalation de ce gaz toxique ». Le même responsable a précisé que le bilan le plus lourd a été enregistré dans la wilaya de Tiaret (6 décès), suivie d’Alger (3), alors que deux décès ont été déplorés dans chacune des wilayas de Béjaïa, Djelfa, Mascara, Mila et Médéa ». M. Bernaoui a rappelé qu’« en 2020, 126 décès dus au monoxyde de carbone ont été signalés et quelque 2 247 personnes sauvées, à la faveur de 2 200 interventions effectuées par les éléments de la Protection civile ».
En guise de conclusion, il a insisté sur l’importance de renforcer le contrôle des chauffages en s’assurant de la conformité de ces appareils aux normes de sécurité, outre la prise de mesures nécessaires, à l’instar de l’aération et du contrôle permanent des appareils.
Il faut dire que cette question a suscité l’intérêt des hautes autorités du pays. Le président de la République a, en effet, instruit l’année dernière les services concernés de redéfinir les critères relatifs à l’importation des chauffages à utilisation domestique, et ce de manière à prendre en considération les normes de sécurité notamment.