Incendies, inondations, sécheresse… : Anticiper les risques

L’Algérie est de plus en plus confrontée aux risques naturels comme les inondations, la sécheresse et les incendies de forêt qui ravagent chaque année des milliers d’hectares.
L’anticipation de ces catastrophes à travers l’étude des risques et la mise en place d’un plan d’urgence efficace demeure primordiale pour une lutte efficace et pour éviter de tomber dans les mêmes erreurs des expériences précédentes. Qu’en est-il de la stratégie de prévention contre ces risques en Algérie ?
Les derniers incendies qui se sont déclenchés à travers plusieurs wilayas du pays relancent le débat sur les capacités de l’Algérie à anticiper et à faire face à ces catastrophes qui deviennent de plus fréquentes eu égard aux changements climatiques que connaît le pays, à l’instar des autres pays du monde. La prévention à elle seule ne suffit pas, estiment les spécialistes aux risques majeurs, insistant sur l’impératif de s’adapter aux nouveaux concepts de gestion des grandes catastrophes.
Pour y faire face, la mise en place d’une stratégie de prévention basée sur la veille et l’anticipation s’est imposée pour pouvoir lutter efficacement contre ces risques naturels, notamment les feux de forêt qui causent des pertes énormes aux sinistrés, aux pouvoirs publics ainsi qu’à l’économie du pays.
Contactée par le Jeune Indépendant, Naima Touloum, directrice d’étude aux risques naturels à la Délégation nationale aux risques majeurs, a affirmé que la stratégie nationale de prévention contre les risques majeurs est en cours d’élaboration et sera prête prochainement. « L’Algérie fait face, certes, à des risques naturels récurrents, et le risque, quelle que soit sa nature, doit être traité à travers la prévention, l’anticipation, la prévision et l’alerte », a-t-elle estimé.
La stratégie mise en place, a-t-elle fait savoir, est fondée sur la réglementation et prend en considération toutes les expériences vécues. « La stratégie sera validée, analysée et étudiée par le comité intersectoriel installé au niveau de la délégation pour être ensuite validée par le gouvernement », a-t-elle indiqué, soulignant qu’« il y a une nouvelle loi qui va être promulguée, car la loi n° 04-20 du 25 décembre 2004, relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable, a été complètement revue ».
La représentante de la délégation nationale de prévention contre les risques majeurs a assuré que cette loi vient tracer les lignes globales de la stratégie, notamment en ce qui concerne la gestion des risques, car ces derniers ne sont pas les mêmes que ceux que nous avons connus auparavant. « Cette nouvelle loi intègre de nouveaux risques, et cela va permettre de se doter de méthodes plus modernes en matière de lutte contre les catastrophes », a-t-elle fait savoir.
Mme Touloum a affirmé qu’à partir de cette loi, il sera institué pour chaque risque majeur un plan général de prévention (PGPR) adopté par décret. « Ces plans vont comporter un ensemble d’informations nécessaires concernant notamment les cartographies et la détermination des régions, wilayas, communes et zones présentant des vulnérabilités particulières, selon l’importance du risque lors de sa survenance, les moyens de lutte et les mesures de mise en œuvre en matière de prévention et d’atténuation de la vulnérabilité ou du risque majeur concerné », a-t-elle précisé. Elle a ajouté que cette nouvelle loi a été adoptée en Conseil du gouvernement et en Conseil des ministres et est actuellement au niveau de l’APN.
Par ailleurs, Mme Touloum a estimé que la vision de l’Etat algérien du point de vue numérisation va davantage renforcer la stratégie qui va être appuyée, selon elle, par un système national d’information qui sera aussi mis en place prochainement par la délégation.
La responsable a fait savoir que plusieurs autres projets en parallèle viendraient renforcer la prévention et la prévision, notamment la création d’institutions pour l’alerte précoce, qui vont permettre de surveiller, suivre et alerter les catastrophes. « A travers ces institutions et les travaux de recherche, les autorités concernées par la gestion des catastrophes seront alimentées par des informations et des données. Ce projet, qui va abriter la plate-forme d’alerte précoce, a été lancé et sera annoncé dès sa réalisation », a indiqué Mme Touloum.
Selon elle, la délégation travaille aussi sur d’autres risques qui « sont lents et qu’on ne ressent pas, mais qui restent aussi dangereux, à l’instar de la sécheresse et des changements climatiques ».
Ces derniers sont effectivement à l’origine de l’un des risques majeurs dont souffre l’Algérie chaque été, à savoir les incendies et les feux de forêt causés par les fortes chaleurs notamment. Cette année encore, les températures caniculaires que connaît le pays depuis le début de juillet n’ont pas été sans conséquences.
Consciente de l’indice de vulnérabilité, la Direction générale de la Protection civile, et depuis les incendies de 2021 notamment, a pris plusieurs mesures d’anticipation, et ce à travers un plan spécial contre les feux de forêt, a affirmé le sous-directeur chargé de la communication et des statistiques, le colonel Farouk Achour. « Ce plan mis en place a été mûrement réfléchi suite aux expériences des dernières années. Nous avons pu mettre en place un plan opérationnel très conséquent, avec 19 000 éléments mobilisés et un important lot de moyens opérationnels, indépendamment des moyens aériens prévus. Ce dispositif a très bien fonctionné lors des derniers incendies », a-t-il affirmé avant-hier.
Selon lui, la Direction générale de la Protection civile savait d’avance qu’il y avait une forte probabilité de déclenchement de feux. « Certains feux, grâce à nos mesures d’anticipation, ont été prévenus avant leur départ. D’autres se sont déclenchés au même moment, rendant la gestion plus délicate », a-t-il déploré. Il a néanmoins insisté sur l’importance de l’alerte avant que le feu ne prenne de grandes proportions, surtout dans les endroits isolés.
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