Hacène Menouar : « Les mesures juridiques ne suffisent pas pour endiguer la spéculation »
Le président de l’association de protection des consommateurs El Aman soutient, dans une déclaration au Jeune indépendant, que d’autres mesures doivent être prises pour limiter au mieux l’ampleur de la spéculation illicite qui prend de l’ampleur.
Le phénomène de la spéculation sur les produits alimentaires perdure en dépit de plusieurs opérations coup-de-poing menées par les autorités pour barrer la route aux spéculateurs qui non seulement menacent le pouvoir d’achat des consommateurs mais portent également atteinte à l’économie nationale.
La fermeté de la loi, qui prévoit jusqu’à 30 ans de prison pour les auteurs de cette pratique, ne semble pas freiner certains spéculateurs dans leurs pratiques. Raison pour laquelle d’autres mesures sont préconisées parallèlement, à commencer par la régulation du marché.
C’est d’ailleurs ce que propose l’association de protection des consommateurs Al Aman. Son président, Hacène Menouar, qui a mis en avant la lutte acharnée contre la spéculation illicite menée par les autorités, a souligné la nécessité de prendre d’autres mesures pour limiter au mieux cette pratique qui prend de l’ampleur.
Dans sa déclaration au Jeune Indépendant, il a affirmé que « les mesures juridiques de lutte contre la spéculation illicite ne suffisent pas à elles seules ». Affirmant que beaucoup de choses ont été faites dans le cadre de la lutte contre ce qui est devenu un phénomène qui touche le consommateur et l’économie nationale d’une manière générale, il a préconisé une régulation du marché qui doit passer par la numérisation. « Il faut réguler le marché, car l’informel est nourri par des déperditions dans le réseau de distribution », a-t-il indiqué, signalant que « l’informel est malheureusement en plein épanouissement ».
« Entre les producteurs et les consommateurs, il y a un réseau de distribution. C’est d’abord là qu’il faut agir pour réguler le marché », a précisé M. Menouar, qui insiste sur la mise en œuvre des mécanismes de travail réels.
Signalant la formulation de propositions écrites par l’association qu’il préside, il a souligné la nécessité de réaliser par le ministère du Commerce « des centres de distribution régionaux où devront transiter tous les produits qui seront acheminés par la suite vers des marchés de gros et ensuite vers les marchés de proximité ». Selon lui, si l’on formalise le réseau de distribution, on pourra régler 80 % du problème.
La numérisation doit aussi jouer un grand rôle selon le président d’Al Aman, lequel a signalé la nécessité d’appliquer le système de facturation et le code à barres. « Tous ces mécanismes empêcheront la spéculation. Les opérateurs seront ainsi questionnés sur les différences entre les chiffres de production déclarés et ceux de la commercialisation », a-t-il expliqué. « Si chaque produit est doté d’un code à barres, il est impossible qu’il se retrouve sur le marché de l’informel », a-t-il précisé, signalant la nécessité pour les contrôleurs, qui devraient être formés, de disposer de moyens à même de détecter au mieux les défaillances.
Il faut dire que la spéculation illicite ne concerne pas uniquement les produits alimentaires. D’autres produits sont aussi touchés par ce phénomène, à l’instar des climatiseurs dont les prix ont enregistré une augmentation inexpliquée durant les pics de chaleur les semaines passées.
Une situation qui a poussé les autorités, principalement les agents de contrôle et de répression des fraudes du ministère du Commerce, en collaboration avec les services de sécurité, à multiplier les opérations sur le terrain pour traquer les spéculateurs ainsi qu’à saisir des marchandises destinées à la spéculation.
Des arrestations et de lourdes peines sont prononcées à l’égard des spéculateurs en application de la loi relative à la lutte contre la spéculation illicite, qui prévoit des peines d’emprisonnement allant de 3 à 30 ans de prison et des amendes financières pouvant atteindre les 2 millions de dinars.