Il y a 16 ans disparaissait El Hachemi Guerouabi
Au-delà de son interprétation magistrale du qcid, il avait participé, avec d’autres interprètes de sa génération à l’introduction de chansonnettes et à la vulgarisation de la chanson chaâbi auprès du jeune public des années 1970, El Hachemi Guerouabi, qui a conquis plusieurs générations de mélomanes s’est éteint le 17 juillet 2006.
Grâce à sa voix, son élégance et aux textes du génie de la musique algérienne Mahboub Bati (1919-2000), El Hachemi Guerouabi compte parmi ceux qui ont permis à ce genre de passer des fêtes familiales, où il s’était confiné, aux grandes scènes musicales d’ici et d’ailleurs où il finira par s’imposer.
Natif d’Alger, El Hachemi Guerouabi rejoint l’Opéra d`Alger à l’âge de 15 ans, après quelques années passées dans les rangs du club de football de son quartier, et se fait remarquer tant par son charisme au théâtre que par sa voix particulière dans le chant.
Au lendemain du recouvrement de l’indépendance, et après une apparition dans la chorale de Hadj Mhammed El Anka en 1963, il parviendra à réconcilier le public de l’époque, plutôt porté sur la musique orientale ou occidentale, avec le chaâbi, grâce à l’apport du musicien et poète Mahboub Bati qui le propulser au-devant de la scène avec des chansonnettes comme “El Bareh”, “El Werqaa”, “El Madi” ou encore “Allô allô”.
En plus d’avoir osé le look très branché des années 1970 et d’avoir imposé son style et la mandole guitare, El Hachemi Guerouabi, qui affiche également un penchant pour le cinéma et le théâtre, va briller par des interprétations mémorable de qcid comme “El Harraz”, “Youm El Khemis” ou encore “Qorsan Yghennem”, pour redevenir le digne héritier de références comme Hadj M`rizek et Mohamed Zerbout.
S’il n’a jamais enseigné son art de manière conventionnelle, il a cependant donné naissance à un mouvement emprunté, entre autres, par Abderezzak Guennif,Sid Ali Lekkam, Athmane Rouibi, Sid Ali Dris ou encore cheikh Dridi, aux côtés d’un grand nombre de chanteurs qui s’en imprègnent grâce à Internet et sesnombreux enregistrements.
A sa dernière scène à Alger en 2005, El Hachemi Guerouabi disait refuser “l’oubli et le confinement” du chaabi, soucieux qu`il était de la transmission et de la recherche de la relève pour le perpétuer.
De jeunes talents du chaâbi et Samir Toumi rendent hommage au maitre du chaabi
Pour commémorer le 16ème anniversaire de la disparition du maître de la chanson Chaâbi, El Hachemi Guerouabi des soirées musicales ont été ouvertes samedi à Alger, avec les prestations de quelques lauréats aux éditions précédentes du prix éponyme, et celle, plus appréciée, de Samir Toumi qui a galvanisé le nombreux public présent.
S’étalant jusqu’à aujourd’hui lundi, ces trois soirées dédiées à la chanson chaâbi, particulièrement au riche répertoire d’El Hachemi Guerouabi, disparu le 17 juillet 2006 à l’âge de 68 ans, ont été organisées à l’Auditorium du Palais de la Culture Moufdi-Zakaria.
Révélés grâce au concours de chant initié par l’association El Hachemi-Guerouabi, cinq jeunes prestataires, aux voix présentes et étoffées, lauréats des éditions précédentes de ce Grand prix dédié à ce “maître incontesté de la chanson chaâbi”, ont restitué, près d’une heure et demie durant, quelques grands succès du Cheikh.
Ainsi, le nombreux public, a pu apprécier dans le mode zidène, les interprétations de Faiz Ghemati et Hicham Mezian qui ont rendu les pièces “El Herraz” et “Ya ness djaretli el gharaïb”, ainsi que “Korsane ighennem”.
2e prix de l’édition 2022, la jeune Ghofrane Bouache (16 ans), dans son bel accoutrement traditionnel, a, quant à elle, opté pour un petit répertoire andalou, repris par nombre de cheikhs du Chaâbi, dont El Hachemi Guerouabi, interprétant notamment dans le mode Araq, “Rachiq el ked”, “Ach ma iberred nirani” et “Wahd El Ghoziel”.
Salim Sididris et Sid Ahmed Derradji ont clos la première partie de la soirée avec, respectivement dans les modes Sehli et Mezmoum, “Sobhane khaleq lekwane” et “Ya kouma sellou âala habibi”, ainsi que “El Djazair zinet el bouldane” et “At’fekkart El Bahdja man’tawwal’chi naâmel dara”, au plaisir d’un public enchanté et conquis.
Attendu de tous, Samir Toumi, talentueux et créatif, a enchainé trois programmes dans les modes, Raml el maya, Zidène et Sehli, et rendu une vingtaine de pièces dont, “Aïb aâlik enti m’henya”, “Koulou ya ness”, “El Bareh”, ou encore “Hakmet”.
Les 14 instrumentistes, dont les cinq jeunes chanteurs à l’affiche, de l’Orchestre “El Herraz”, une des dernières créations de l’Association El Hachemi-Guerouabi, dirigés d’une main de maître par le maestro Smail Ferkioui, ont brillé de maîtrise et de virtuosité, dans un rendu marqué par les sonorités relevées exprimant le genre, et la diversité des cadences rythmiques et des variations modales, proposées par l’ensemble des chanteurs.
Lors de ces journées dédiées à la mémoire d’El Hachemi Guerouabi, le parcours artistique de ce grand maître du chaâbi est également évoqué dans des expositions de photographies, des conférences-débats, la projection d’un documentaire des archives de la Télévision algérienne.
Organisées par l’association culturelle El Hachemi-Guerouabi, en collaboration avec l’Office national des Droits d’Auteurs et Droits voisins (ONDA), ainsi que le Palais de la culture Moufdi-Zakaria, les soirées commémoratives de la disparition d’El Hachemi Guerouabi, se sont poursuivies hier dimanche avec deux prestations très attendues de Nadia Benyoucef et Abdelkader Chaou.