Il y a 64 ans naissait le GPRA : Le tournant à l’intérieur et à l’extérieur

Il y a 64 ans, le 19 septembre 1958, naissait le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), marquant un tournant dans la résurgence de l’Etat algérien balayé depuis l’occupation française en 1830 et les velléités des tenants de « l’Algérie française » à occulter son existence. Le GPRA a aussi conforté la lutte pour l’indépendance sur les national et international pour faire de ses dirigeants les seuls interlocuteurs de la révolution déclenchée le 1 novembre 1954.
La direction collégiale du FLN avait nommé Ferhat Abbas à la tête du GPRA, organe de l’Exécutif de l’Algérie combattante. Composé de 18 membres, il a été d’un rôle primordial dans la conduite de la guerre de Libération nationale déclenchée le 1er Novembre 1954. « Ce fut un événement important et une étape cruciale sur le chemin de l’indépendance de l’Algérie », soulignent les historiens. Dotée de cet organe qu’était le GPRA, l’Algérie révolutionnaire ne pouvait que rehausser son image au niveau international.
Outre les pays du « camp communiste », comme la Chine, l’Union soviétique, la Yougoslavie, et les pays du Pacte de Varsovie, l’Algérie combattante attirait de plus de plus l’attention des pays occidentaux comme la Suède, l’Allemagne, et même les Etats-Unis qui ne cachaient pas leur soutien à la cause juste pour laquelle combattait le peuple algérien.
A rappeler encore que le GPRA naquit 4 ans après le premier coup de fusil qui allait changer le destin du peuple algérien. Le Front de libération nationale (FLN) se donnait un autre outil, une nouvelle organisation et de nouvelles ressources, politiques et diplomatiques, pour libérer le pays du colonialisme. Il avait tout de suite indiqué qu’il était prêt à négocier avec la France afin de libérer l’Algérie d’un joug de près de 130 ans. Le GPRA allait connaître, le 9 août 1961, un changement de sa composante.
La présidence a été confiée à Benyoucef Benkhedda, un ami de Ferhat Abbas, et docteur en pharmacie comme lui, devait commenter le « coup d’Etat » commis par l’armée des frontières, « nouveaux maîtres de lieux », en ces termes : Cela crée le danger de voir naître une féodalité et une caste militariste comme il en existe dans les pays sous-développés, notamment en Amérique latine. La Révolution n’est pas l’œuvre d’une fraction du pays, elle est basée sur la mobilisation de tout le peuple algérien. ».
En outre, la création du GPRA a rendu possible la participation de la République algérienne à de nombreuses manifestations, notamment au niveau africain, telles que les conférences d’Accra (Ghana-décembre 1958), Monrovia (Libéria-août 1959), Tunis (janvier 1960) et Casablanca (Maroc-1961).
L’intense activité menée par des représentants officiels du GPRA et leurs actions diplomatiques dans les forums internationaux et dans les nombreuses capitales où le gouvernement présidé par Ferhat Abbas, disposait de représentations permanentes, y compris à l’ONU, ont permis à l’Algérie de faire entendre sa voix. En effet, l’action du GPRA a influencé le débat sur la question algérienne à l’Assemblée générale des Nations unies. Pour la première fois, les Etats-Unis, l’un des principaux alliés de la France, choisissent l’abstention lors d’un débat au Conseil de sécurité, portant “un coup dur” au général De Gaulle qui cherchait l’appui du président américain Dwight Eisenhower et ensuite John Kennedy.