Hausse des prix des fournitures scolaires : L’insoutenable saignée
Les fournitures scolaires connaissent une hausse des prix exceptionnelle. C’est une rentrée scolaire qui s’annonce très difficile pour les parents d’élèves qui vont devoir faire face, une nouvelle fois, à une rude épreuve.
Cette hausse vertigineuse des tarifs des articles scolaires suscite l’inquiétude des parents d’élèves. Ces derniers, pour essayer de faire un peu d’économies, visitent les différents marchés, commerces et librairies pour comparer les prix, et ce avant d’entamer leurs achats. Selon eux, les prix ont déjà triplé. Une virée chez quelques libraires a permis au Jeune Indépendant de constater de visu cette hausse impressionnante. Les produits qui battent tous les records en termes de prix sont les cartables et les sacs à dos.
Ces derniers varient entre 1 500 DA et plus de 3 500 DA pour les moins chers, alors que ceux de bonne qualité peuvent atteindre 10 000 DA. Les prix des cahiers connaissent aussi une hausse impressionnante. Ainsi, le cahier de 96 pages se vend entre 85 et 100 DA, celui de 120 pages est à 150 DA, de 192 pages à 200 DA et de 288 pages à 320 DA. Pour la rame de papier, elle se vend à 900 DA.
Les gommes et les taille-crayons, quant à eux, s’affichent à des prix plus ou moins abordables. On en a, en effet, de toutes formes et toutes couleurs, ce qui attire irrésistiblement l’intérêt des enfants. Une gomme est proposée entre 50 et 100 DA. Les trousses coûtent entre 150 et 900 DA, une ardoise entre 250 et 650 DA, une règle simple entre 80 DA et 150 DA, pour les modèles les plus élaborés. Les familles devront aussi faire face à d’autres dépenses qui accompagnent la rentrée (vêtements de sport, tabliers, frais d’inscription…).
Face à cette hausse des prix inexplicable, les parents d’enfants scolarisés n’ont pas manqué d’exprimer leur désarroi et leur mécontentement. Pour Kamel, père de deux enfants scolarisés, les prix des articles scolaires cette année sont inaccessibles. « Sincèrement, il est vraiment impossible que les parents qui ont 3 ou 4 enfants scolarisés puissent répondre aux besoins de leurs enfants », a-t-il souligné. « Personnellement, je suis un simple fonctionnaire. Je ne peux me permettre d’acheter des fournitures haute gamme », a-t-il confié. Sid-Ahmed, un père de famille rencontré, lui aussi, dans une librairie en train d’acheter des fournitures scolaires à ses trois enfants scolarisés a affirmé : « Pour cette année, j’ai voulu anticiper en procédant à l’achat de quelques fournitures scolaires bien avant la rentrée, et ce afin d’éviter la hausse.
Mais à ma grande surprise, tout a augmenté. Et là, à près de deux semaines de la rentrée j’ai remarqué que les prix ont triplé. » Il a confié : « Mes enfants ne veulent pas n’importe quoi. Ils ne veulent acheter que des produits de bonne qualité qui sont affichés à des prix excessivement chers, et moi je finis par céder à leurs caprices. » Karima, enseignante et mère de deux filles âgées de 8 et 12 ans, a prévu un budget de 20 000 DA pour acheter les cartables, les tabliers et autres fournitures. « Je suis allée vendredi dernier à l’hypermarché Uno de Bab Ezzouar pour y acheter les fournitures de mes filles.
J’ai déjà dépensé 7 500 DA rien que pour deux cartables. Je pense pouvoir dénicher des tabliers à 2 000 DA et laisser le reste pour les affaires scolaires », a-t-elle précisé. Pour faire quelques économies, plusieurs familles n’hésitent pas à sortir d’Alger-Centre et à aller chercher la bonne affaire ailleurs. C’est le cas de Malika qui, à chaque occasion, se rend à Baraki. Pour elle, les produits y sont plus variés et le rapport qualité/prix largement à la portée des petites bourses. Ahmed, père de trois enfants, tous scolarisés, ne se base pas sur la qualité mais cherche à acheter à moindre coût. « J’achète par article. Dès que je tombe sur un vendeur qui propose un produit ou deux avec quelques dinars de moins, j’en profite », a-t-il avoué.
Cependant, bien que les parents se trouvent dans l’obligation de se serrer les coudes, ils sont prêts à assurer tous les articles qu’il faut pourvu que leurs enfants réussissent. Les représentants de la filière de la papeterie, pour leur part, pointent du doigt le processus de la délivrance des licences d’importation, qui est arrivé en retard par rapport aux années précédentes. « Un retard qui risque de causer une pénurie sans précédent ou une flambée des prix des fournitures scolaires en prévision de la prochaine rentrée », ont-ils précisé.
L’Association nationale des importateurs de fournitures scolaires et de bureautique a, pour sa part, appelé les autorités à faciliter les procédures en réduisant les délais des différentes opérations. Le président de l’Association des commerçants et artisans algériens (ANCA), Hadj-Tahar Boulenouar, a confirmé, pour sa part, cette hausse des prix des fournitures scolaires, l’attribuant à plusieurs facteurs. Il s’agit, selon lui, de la baisse des exportations de Chine, premier fournisseur mondial d’articles scolaires, et ce à cause de la propagation de la Covid-19.
M. Boulenouar a également évoqué la production nationale qui n’arrive pas à couvrir 30% de la demande des besoins, et donc à satisfaire la demande. Le président de l’ANCA lance aussi un appel pour simplifier les démarches d’importation aux opérateurs économiques intervenant dans le secteur, tout en exhortant les producteurs nationaux à faire un effort pour augmenter leur production.