Importation de bovins : Trafic en tous genres sur les génisses
L’Inspection vétérinaire de la wilaya d’Annaba a placé en quarantaine 267 vaches pleines et 116 veaux destinés à l’engraissement à la ferme pilote Segmane Amar. Le confinement de ce bétail est une mesure sanitaire normale en attendant son affectation vers les coopératives agricoles, particulièrement celles créées dans le cadre de l’ANSEJ. Cet arrivage en provenance de France vient s’ajouter aux 399 vaches laitières réceptionnées dernièrement.
L’Algérie importe pour plusieurs centaines de millions d’euros de vaches laitières et de taurillons, soit pour enrichir sa production laitière, soit pour satisfaire sa consommation en viande concernant les taurillons. Côté ANSEJ, c’est la débâcle. Plusieurs jeunes coopérateurs ont vite rendu le tablier après avoir reçu des lots de vaches laitières pleines, soit 3, 6, 9 ou 12 vaches pleines. La raison est simple : ces vaches ont été revendues à des particuliers, ou alors, lors de leur réception, ces bêtes ont été laissées à l’importateur moyennant de l’argent en liquide contre le chèque délivré par la banque couvrant l’achat desdites vaches. Un scandale énorme qui aurait échappé aux contrôles des instances de surveillance.
Le directeur d’une agence bancaire d’El-Hadjar a confirmé : «Nous avons remis des chèques à des jeunes coopérateurs pour honorer leur commande en matière de vaches laitières dans le cadre de l’ANSEJ, mais lorsque nous nous sommes déplacés à l’adresse indiquée, il n’y avait rien, ou encore, on nous faisait croire que le coopérateur bénéficiaire était sorti avec ses vaches pour les faire paître en montagne. Nous avons écrit à la tutelle et aux instances de l’ANSEJ mais ces affaires traînent toujours.» Plus grave encore, et personne n’en parle, plusieurs fœtus de ces vaches pleines ont été retrouvés dans différents endroits de forêts de la wilaya d’Annaba. Ce qui signifie que les vaches laitières ont été égorgées, découpées et vendues comme viande.
Il s’agit là d’un crime économique à l’encontre du gouvernement, lequel avait tracé tout un programme de développement agricole pour lutter contre l’importation de la poudre de lait et satisfaire les besoins des citoyens en lait cru. D’autres coopérateurs bénéficiaires de vaches laitières, appréhendés par la Gendarmerie nationale, se sont défendus avec pour motif que les vaches qu’ils avaient reçu avaient été volées». Bien que ces motifs ne tiennent pas la route, des P.-V. d’audition ont été établis, mais sont restés sans suite. Rares sont les éleveurs, issus du soutien de l’ANSEJ, à avoir réussi à développer leur cheptel et produire du lait cru qui sera vendu aux laiteries du pays. La situation de l’importation des génisses (vaches pleines), surtout après affectation, exige un contrôle rigoureux et des sanctions sévères contre les personnes qui ont failli, car il s’agit là d’un secteur vital pour la survie de notre économie.