Ils dénoncent leur situation professionnelle : Colère des aides-soignants
Les aides-soignants des différentes structures de santé de la wilaya de Tizi Ouzou montent au créneau et interpellent le ministre de la Santé sur leur situation professionnelle qu’ils jugent « très préoccupante ».
Dans une lettre ouverte qu’ils comptent adresser au ministre de la Santé, Abdelhak Saihi, les aides-soignants estiment qu’après être formés pour prodiguer des soins de base, ils se retrouvent dans l’obligation d’assumer des tâches qui ne relèvent pas de leur statut particulier. Cela est dû, selon eux, au manque d’effectif qui est « de plus en plus flagrant dans le corps des infirmiers ».
Ainsi, les aides-soignants se retrouvent, selon les rédacteurs de la lettre ouverte, « exploités ». Ils travaillent comme infirmiers mais sont payés en tant qu’aides-soignants, faisant ainsi le travail d’un infirmier pour un salaire nettement inférieur, ajoutent-ils.
Ces derniers tiennent à faire savoir que le corps des aides-soignants existe dans toutes les structures de santé du pays. « Nous sommes affectés dans tous les services, même ceux réputés difficiles (UMC, réanimation, néonatologie), etc. », indiquent-ils.
Ils considèrent qu’ils ne portent l’appellation d’aide-soignant que sur le papier car « sur le terrain, nous exerçons comme des infirmiers à part entière pour certains d’entre nous, et ce depuis plus de 20 ans », affirment-ils, avant d’ajouter que « les aides-soignants sont mis devant le fait accompli. Ils sont implicitement autorisés par la tutelle à faire des actes qui relèvent statutairement du corps des infirmiers mais ne bénéficient pas pour autant d’une couverture juridique réelle sur le terrain ».
Les contestataires estiment travailler dans la clandestinité la plus totale. « Si par malheur un aide-soignant venait à commettre une erreur, il serait poursuivi en justice et serait condamné pénalement à de lourdes peines. On lui reprocherait alors tout simplement, avec des circonstances aggravantes, le fait d’avoir exécuté des actes (soins) qui ne sont pas inclus dans son statut particulier », regrettent-ils
Par ailleurs, les aides-soignants de la wilaya de Tizi Ouzou déplorent et trouvent particulièrement « très injuste » et surtout « incompréhensible » la fermeture des portes du savoir aux aides-soignants, qui sont pourtant, estiment-ils, avides de connaissances et de savoir.
En effet, le décret n° 11-121 du 20 mars 2011 portant statut particuliers des aides-soignants ainsi que l’avant-projet du nouveau statut particulier qui devrait être promulgué incessamment, expliquent les protestataires, limitent la progression de leur carrière uniquement dans le même corps. « L’accès au corps des infirmiers leurs est interdit, et ce bien que, sur le terrain, ils exercent comme tels, et ce au vu et au su de tout le monde », regrettent-ils.
Pourtant, disent-ils, leurs aînés (les anciens aides-soignants) ont vu leurs carrières progresser au fur et à mesure grâce à plusieurs formations. « Ces derniers sont devenus, par la suite, pour la plupart d’entre eux, des infirmiers majors alors qu’ils n’avaient même pas le bac. Ils ont tout simplement bénéficié d’une dérogation de la fonction publique pour surpasser cet obstacle », précisent les contestataires.
Dans ce même document, les protestataires tiennent à faire savoir que les aides-soignants prouvent leurs aptitudes et leur compétence quotidiennement sur le terrain. « Ils maîtrisent parfaitement toutes les techniques et tous les soins infirmiers. Par conséquent, ils méritent vraiment d’être encouragés et motivés par une promotion à la hauteur de leurs compétences et de leurs sacrifices », insistent-ils.
Afin de faire sortir définitivement ce corps de « ce marasme » et pour que les aides-soignants puissent « travailler en toute légalité mais aussi pour remercier cette corporation pour tous les services qu’elle rend quotidiennement aux malades », un plan d’urgence s’impose dans les meilleurs délais, affirment les rédacteurs de la lettre ouverte.
Pour cela, ils suggèrent la régularisation de tous les aides-soignants qui sont en poste au grade d’infirmier diplômé d’Etat (IDE) avec une formation d’une durée d’une année sur le terrain ainsi qu’une promotion massive au grade d’infirmier de santé publique (ISP) de tous les aides-soignants principaux qui jouissent d’une expérience de 5 années avec une formation d’une durée d’une année sur le terrain.
Ils proposent également la promotion massive au grade d’infirmier spécialisé de santé publique (ISSP) de tous les aides-soignants principaux qui jouissent d’une expérience de 10 années ou plus, avec une formation d’une durée d’une année sur le terrain.
Il convient de noter que les tâches dévolues aux aides-soignants sont définies par l’article 22 du décret exécutif n° 11-121 du 20 mars 2011 portant statut particulier des fonctionnaires appartenant aux corps des paramédicaux de santé publique. Il stipule que « les aides-soignants de santé publique sont chargés, notamment, de l’hygiène corporelle des malades et de leur environnement, de l’exécution des soins infirmiers de base et des tâches inhérentes à l’hôtellerie et à l’hygiène hospitalière. Ils participent à l’entretien et au rangement du matériel ».
Le métier d’aide-soignant comprend deux catégories. Il ressort de l’article 23 du même décret exécutif qu’en plus des tâches qui incombent aux aides-soignants de santé publique, « les aides-soignants principaux de santé publique sont chargés, notamment, d’observer, de recueillir les données relatives à l’état de santé du patient et de transmettre les observations par écrit et oralement pour assurer la continuité des soins ».