Harcèlement sexuel dans le milieu professionnel : Les femmes disent Basta !
Le harcèlement sexuel des femmes notamment dans le milieu professionnel est devenue quasiment une constante, un risque à prendre au sérieux lors du recrutement notamment dans les sociétés où les travailleuses sont recrutées dans des emplois précaires .
Le phénomène prend de l’ampleur en Algérie et se généralise dans les administrations, les entreprises et autres établissements publics et privés y compris dans des filiales de grandes compagnie comme le groupe pétrolier Sonatrach à titre d’exemple où le recrutement par contrat à durée déterminée (CDD) dans ses filiales laisse des employées à la merci de responsables sans foi ni loi.. Cependant, le danger n’est pas seulement dans ce comportement repréhensible , mais réside également dans cette impunité des harceleurs, la loi pénalisant certes le harcèlement sexuel, mais ne donnant pas les moyens pour arriver à l’établir dans une société, de surcroit, conservatrice.
Avant, les femmes étaient harcelées dans la « discrétion », selon des styles ou modes opératoires connus. C’est cette discrétion qui les poussait à hésiter à dénoncer leurs harceleurs par peur de représailles. Aujourd’hui, elles sont persécutées aussi sur la Toile et les auteurs sont dénoncés.
Le récit incroyable d’une jeune femme à la recherche d’un boulot est édifiant. C’est l’histoire d’une adolescente qui a posté sur internet une annonce pour un travail durant la période d’été. Elle se retrouve submergée par des messages et des propositions indécentes par des patrons d’entreprises. Jeune et inexpérimentée, nombreux voyaient déjà en elle déjà une proie facile.
Le phénomène du harcèlement sexuel est dénoncé par les victimes même si la loi n’a pas pu les protéger puisque les prédateurs, dans la plupart des cas, ne répondent pas de leurs actes. L’histoire de cette jeune dont la famille a eu recours aux réseaux sociaux pour dénoncer les hommes à l’origine du harcèlement a fait le buzz. Elle démontre que le phénomène prend de l’ampleur et avec beaucoup plus d’impunité. Sa tante a posté sur Facebook un message dans lequel elle demande conseil aux internautes sur les suites juridiques à donner face aux réponses indécentes reçues par sa nièce qui ne demandait qu’un travail d’été.
Selon elle, les réponses et les propositions qu’elle a reçu pour l’annonce de travail indiquent explicitement que ce qui les intéresse en elle n’est pas son assiduité ni sa compétence. Les messages postés par la tante sur la page Facebook « Je dénonce DZ » sont, en effet, très explicites. « Je cherche une fille charmante, mature sexy vivante », « je demande une fille belle », « Je ne suis pas heureux dans mon mariage » ou encore « si tu es belle, attirante, romantique… ».
Ces propos émanent des patrons d’entreprises, architecte-entrepreneur, un gérant d’une école privée, un importateur… Des captures d’écran de messages indécents, avec les noms de leurs auteurs, ont été partagées par « Je dénonce DZ » et la page du Réseau Wassila, une association nationale de défense des droits des femmes.
Les internautes qui ont commenté ces messages « indécents » s’accordent à dire qu’il faut dénoncer ces harceleurs et les poursuivre, tout en partageant leurs expériences similaires. « J’espère qu’elle ne sera pas traumatisée », a écrit un internaute, qui craint un choc psychologique chez l’ado.
D’autres ont incité sa famille à déposer plainte, rappelant que ce genre de comportement est puni par la loi. La teneur des mails partagés sur « Je dénonce DZ » peut aussi s’apparenter à de l’incitation à la débauche et corruption de mineur, un acte puni de 5 à 10 ans de prison, une peine applicable même aux tentatives sans la consommation de l’infraction.
Une avocate a conseillé à la famille de cette adolescente de saisir la brigade de lutte contre la cybercriminalité de la DGSN et de « ne pas bloquer les comptes depuis lesquels les messages ont été envoyés quel que soit le support (Mail, réseaux sociaux) pour que les policiers enquêteurs puissent identifier l’auteur du message».
