Il était attendu ce lundià Alger : Albares reporte sa visite
Le dégel diplomatique entre l’Algérie et l’Espagne prendra encore du temps. Cette réconciliation devait être actée ce lundi, à l’occasion d’une visite programmée à Alger du ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares.
Mais, à la dernière minute, Madrid a décidé de reporter sine die cette visite. Selon des médias ibériques, ce report est dû à des divergences au niveau des agendas respectifs. Il semblerait qu’il existe encore quelques divergences dans certains dossiers non résolus entre les deux pays.
Le ministère espagnol des Affaires étrangères, qui avait le premier annoncé cette visite, a indiqué dans la soirée de dimanche, soit à quelques heures du rendez-vous, que ce déplacement a été reporté pour des « raisons de calendrier » côté algérien, sans fournir de détails sur ces « raisons ».
Les médias ibériques ont largement commenté ce rendez-vous manqué. Pour le journal El Confidencial, c’est Albares qui a décidé de reporter son déplacement, sachant que le ministère algérien des Affaires étrangères n’avait rien annoncé officiellement.
Pour sa part, le quotidien El Mundo estime que ce report constitue, « sans aucun doute, un revers pour la diplomatie espagnole » puisque la visite, annoncée jeudi dernier, devait sceller « la normalisation totale des relations après leur rupture il y a plus de deux ans ». Le journal rappelle que des milieux politiques espagnols ont qualifié ce voyage de « succès diplomatique » qui met fin à « la plus grande crise diplomatique à laquelle Pedro Sanchez était confronté ».
Pourtant, des prémices d’un réchauffement dans les relations bilatérales sont apparues il y a trois mois, avec la nomination d’un nouvel ambassadeur d’Algérie à Madrid, après une crise qui a duré presque deux ans, suite au revirement spectaculaire de la position espagnole sur le dossier sahraoui. Le chef du gouvernement, Pedro Sanchez avait surpris les milieux diplomatiques et onusiens en annonçant son appui, sans conditions, au plan d’annexion du Maroc du territoire sahraoui, provoquant la colère d’Alger, le rappel de son ambassadeur, la suspension du traité d’amitié et de bon voisinage ainsi que le gel des échanges commerciaux, sauf pour les exportations du gaz.
Pour rappel, le dégel a été confirmé par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, qui a expliqué ce retour graduel à la normale dans les relations bilatérales par le changement « à 180 degrés » dans la position du gouvernement espagnol par rapport à celle adoptée en mars 2022. Ce changement a été acté lors d’un discours du Sanchez à l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre dernier.
Depuis, Alger a nommé un ambassadeur, multiplié les vols domestiques, levé certaines restrictions douanières et autorisé l’importation de plusieurs produits d’Espagne, comme les produits avicoles et les viandes rouges.
La visite d’Albares devait relancer le commerce entre les deux pays, créer une autre dynamique économique avec le retour des entreprises ibériques dans le marché algérien et développer davantage les échanges culturels. Il était question également d’examiner, lors de ce voyage, des dossiers politiques et sécuritaires régionaux, notamment la situation au Sahel, au Sahara occidental et l’immigration clandestine.