Il prône une réconciliation algéro-marocaine : l’inattendue sortie du SG de l’UMA?

C’est un communiqué pour le moins surprenant de la part du secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe. Alors qu’il vivait en hibernation depuis bien longtemps, paralysé par la situation géopolitique de la région et les profondes tensions exacerbées par le Maroc contre ses voisins, le SG de ladite institution, Tayeb Baccouche, ancien diplomate tunisien, s’est brusquement réveillé de sa léthargie quand la Tunisie a décidé de répondre avec fermeté aux agissements et autres provocations du Makhzen.

Jouant la réciprocité, Tunis avait rappelé son ambassadeur de Rabat, en réaction à la décision du Maroc qui avait fomenté toute la crise en prétextant la participation de la République sahraouie au sommet du TICAD 8, réunissant les pays membres de l’Union africaine et le Japon, et critiquant l’accueil réservé au président sahraoui, Brahim Ghali, par le chef de l’Etat tunisien Kaïs Saied.

Baccouche a écrit dans ce communiqué qu’il invite les ministres des Affaires étrangères des pays de l’UMA à une réunion pour « débattre de la question libyenne et élaborer un plan de paix », et éventuellement « organiser des rencontres bilatérales pour résoudre les problèmes », et enfin désigner son successeur. Il a également révélé avoir « conseillé la partie tunisienne de prendre une initiative de réconciliation suite à la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc ».

Comment cet ancien ministre, rompu aux arcanes et autres subtilités de la diplomatie, oublie pendant plus de dix ans le conflit libyen, avec ses deux guerres civiles, ses conférences internationales à Berlin et à Paris, les rencontres à Alger et même au palais de Skhirat à Rabat, les efforts de l’envoyé spécial de l’ONU et ses initiatives de paix, les réactions de l’UA, pour appeler, aujourd’hui, à une rencontre sur la question en vue d’élaborer un plan de paix ? Pour beaucoup d’observateurs, il y a anguille sous roche. Cet appel ne peut être qu’un élément faisant partie d’un agenda au service d’un pays tiers, qui n’est autre que le royaume marocain.

En raison de sa politique belliqueuse, malveillante et agressive, le Makhzen a rompu toutes les amarres, non seulement avec l’Algérie mais aussi avec son plus proche voisinage. En brandissant des chantages honteux à la communauté internationale, il s’isole de plus en plus, en comptant uniquement sur ses nouveaux alliés de l’entité sioniste et les soutiens fragiles de la part de certains Etats européens à son plan de colonisation du Sahara occidental. 

Complètement dans la tourmente, la diplomatie velléitaire de Bourita a été un cuisant échec sur tous les plans. En quelques semaines, Rabat a subi, tour à tour, des gifles de la part de l’Union européenne puis de Berlin sur la question sahraouie ainsi qu’un un rappel à l’ordre de la part de la Tunisie. 

C’est dans ce contexte que l’appel de Baccouche est énigmatique à plus d’un titre alors qu’il sait qu’il n’est qu’un SG en voie de remplacement, qu’il gère une coquille vide, un organe comateux et prêt à disparaître à tout moment si les conditions favorables venaient à être réunies. 

Ne sait-il pas que ni les chefs d’Etat, ni leurs chefs de gouvernement, encore moins leurs ministres ou autres officiels ne se sont réunis depuis de longues années ? 

Comment une UMA, censée défendre l’idée maghrébine dans toute sa notion, demeure muette quand des sinistres drones marocains tuent des civils maghrébins à trois reprises (commerçants et routiers algériens et mauritaniens) ? Pourquoi l’UMA s’est-elle murée dans le silence quand un prédicateur attitré du palais royal marocain lance des fetwas de guerre contre les Algériens, les Mauritaniens et les Sahraouis ? Ne font-ils pas partie, eux aussi, du Maghreb ? Pourquoi ce SG de l’UMA fait-il la sourde oreille quand l’Algérie appelle à la réconciliation des organisations palestiniennes et ne dit rien, absolument rien, sur le prochain sommet des Etats arabes qui aura lieu en novembre prochain à Alger ? 

Baccouche feint d’ignorer que c’est Rabat qui a commencé à tourner le dos à l’UMA depuis qu’un lobby sioniste lui a suggéré l’idée de coloniser définitivement le Sahara occidental, de refuser tout autre forme d’autodétermination du peuple sahraoui et surtout de reporter sine die le sommet maghrébin qu’elle devait abriter. 

Aujourd’hui, le constat est clair : un seul pays a choisi l’insularité et l’isolement volontaire. Et dans ce cas, l’option envisageable est celle d’une UMA restreinte pour éviter tout gel et blocage, une UMA bâtie sur un nouveau socle et avec un fonctionnement moderne et pragmatique.