Indignation suite au verdict à l’encontre de Saïd Djabelkhir

Le tribunal de Sidi M’hamed (Cour d’Alger) a condamné, jeudi, l’universitaire Saïd Djabelkhir, poursuivi pour « offense à l’Islam », à trois ans de prison ferme assortie d’une amende de 50.000 Da mais sans être placé sous mandat de dépôt. Le verdict a suscité une vague d’indignation notamment sur les réseaux sociaux et le milieu universitaire.
Le Procureur de la République près la même juridiction avait requis l’application de la loi dans l’affaire de l’universitaire spécialiste en jurisprudence de la Charia islamique.
Il était poursuivi par sept avocats et un autre universitaire de Sidi Bel Abbes, Bachir Bouidjra Abderrezak, pour « offense aux préceptes de l’islam et aux rites musulmans ». Depuis le début de l’affaire, M. Djabelkhir a recueilli le soutien de nombreux collègues et hommes politiques algériens.
M. Djabelkhir, un chercheur de 53 ans, spécialisé dans le soufisme, a fait savoir qu’il ferait appel et irait jusqu’en cassation si nécessaire. « C’est un combat qui doit continuer pour la liberté de conscience, pour la liberté d’opinion et pour la liberté d’expression, a-t-il plaidé. Le combat pour la liberté de conscience est non négociable. »
La Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) a qualifié le verdict de « scandaleux ». Elle a dénonçé « la criminalisation des idées, du débat et de la recherche académique pourtant garanties par la Constitution » et « refuse à ce que les salles des tribunaux se substituent aux amphithéâtres des universités, à ce que les tribunaux se transforment en tribunaux d’inquisition ».
La LADDH « réitère sa demande de respect des libertés de recherche académique, d’expression et d’opinion, elle rappelle au gouvernement le respect de ses obligations contenues dans les conventions internationales ratifiées par l’Algérie dont le pacte international des droits civils et politiques », indique-t-elle dans un communiqué.
Du côté de la classe politique, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a réagi par le biais de son porte-parole Athmane Mazouz, qui a écrit sur les réseaux sociaux : « Le chercheur-islamologue, Saïd Djabelkheir, vient d’être condamné à trois ans de prison fermes. Dans l’Algérie « nouvelle » du pouvoir de fait, les idées et les opinions doivent être, aussi, otages du système et de sa justice aux ordres. Notre solidarité doit être aussi ferme et agissante contre les nouveaux inquisiteurs de l’ordre rétrograde ».
Pour le Parti des Travailleurs, ce verdict est une « criminalisation de la recherche scientifique et de la liberté de penser », exigeant que toutes les poursuites et accusations portées contre l’islamologue soient abandonnées.
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