«Il n’y a pas excès de la part des juges»
Le président du Syndicat national des magistrats, Djamel Aïdouni, a réfuté hier la thèse qui attribue la surcharge des prisons en Algérie à l’utilisation arbitraire et excessive de la détention provisoire.
« Les rapports officiels affirment que les décisions de détention provisoire émanant des juges d’instruction n’excèdent pas 5 % et augmentent à 11 % lorsque l’affaire aboutit à la chambre d’accusation », a-t-il assuré hier lors d’une conférence de presse à la résidence des magistrats. Il a précisé que cette mesure, bien qu’elle peut porter atteinte à la liberté des individus, s’avère parfois nécessaire lorsqu’il s’agit d’affaires graves tels les assassinats, le trafic de drogue ou encore les détournements de biens publics.
« Le droit de l’accusé ne devrait se faire au détriment de la victime. Nous devrions équilibrer entre les deux selon la gravité de l’affaire », a-t-il dit. Réélu avant-hier à la tête du syndicat lors de l’assemblée générale tenue à Alger, M. Aïdouni a rendu publique les recommandations de cette assemblée générale qui consacrent, selon lui, le principe de l’indépendance et la neutralité de l’instance judiciaire.
Il a souligné que son syndicat a toujours œuvré pour l’indépendance du pouvoir législatif en consacrant le principe de la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire). Concernant les pressions exercées sur les magistrats à travers la presse, notamment, le président du SNM a recommandé l’instauration de lois répressives contre la diffamation et l’atteinte à l’honneur des juges.
Il a également insisté sur la modernisation du système judiciaire afin de faciliter le travail des magistrats et de restituer les traditions qui consacrent le respect et la position des juges dans la société. Interrogé sur les propos de Me Amara Mohsen, avocat de l’ancien P-DG de Sonatrach Mohamed Meziane, selon lesquels les juges subissaient des pressions de la part du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) qui réduit leur neutralité et leur indépendance dans le traitement de l’affaire Sonatrach, M. Aïdouni a répondu que l’avocat n’a pas donné de preuves à part des généralités creuses sans fondements.
Il a ajouté qu’en tant qu’avocat du PDG de Sonatrach, il devrait se préserver de toutes déclarations publiques et que ses déclarations sur la non-neutralité des juges risquent de l’exposer au pénal. Le président du SNM a affirmé, par ailleurs, que son syndicat s’est penché également sur les problèmes socioprofessionnels des magistrats, en affirmant que les salaires des juges n’ont pas été révisés depuis 2008 et que même la revalorisation des primes et des salaires, qui a profité aux cadres de l’Etat en 2011, n’a pas concerné les magistrats du fait que ces derniers sont régis par un statut qui diffère de celui de la fonction publique.
Au terme de cette conférence de presse, le président du SNM a annoncé la tenue prochaine d’un colloque à Alger sur le traitement du terrorisme et le respect des droits de l’homme. Cette rencontre régionale, qui se tiendra du 31 mai au 4 juin par l’Union panafricaine des Avocats, verra la participation également des membres de l’Union internationale des avocats.