Le harcèlement dans une filiale de Sonatrach
Un autre cas édifiant est celui d’une responsable d’un centre médical dans une filiale de Sonatrach basée à Arzew dans la wilaya d’Oran dans l’ouest algérien qui a subi un harcèlement de son propre PDG. « Femme chic, et toujours bien habillée sans la moindre ostentation, mais bien connue pour sa rigueur, cette femme a tapé dans l’œil de ce PDG venu d’Alger qui pense à tort que l’Oranie est un région de libertinage », a affirmé au Jeune Indépendant une de ses collègue témoin de ce harcèlement.
Lorsque cette victime dont le témoignage intégral a été recueilli par le Jeune Indépendant, a dénoncé cet acte auprès d’une équipe d’auditeurs désignée par le holding de l’entreprise en novembre 2020, ce PDG a décidé de ne pas renouveler le contrat de cette cadre. « Pour ce PDG, qui joue de sa puissance; éloigner la victime c’est éloigné son crime », a ajouté sa collègue.
Contactée par le Jeune Indépendant, Dalila Iamarene Djerbal présidente du Réseau Wassila, a précisé que « le harcèlement sexuel des femmes et jeunes filles, même des petites filles, est généralisé dans tous les espaces : famille, établissements scolaires et universitaires, dans le milieu professionnel, dans le secteur du sport, dans les espaces publics. Parce que dans l’imaginaire social commun, malheureusement encore très prégnant, les femmes sont au service sexuel et social des hommes.
Pour cette mentalité, le seul lieu où elles doivent exister est l’espace de la maison, donc occuper l’espace social, la rue, ou l’emploi, c’est être disponible pour toute ‘’aventure sexuelle’’ ». Et d’enchaîner : « Une certaine ‘’éducation’’, les médias, certains prêches religieux alimentent quotidiennement cette idéologie et les réseaux sociaux ont multiplié l’impact de cette violence en permettant à certains de se défouler sur les femmes de toutes leurs frustrations et échecs personnels.
Il suffit de charger les filles et les femmes de la responsabilité de provoquer cette violence, à la limite d’être responsables des germinicides ! Quant à l’agresseur, il ne peut que susciter compréhension et surtout bénéficier de l’impunité !»
Selon la même responsable, il est clair que les familles, en cette période de récession, ont besoin du travail de tous ses membres. Aussi, la recherche d’emploi par tous est une épreuve difficile, longue, parfois désespérante et humiliante, particulièrement pour les femmes.
« Il est de plus étonnant d’observer que plus les filles sont diplômées, plus il leur est difficile de sortir du chômage. 55% des filles diplômées de l’université sont au chômage contre 12,1% pour les hommes », a-t-elle souligné, ajoutant qu’ « à côté de la crise de l’emploi, du manque de moyens de transport, le manque de garderies, l’éloignement du lieu de travail, le harcèlement sexuel est devenu un facteur important de dissuasion de recherche du travail.
Le harcèlement a augmenté devant le nombre de femmes à la recherche d’un emploi. La nécessité de trouver un revenu, pour elle-même ou pour soutenir la famille, leur fait accepter des postes de travail sous-qualifiés, avec des salaires faibles, en attendant de trouver mieux.
L’inscription à l’ANEMANEM Agence nationale de l’Emploi qui lui fait espérer un poste, le pré-emploi avec des présalaires faibles, des contrats provisoires, la non-affiliation à la sécurité sociale pour nombre de celles qui travaillent dans le secteur privé, sont les sources de pouvoir pour des prédateurs qui exploitent leur précarité pour obtenir des avantages sexuels ».
Entre besoin de travail et chantage sexuel
Poursuivant dans le même sillage, elle a ajouté que « les blogs sur internet de certains groupes de femmes relatent ce type d’agression et ses effets sur la vie quotidienne des travailleuses, des étudiantes. Le dernier en date, en juin 2023, décrit le harcèlement subi par une jeune médecin résidente dans un hôpital d’Alger, de la part du chef de service. Le harcèlement sexuel sert à exercer un chantage, que ce soit à l’emploi pour les chômeuses, au renouvellement du contrat pour celles qui ont un contrat à durée déterminée (CDD), à la promotion.
