Henni l’affirme : L’abattage du cheptel femelle, un acte criminel
L’abattage du cheptel femelle (bovin et ovin) sera interdit. Un projet de loi interdisant cette pratique sera prochainement élaboré. C’est ce qu’a annoncé le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, lors d’une réunion avec les cadres des wilayas de son département, tenue ce samedi à Alger.
L’abattage du bétail femelle nuit à la filière, d’autant qu’il limite sa croissance et provoque surtout une contraction continue des troupeaux, selon les spécialistes et les éleveurs qui n’ont cessé de mettre en garde contre les conséquences de cette pratique sur le cheptel. C’est une doléance à laquelle semble répondre le département de l’Agriculture, à travers l’interdiction de son abattage.
Dans son intervention lors de cette réunion, le ministre de l’Agriculteur a en effet annoncé l’élaboration prochaine d’un projet de loi pour l’interdiction de l’abattage du cheptel femelle. « Le projet de loi sera présenté dans les plus brefs délais, et ce, afin d’interdire l’abattage du cheptel femelle », a-t-il affirmé, chargeant les services des inspections vétérinaires de la mise en œuvre de cette décision, notamment dans les abattoirs.
« L’abattage du cheptel femelle (ovin et bovin) va devenir un crime », a martelé le ministre, insistant que « cela va devenir un acte criminel ».
Une mesure saluée par les éleveurs
La décision d’interdire l’abattage du cheptel femelle est saluée par les éleveurs qui se démarquent de cette pratique. Soulignant la nécessité d’instaurer un contrôle rigoureux, Mohamed Boukarabila, membre de la Fédération nationale des éleveurs, a indiqué que « cette mesure tombe à point », surtout que « depuis deux ans, la brebis productrice passe à l’abattage automatiquement ».
Selon lui, c’est la hausse des prix du mouton qui a accentué cette pratique qui constitue une vraie menace pour le cheptel. « Leur nombre a vraiment diminué. Cette mesure d’interdiction va sans doute mettre fin à cette pratique d’abattage automatique et, ainsi, garantir la reproduction et poursuivre l’élevage », a-t-il précisé
Boukazabila pointe du doigt les intermédiaires. « La mission de l’éleveur se termine au marché. Il ne connaît pas l’issue des têtes vendues », a expliqué, affirmant que des brebis vendues sont engraissées et vendues à des prix plus élevés par des intermédiaires qui sont « intéressés que par le gain ».
C’est la raison pour laquelle il préconise une vente directe pour le boucher ou dans le cadre de la tripartite qui inclut des organismes comme l’Algérienne des viandes rouges (ALVIAR), à même de ne pas laisser de place pour les intermédiaires.
Signalant l’absence de contrôle, M. Boukarabila a en outre souligné la nécessité d’accompagner davantage les éleveurs, notamment en termes de disponibilité de l’aliment du bétail. « Des fois on est obligé de vendre une partie de notre cheptel en raison de la cherté de l’aliment du bétail. Il faut garantir la disponibilité de ce produit sur le marché pour ne pas l’acheter chez des intermédiaires à des prix élevés », a tenu à souligner cet éleveur.
Pour ce qui est de la disponibilité et des prix des moutons à l’approche de l’Aïd, M. Boukarabila a aussi souligné la nécessité de barrer la route aux intermédiaires. Il préconise d’autoriser les éleveurs à vendre directement pour le consommateur au niveau des grandes villes du pays, dans le cadre des points de vente déterminés. Une moyenne de 50 000 dinars pour le mouton est avancée par ce membre de la Fédération des éleveurs, lequel a affirmé que sans l’intervention des intermédiaires, le mouton de l’Aïd sera à la portée de toutes les familles algériennes.
Dans le cadre des préparatifs pour l’Aïd Al Adha, le ministre de l’Agriculture a appelé les directions des services agricoles et les inspections vétérinaires de l’ensemble des wilayas du pays à préparer le dispositif sanitaire pour la circonstance.