IBK de retour au pays du grand frère
Le chef d’Etat malien a été accueilli à son arrivée à l’aéroport international Houari-Boumediène par le président de l’Assemblée populaire nationale (APN) Larbi Ould Khelifa, et des membres du gouvernement.
Lors de son arrivée à Alger, M. Keita s’est entretenu avec le Président Bouteflika concernant le raffermissement des liens économiques et pour surtout évoquer la mise en œuvre de l’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation au Mali.
La coopération économique, une urgence signalée
Outre l’objectif du retour à la paix dans la région malienne ou encore la question sécuritaire, Alger et Bamako affichent leur volonté de développer et diversifier leur coopération dans d’autres domaines. Dans ce sens, de nouveaux mécanismes inscrits dans le cadre du renforcement de la coopération bilatérale ont été adoptés. Il a été décidé, entre autres, la mise en place d’un programme spécial pour le développement économique des régions du « nord du Mali et des zones frontalières ».
Alger, clé de voûte du règlement de la crise malienne
Depuis ces dernières années, les relations algéro-maliennes ont connu une certaine dynamique, marquée notamment par l’engagement de l’Algérie dans l’important processus portant conclusion de l’accord de paix et de réconciliation en vue de parvenir à un règlement « pacifique » de la crise qui ronge le Mali ».
L’accord de paix entre le gouvernement de Bamako et les factions rebelles du nord du Mali na été rendu possible qu’après cinq rounds de dialogue, engagé en juillet 2014, sous la conduite de la médiation internationale dont l’Algérie était le chef de file.
Les relations entre les deux pays sont donc appelées à connaître un avenir « de coopération très brillant, stratégique, tourné vers la stabilité et le développement. Pour ce faire, un comité bilatéral chargé de suivre la mise en œuvre des décisions liées au règlement pacifique du conflit du nord du Mali » a été créé.
Une assistance technique et sécuritaire à la carte
Dans son engagement pour une assistance technique et sécuritaire au voisin malien, l’Algérie priorise sa sécurité intérieure. En effet, les suites de l’opération Serval, associées à la détérioration rapide de la situation en Libye ont créé un contexte volatil qui oblige Alger à s’engager dans une stratégie antiterroriste nouvelle en Afrique du Nord comme au Sahara-Sahel. Rétive à la militarisation du Sahel par la France et les États-Unis, l’Algérie continue d’invoquer la solution politique aux crises saharo-sahéliennes.
Face à une situation régionale qui se complexifie de jour en jour, la nouvelle diplomatie algérienne est dictée par des motivations tactiques : éviter des conséquences stratégiques encore plus problématiques, voire irréversibles, pour elle-même et ses voisins, note avec pertinence à ce sujet Laurence Aïda Ammour, consultante indépendante associée au groupe d’analyse de JFC Conseil dans une récente contribution au site Econostrum.
De ce fait, l’assistance technique et sécuritaire reste, pour Alger, le meilleur moyen d’aider le Mali à se redresser et à maîtriser ses territoires sur le plan sécuritaire. Ainsi, des échanges d’informations d’ordre sécuritaire sont de mise entre les services de sécurité algériens et maliens, ainsi que pour ce qui est de la formation des cadres sécuritaires maliens en Algérie.
La crise malienne a un coût
La crise malienne est considérée par l’Algérie comme la sienne du fait des relations historiques et humaines entre les deux peuples et Etats, et aussi en raison de la proximité géographique. De ce fait, l’engagement algérien envers ses frères du Mali est multiforme : diplomatique, économique, sécuritaire, technique et aussi financier. Depuis les crises de la fin des années 1980 et de 2006 et les accords de paix qui s’en sont suivi avec le concours de la diplomatie algérienne, Alger a toujours plaidé pour le développement économique et social des régions du nord du Mali pour ne pas le laisser en proie aux prédateurs qui profitent de la détresse du peuple targui.
Fabius encense la diplomatie algérienne
Le ministre français de des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a rendu hommage à l’Algérie pour « l’appui talentueux » de sa médiation dans la conclusion de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali.
Au Mali, « nous avons soutenu les efforts de paix entre le gouvernement et les groupes du Nord qui ont abouti, avec l’appui talentueux de la médiation algérienne, à l’accord de juin 2015 », a-t-il affirmé dans un discours lors de la clôture de la semaine des ambassadeurs à Paris.
Le ministre français des Affaires étrangères avait salué l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali signé le 20 juin à Bamako par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et « félicité » la médiation algérienne dans le processus.
« Je salue l’engagement de toutes les parties maliennes en faveur de la réconciliation et de la reconstruction du pays. Je félicite à nouveau la médiation algérienne », avait-il déclaré sur le site officiel du ministère des Affaires étrangères juste après la signature de cet accord.
Il convient de rappeler que la CMA n’a signé l’Accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, que le 20 juin 2015, alors que le gouvernement malien, les groupes armés dits de la Plateforme et l’équipe de la médiation internationale conduite par l’Algérie avait signé l’accord le 15 mai dernier.
Un relevé de conclusions des négociations autour de l’application de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali et un document contenant des arrangements sécuritaires au nord du pays ont été signés le 5 juin à Alger par les parties prenantes au dialogue malien. Fabius a rendu hommage à l’Algérie qui a réussi à convaincre toutes les parties maliennes à parapher l’accord dans un premier temps, et de le signer par la suite.
« Je rends hommage à l’Algérie pour sa médiation efficace qui a su rallier les parties autour d’un texte équilibré et bénéfique pour le pays et pour la région », avait-il déclaré début mars au moment où le Président et le gouvernement maliens ont annoncé leur décision de parapher l’Accord de paix et de réconciliation.