Des enseignantes ont passé 18 ans avec des CDD. Les petites manufactures emploient des femmes avec des contrats de 3 mois renouvelables, n’étant parfois rémunérées qu’irrégulièrement et, bien sûr, non-assurées auprès de la CNASCNAS Caisse nationale de la sécurité sociale. De plus, les travailleuses seront mises au chômage technique, sans être payées, quand l’entreprise est en panne de fournitures. Devant cette précarité, les travailleuses ne peuvent défendre leurs droits et acceptent les salaires proposés ».
Mme Djerbal a affirmé que « cette précarité face à l’emploi est un terreau propice au harcèlement, mais nous avons également vu des travailleuses en poste depuis de nombreuses années et des cadres supérieures subir cette violence ». Elle a ajouté que « le harcèlement n’est pas une affaire sexuelle, c’est le besoin de domination, car nous restons une société profondément patriarcale, légitimant et légalisant par la loi l’inégalité de droit entre les femmes et les hommes.
Le harcèlement vient confirmer l’infériorité de l’autre et le pouvoir d’en faire un objet sexuel. En fait, nier la femme en tant qu’être humain et comme citoyenne. C’est une violence physique et psychologique répétée, de propositions sexuelles, de menaces, dont les conséquences sur la santé de la victime sont nombreuses : anxiété, appréhension d’aller au travail, découragement, mésestime de soi, difficulté de relation avec les collègues, difficulté d’en parler, maladies, démission, parfois tendances suicidaires. Ce qui mine la victime, c’est la honte et le sentiment de culpabilité de ne pas pouvoir se défendre, malaise qui se répercute sur la famille, sur les enfants »
Dans le détail, la présidente du réseau Wassila a fait savoir que le harcèlement signifie que l’homme a le pouvoir de décider de son sort professionnel. « Elle peut avoir tous les diplômes mais c’est lui qui décide. Cela signifie que le milieu professionnel n’est pas l’espace des femmes, elles n’ont aucune légitimité au travail, on les tolère mais elles sont des intruses. L’impact sur le plan collectif est de signifier aux femmes qu’elles n’ont pas droit au travail » a-t-elle affirmé.
Le Réseau Wassila à l’écoute des victimes
« Les femmes harcelées sexuellement reçues au Réseau Wassila depuis le début de l’activité d’écoute téléphonique et d’accueil des victimes de violence, sont nombreuses. Elles sont originaires de divers milieux professionnels et de diverses régions du pays.
Ce sont des employées, des femmes de ménage mais aussi des directrices, des avocates, des juges et des médecins. Certaines affaires vont jusqu’au bout, comme celle des journalistes d’une chaîne TV nationale il y a quelques années qui a connu son épilogue au tribunal avec la condamnation du directeur de la chaîne » a-t-elle déclaré.
D’autres affaires, moins connues, sont également arrivées au tribunal parfois, malheureusement, avec la relaxe de l’agresseur. Mais la plupart des victimes hésitent à dénoncer leur agresseur par crainte de ne plus avoir l’autorisation de travailler de la part de leur famille, ou simplement d’être « accusées » de l’avoir provoqué », selon Mme Djerbal.
La même responsable a estimé qu’il faut beaucoup de courage, mais de plus en plus de femmes passent à l’acte, pour dénoncer l’agresseur. Car les faits se produisent dans des espaces clos, sans témoins directs, ce qui fait dire à l’entourage que c’est « parole contre parole ». « On met sur le même plan un individu qui se présente ‘’bien sous tous rapports’’ et à la limite bénéficiant de l’image de ‘’bon père de famille’’ ou de ‘’grand-père honorable’’ et une femme touchée dans sa dignité qui se défend face à une atteinte à son intégrité, en sachant, et au risque, qu’il y aura toujours des personnes pour la condamner, elle », a-t-elle ajouté.
S’agissant de l’accompagnement du Réseau Wassila et particulièrement des écoutantes, Mm Djerbal a précisé qu’« il consiste à aider la victime à exposer son problème, lui faire recenser les faits afin de les analyser, d’expliquer ses réactions et lui permettre d’exprimer ses craintes. Si certaines ont des réactions brutales et spontanées face au harcèlement, certaines plus vulnérables, sont tétanisées. Le travail d’écoute est d’aider la victime à rechercher des solutions et des soutiens autour d’elle, car elle ne doit pas rester seule, en tête à tête avec cet agresseur ».
