Industrie pharmaceutique : Des médicaments produits localement indisponibles

Les pénuries à répétition des médicaments provoquent des tensions sur le marché national, notamment quand cette crise touche même les médicaments produits localement. En dépit des assurances du ministre de l’Industrie pharmaceutique, les patients ont des difficultés à trouver un nombre important de médicaments. C’est ce qu’a constaté le Jeune Indépendant lors d’une tournée dans plusieurs officines d’Alger.

La pénurie concerne plusieurs médicaments indispensables dans le traitement du diabète, des allergies, de l’asthme, de l’hypertension artérielle, ainsi que certains médicaments destinés aux cancéreux. Certains experts tirent la sonnette d’alarme concernant la disparition de la matière première utilisée dans la fabrication de plusieurs médicaments, notamment par le laboratoire public Saidal.  Cette situation d’instabilité que vit le secteur de la production pharmaceutique en Algérie, met en péril la vie des personnes atteintes de maladies chroniques.

Ce problème s’est accentué « depuis le transfert des prérogatives du ministère de la Santé au nouveau ministère de l’Industrie pharmaceutique », avait révélé au Jeune Indépendant le porte-parole du Syndicat national des pharmaciens d’officine (SNAPO), Samir Ouali, évoquant « le manque de transparence et de contrôle dans la gestion du dossier du médicament, d’où les défaillances enregistrées dans la numérisation du secteur.

Le Salbutamol (Ventoline), le Carteol LP 2% collyre, entre autres, sont en rupture dans les pharmacies. La pénurie touche plus d’une centaine de médicaments, pour une grande partie essentiels et indispensables au traitement de maladies chroniques, a affirmé Hassene  Abassi, gérant d’une pharmacie à Douera, dans la banlieue d’Alger,  soulignant que même des médicaments produits localement sont concernés par cette pénurie.

Pour Amel Benrabeh, professeur d’enseignement secondaire âgée de 34 ans atteinte d’asthme depuis l’âge de 11 ans, cette situation est très difficile à gérer notamment en cette période de canicule, où ses crises d’asthme deviennent récurrentes. « Cette dernière pénurie tombe très mal pour moi, car quand il fait chaud je fais beaucoup de crises et automatiquement je consomme plus de médicaments », a-t-elle expliqué au JI, soulignant qu’elle cherche depuis des heures, de pharmacie à une autre, la Vontoline sans succès.

Pour pallier à cette situation encombrante, le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Abderrahmane Lotfi Djamel Benbahmed, a donné avant-hier des instructions pour la libération des produits signalés sous tension dans un délai de cinq jours,  ajoutant que des  inspections seront diligentées à l’effet de vérifier le respect de ces dispositions.

De son côté le président l’Observatoire de veille sur la disponibilité des produits pharmaceutiques, Redha Belkacemi, a indiqué que les mesures de libération des produits pharmaceutiques signalés sous tension sur le marché seront appliquées en permanence pour assurer leur disponibilité, faisant savoir qu’une réunion a été organisée pour faire un état sur la réception et les plannings de livraison pour certains médicaments qui connaissent actuellement des tensions au niveau des officines.

Concernant le Salbutamol (Ventoline), le programme d’importation est de 5 millions d’unités-vente (UV), la quantité livrée étant de plus de 1,6 million d’unités depuis le 1er Juin. Plus 440.000 unités sont en cours de libération avec la réception de 580.000 le mois de septembre, sachant que le besoin mensuel du pays est de 350.000 UV.

Quant au Carteol LP 2% collyre, la réception de plus de 80.0000 UV a été enregistrée au mois d’août en cours alors que 120.000 UV sont prévues à la livraison le mois de septembre.

Le président de l’observatoire a rappelé que les problématiques de disponibilité peuvent être liées à plusieurs facteurs notamment exogènes tels que le retrait des médicaments ou l’arrêt de production dans les pays d’origine pour les produits importés, de même que l’indisponibilité de matières premières qui affecte la disponibilité des produits fabriqués localement.

Remédier au problème de tensions ou de ruptures et stabiliser le marché du médicament nécessite une production nationale forte et aussi large que possible, tout en continuant les opérations de suivi et de contrôle du marché du médicament.