Initiative algérienne au Niger : Les errements du camp de Bazoum
Première réaction à la médiation algérienne dans la crise au Niger. Alors que le nouveau pouvoir au Niger et la CEDEAO n’ont émis aucune réserve, c’est le camp du président renversé Mohamed Bazoum qui vient d’exprimer son avis sur le plan proposé par l’Algérie.
Le plan algérien s’articule autour de six points, dont le principe est le refus de toute intervention militaire étrangère et le retour à l’ordre constitutionnel dans ce pays. L’Algérie a présenté fin août ce plan de paix pour une sortie de crise dans un délai de six mois, alors que la junte préconise une période de transition de deux ans.
A l’annonce du plan, les milieux diplomatiques étaient optimistes et confiants dans la crédibilité algérienne et s’attendaient au lancement des premiers pourparlers entre les différentes parties. On pensait même que certaines puissances étrangères allaient peser de leurs poids pour dénouer la crise et atténuer les tensions.
Mais le clan du président Bazoum, pourtant affaibli et isolé, a dit niet à l’initiative algérienne. C’est un certain Hassoumi Massaoudou, désormais ex-ministre des Affaires étrangères du gouvernement du président déchu suite au coup d’État du 26 juillet dernier, qui vient de dérailler par des propos illogiques et complètement insensés. Catégorique, il dit clairement et sans ambages dans un entretien à un média local que l’initiative algérienne est « inutile » et qui « n’aura aucune suite ». Des déclarations farfelues démenties rapidement par l’amère réalité sociopolitique de son pays et surtout l’émergence des nouveaux équilibres géostratégiques de la région
« L’avis de l’Algérie, pour nous, n’a pas d’importance. Sur cette question, l’Algérie n’a jamais vraiment participé à la gestion de nos affaires », a-t-il dit, en conditionnant la sortie de crise par la libération et le rétablissement du président Bazoum dans ses fonctions. « À partir de là, ils peuvent négocier leur sortie », a-t-il dit.
Ce diplomate ignore ou feint de l’ignorer que le sort politique du chef de l’Etat déchu n’intéresse plus ni l’Union africaine, ni l’organisation ouest-africaine, ni aucune autre puissance occidentale. Pour les observateurs, c’est le sort du Niger qui est posé avec acuité dans les différentes initiatives lancées récemment. Le destin politique de Bazoum n’est plus un préalable et une issue à la crise doit se faire avec les putschistes eux-mêmes, comme le préconisent tous les médiateurs.
Les Américains, comme les Français, sont en train de redéployer leurs unités basées au Niger, accélérant la diminution de leurs nombres selon les souhaits de la junte. Pourtant, les Etats Unis ont été des partenaires solides à l’ancien régime déchu, et le fait qu’ils changent de stratégie, est un signe qui ne trompe pas, sauf pour ce diplomate nigérien.
Cet ex-ministre des Affaires étrangères du gouvernement Bazoum a ajouté que le Niger est un « pays ancré dans la Cédéao ». « Nous sommes signataires des traités de la Cédéao. Avec l’Algérie, nous n’avons aucun traité. La Cédéao ne répondra pas à l’Algérie. La question de la transition ne se pose pas », a-t-il ajouté.
Un mensonge de plus de la part de ce quidam, qui sait qu’entre l’Algérie et le Niger, il existe des dizaines de traités dans différents secteurs, sécuritaires, économiques, socioculturels. Ne savait-il pas que le gazoducgazoduc Un gazoduc est une canalisation destinée au transport de matières gazeuses sous pression, la plupart du temps des hydrocarbures. Selon leur nature d'usage, les gazoducs peuvent être classés en trois familles principales : 1- gazoducs de collecte, ramenant le gaz sorti des gisements ou des stockages souterrains vers des sites de traitement. 2- gazoduc de transport ou de transit, acheminant sous haute pression le gaz traité (déshydraté, désulfuré, ...) aux portes des zones urbaines ou des sites industriels de consommation 3- gazoducs de distribution, répartissant le gaz à basse pression au plus près des consommateurs domestiques ou des petites industries. Transsaharien qui relie Lagos à Skikda passe par son pays et que des accords ont été signés dans ce sens ? Ne savait-il pas que le projet de la fibre optique, entrant dans le cadre du NEPADNEPAD Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, commence par l’Algérie et traverse son propre pays avant de pénétrer les pays de l’Afrique centrale ? Ne savait-il pas que son propre président a effectué deux visites de travail en Algérie en deux ans, ponctuée par des accords ? Savait-il que la compagnie publique Sonatrach a lancé des projets d’exploration des hydrocarbures dans le nord du pays depuis quelques mois ?
Est-ce à dire que le plan algérien n’a aucune chance de se réaliser dans l’immédiat puisque l’un des protagonistes de la crise nigérienne le refuse ? Pourquoi Bazoum a dit non ? Et a-t-il vraiment mandaté son ex-ministre pour exprimer ce refus ?
Il est notoirement connu que Bazoum est un allié à la France et que cette dernière ne pourrait jamais accepter son renversement par des putschistes qui exprimaient officiellement leurs sentiments anti-français.
Aujourd’hui, il est légitime de s’interroger sur la position négative du clan Bazoum à ce plan de paix, qui pourtant défend la légalité constitutionnelle dans ce pays. Une position étroite qui s’accommode aux postures des va-t’en guerre poussés par des calculs dérisoires, mais très coûteux pour l’avenir de tout le Sahel.
Selon des observateurs africains, la Cédéao aurait accepté avec des nuances cette médiation algérienne, notamment après le périple d’Ahmed Attaf, ministre des affaires étrangères dans la région. On aura même noté une certaine accalmie et les relations tendues et menaçantes entre Niamey et la CEDEAO se sont apaisées.
Il faut souligner que les pays de l’organisation ouest africaine ont menacé d’intervenir militairement pour rétablir le président Bazoum dans ses fonctions. La CEDEAO a annoncé ensuite avoir fixé une date pour utiliser la force afin de rétablir l’ordre constitutionnel au Niger.
Pour beaucoup, la menace était réelle et tout le monde craignait que cette intervention militaire aille dégénérer en une guerre régionale, après les déclarations de solidarité de la part des pouvoirs installés au Mali et au Burkina Faso. De plus, on s’attendait à une implication directe de la part de l’armée française, dont les forces basées au Niger, au Gabon et à Djibouti étaient en alerte maximum.
C’est la crainte de possibles dérapages de cette intervention armée à ses frontières, que l’Algérie a proposé son initiative, et Attaf s’est rendu dans trois pays de la Cédéao pour expliquer la démarche algérienne et les risques de l’utilisation de la force sur la stabilité, déjà fragile, du Niger, du Sahel et de toute la région.
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