Mme Djerbal souligne que le silence ne bénéficie qu’au harceleur ! « Cette écoute se fait dans la confidentialité, le respect de ses décisions, l’essentiel est que la victime soit consciente qu’elle est la première responsable de sa sécurité, bien sûr avec notre soutien. L’écoutante juriste l’informe et l’oriente dans les procédures de recueil des preuves, de la démarche juridique, tout en continuant à la soutenir psychologiquement pour l’aider à surmonter son désarroi », a- t- elle expliqué.
Les cas de victimes recensés par le Réseau
Citant quelques cas de femmes harcelées, la première responsable du Réseau Wassila a mis en avant celui d’une jeune femme travaillant dans une base du sud du pays. Elle était victime du harcèlement sexuel de la part du responsable de la base qui, pour l’obliger à se soumettre, utilisait de fausses fiches de présence, retenues sur salaires et blâmes. « Le Réseau Wassila, avec son accord, a fait des signalements aux responsables de l’entreprise, au ministère de tutelle, au syndicat et elle-même a déposé plainte auprès de la gendarmerie. Même si elle a été dissuadée par l’entreprise d’aller jusqu’au tribunal, les directions d’entreprises ne voulant pas de ‘’vagues’’, le harcèlement a cessé avec la mise en retrait de l’agresseur. Elle obtint la fin du harcèlement même si l’agresseur n’a pas été sanctionné ».
Un autre cas a été recensé précisant que « la victime a fait appel à la justice, mais le directeur harceleur de l’entreprise, en appel, a encore été relaxé faute de preuves, les autres femmes victimes du même individu n’ont pas eu le courage de témoigner. La victime a très mal vécu cette relaxe et a démissionné. On peut imaginer que ce harceleur, trainé devant les tribunaux, sera dissuadé à l’avenir de se conduire comme un voyou ».
« Dans l’affaire d’une grande entreprise de transports d’Alger, la femme de ménage est tombée malade suite à plusieurs mois de harcèlement sexuel de la part de son responsable. Son mari étant au chômage, elle craignait par une plainte à la justice perdre le seul revenu de la famille. Nous avons également fait un signalement à la direction de l’entreprise qui a refusé de le réceptionner, ainsi qu’au ministère de tutelle et au syndicat qui sont restés très discrets sur l’affaire. Le harcèlement a cessé », a-t-elle poursuivi.
Que dit la loi ?
Mme Djerbal a fait savoir que la loi sur le harcèlement sexuel, promulguée en 2004, constitue une avancée mais il reste une difficulté majeure, celle de fournir les preuves matérielles. « L’agresseur ne va pas harceler publiquement sa victime, mais certaines ont pu l’enregistrer, le filmer, obtenir le témoignage de collègues qui ont constaté leur état directement après les épisodes de harcèlement, ce qui peut constituer des débuts de preuves.
De même, les témoins ne sont pas protégés par la loi ce qui leur fait craindre des représailles de la part des responsables auteurs du harcèlement. Néanmoins, certains ont témoigné pour la victime, des hommes et des femmes par exemple dans l’affaire de la chaine de TV susmentionnée, ce qui rassure quant à la condamnation de ces pratiques par une partie de la population », a-t-elle déclaré.
Elle a insisté sur le fait que les victimes ne doivent pas rester seules, elles doivent rechercher des soutiens auprès de leurs proches, des amis, ou des associations pour reconstituer leurs forces et se défendre. « Art 341 bis : Est réputé avoir commis l’infraction de harcèlement sexuel et sera puni d’un emprisonnement de deux (02) mois à un an (01) et d’une amende de 50.000 DA à 100.000 DA, toute personne qui abuse de l’autorité que lui confère sa fonction ou sa profession, en donnant à autrui des ordres, en proférant des menaces, en imposant des contraintes, ou en exerçant des pressions, dans le but d’obtenir des faveurs de nature sexuelle. En cas de récidive, la peine est portée au double » (JORA N°71 du 10/11/2004) » a-t-elle conclu.
Le Réseau Wassila a tenu à mettre à la disposition de toutes les femmes son numéro, sa boite mail, son site et son Facebook, respectivement : 0560 100 105, [email protected] Site :reseauwassila-avife.com Facebook : Réseau Wassila, en réaffirmant son engagement à être à l’écoute de ces femmes, les aider et les accompagner sur tous les plans.
