Haftar, le pyromane
Le communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien vient, malheureusement, confirmer les appréhensions d’Abdelkader Messahel au sujet des interférences contredisant le processus de paix en Libye. Ainsi, l’Algérie condamne-t-elle « avec force » le regain de violence chez nos voisins de l’Est, au lendemain de bombardements sur Benghazi qui rajoutent une note dramatique dans l’escalade fratricide du conflit.
Or, des sources concordantes et apparemment bien renseignées attribuent au général Haftar la reprise des combats, tandis que les médiateurs réclament désespérément une accalmie faute de pouvoir exiger une trêve.
Quand ces forces dites gouvernementales, c’est-à-dire sous l’autorité du gouvernement reconnu par la communauté internationale, font le choix de la surenchère des armes, c’est que les pourparlers de paix ne sont pas pris au sérieux. Scénario insolite qui rappelle inévitablement le cas malien où les protagonistes de la paix demeurent paradoxalement des chefs de guerre en activité.
C’est pourquoi, d’aucuns se demandent pour qui roule le vieux Haftar qui s’obstine à vouloir mater les mercenaires de l’Etat islamique, en prenant le risque d’affronter la mosaïque de milices plus ou moins islamistes qui participent au dialogue sous la houlette de Bernadino Leon.
Impossible d’isoler le terrorisme qui brouille la situation en Libye si la communauté internationale n’intervient pas pour exiger un cessez-le feu à respecter par toutes les parties qui se sont engagées sur la voie d’une solution pacifique. En faveur de l’unité du pays et de la préservation de la souveraineté de l’ex-Jamahiriya.
Que Leon interpelle donc Haftar nominativement afin de l’avertir des conséquences auxquelles il s’exposera à l’avenir s’il persiste à jeter de l’huile sur le feu. Les instances onusiennes doivent durcir le ton contre les acteurs identifiés du désastre au lieu de spéculer au sujet de miliciens anonymes sans foi ni loi. C’est peut-être ce que l’Algérie veut signifier par son dernier communiqué exhortant à la sagesse et à la retenue.