L’expertise psychologique indispensable
De son côté, maître Fatima Zohra Benbraham a précisé qu’« il n’y a pas très longtemps, la loi algérienne s’est tarifié d’un texte qui prévoit le harcèlement sexuel comme un délit. Le harcèlement sexuel qu’il soit dans une famille, dans la rue ou sur les lieux de travail, il n’y a pas de différence, c’est-à-dire le texte est de portée large et générique et non pas un texte spécifique. Le problème qui se pose n’est pas tant dans la loi mais beaucoup plus dans l’application de la loi ».
L’avocate a estimé que les femmes qui subissent ce type de harcèlement sur le lieu de travail ou ailleurs ne peuvent pas prouver le harcèlement, car arrivé devant un juge, il faut le prouver. « Si la femme est harcelée par des écrits, par exemple, là il y a un début de preuves. Si elle est harcelée sur le lieu de travail par des provocations ou des incitations à la débauche, s’il y a atteinte à sa dignité et à son honneur, cela va être très difficile pour elle de le prouver, parce que le juge aura besoin de témoins qui vont dire que cette femme est harcelée par son responsable et il est très difficile de trouver ces témoins, surtout si ces derniers travaillent dans le même milieu et sous la tutelle du harceleur ».
Maître Benbraham a précisé que « le syndicat a un rôle dans cette situation et quand la femme va se plaindre dans son syndicat, ce dernier doit la protéger en commençant d’abord par des initiatives avec le harceleur pour lui dire de cesser son harcèlement. Ils peuvent aussi faire des rapports sur le harceleur que la victime pourrait présenter devant un tribunal, lequel pourrait effectivement auditionner les témoins sur le fait reproché ».
S’agissant de l’aspect psychologique, elle a expliqué : « Nous avons longtemps souffert du fait que le psychologue n’était pas reconnu comme un expert. Ces derniers temps, il y a eu un assouplissement parce que le psychologue c’est celui qui découvre le mal au plus profond de la personne. On dit que le psychologue est celui qui va extirper les bleus de l’âme à travers des séances assez nombreuses pour déterminer qu’il y a effectivement un trouble, étant donné que le harcèlement conduit à un trouble psychiatrique et psychologique chez l’individu. Il peut aussi établir la conséquence de la souffrance de la personne sur son lieu de travail et le résultat qu’il a trouvé au plus profond de son âme. C’est un document très important.
C’est une expertise et une pièce que le juge ne saurait ignorer ». Et d’enchaîner : « Malheureusement, les juridictions algériennes ne font pas cela par ce que la loi est arrivée d’une manière restrictive, elle pénalise le harcèlement sexuel mais elle ne donne pas les moyens pour arriver à établir le harcèlement sexuel. Il y a encore énormément de travail à faire. J’ai été la première à dénoncer le harcèlement sexuel publiquement dans des émissions de télé, dans des écrits, dans des conférences, mais il n’y a pas eu de suite. Malheureusement, même les avocats, les juristes n’ont pas touché à cette question. Nous avons donné des propositions et maintenant c’est à l’Etat de les mettre en œuvre »
Elle revient sur la nécessité de donner aux psychologues et aux psychanalystes des prérogatives et de les admettre sur les listes des experts, et de donner la latitude au juge de désigner un psychologue pour travailler sur la personne harcelée pendant une certaine période. « Les femmes ont dû abandonner cette question de harcèlement sexuel parce qu’il n’y a pas eu assez de réflexion concernant l’exécution des sanctions.
Les premières fois, nous avons obtenu de bonnes décisions, c’est-à-dire énormément de plaintes et que le tribunal a reconnues, mais, maintenant, on voit de moins en moins ce genre de plaintes », a-t-elle indiqué, précisant que « la hiérarchie est un problème qui ne joue pas en faveur du droit du travail de la femme et, dans certains cas, les supérieurs abusent d’une manière extraordinaires de la faiblesse des employées ».
Reste à savoir que si le harcèlement sexuel existe et est reconnu par la loi, pourquoi alors, dans la plupart des cas, les auteurs ne sont-ils pas jugés ?