Grève des résidents: le gouvernement lâche du lest

Face à une grève qui s’éternise et à la détermination des 15 000 médecins résidents, les autorités ont décidé de faire de nouvelles propositions. La réunion de dimanche entre les représentants de la tutelle et les délégués des résidents s’est déroulée dans une atmosphère différente et moins électrique que par le les autres fois. Avec la présence du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Mokhtar Hasbellaoui, le ton a été donné dès le début des travaux. Exprimant la bonne volonté du gouvernement dans le traitement de ce dossier, M. Hasbellaoui a annoncé que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a proposé la création d’une prime d’installation dans le cadre du service civil, laquelle sera accordée par les collectivités locales aux médecins résidents.
« Le Premier ministre a proposé, après concertation, une prime d’installation qui sera accordée par les collectivités locales aux médecins résidents, et ce en fonction des zones et après la création du cadre juridique », a déclaré M. Hasbellaoui dans une alloution d’ouverture de la rencontre de la commission intersectorielle négociant avec le Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA). Il a toutefois précisé que la fourchette de cette prime « n’a pas encore été arrêtée ».
Il a indiqué que son département « ne fermera jamais les portes du dialogue, mais il ne peut travailler sans se référer aux lois de la République et à la réglementation en vigueur dans son secteur », faisant notamment allusion au service civil.
« Nous avons réglé, grâce à ce cadre juridique, certaines préoccupations », a déclaré le ministre, précisant que la commission intersectorielle va étudier également « les différents dysfonctionnements » que rencontre le secteur de la santé, dont les problèmes de transport, le manque de matériels et la question du service civil.
« La commission devra formuler, lors de cette rencontre, d’autres propositions », a-t-il dit, rappelant que son département aspire à « réorganiser le système de santé ».
Soulignant, par ailleurs, l’importance de travailler dans le calme et la sérénité, M. Hasbellaoui a appelé les médecins résidents à « reprendre le travail dans l’immédiat ».
« Chacun de nous doit assurer et assumer ses responsabilités », a-t-il soutenu, avant d’afficher sa satisfaction quant au bon déroulement des négociations, notamment en matière de regroupement familial, de logement décent, de formation continue et d’amélioration des services techniques.
Précisant que le salaire de ces médecins-résidents « ne peut pas être révisé à l’heure actuelle », M. Hasbellaoui a, toutefois indiqué que plusieurs dossiers « sont à l’étude ».
Pour rappel, cette question du service civil envenime le conflit et demeure le point
nodal de toutes les revendications des résidents. La tutelle vient de faire hier une nouvelle concession, en décidant de réduire le nombre des spécialités touchées par le système du service civil. Selon les affirmations faites par l’inspecteur général du ministère de la Santé, le nouveau système concernera 20 spécialités sur les 67 existantes actuellement en Algérie. La liste de ces spécialités n’a pas encore été divulguée officiellement, mais on sait qu’elle touchera l’anesthésie réanimation, la gynécologie-obstétrique, la pédiatrie, la chirurgie pédiatrique et la chirurgie générale.
Même ces propositions semblent avoir été refusées hier après midi par le Camra, en attendant le lancement d’autres consultations sur ce dossier.
Les médecins résidents, qui ont entamé un mouvement de grève illimitée depuis plus de deux mois, exigent l’abrogation de l’obligation du service civil et son remplacement par un autre système de couverture sanitaire pour l’intérêt du patient et l’épanouissement socioprofessionnel du médecin spécialiste ainsi que le droit à la dispense du service militaire comme tout citoyen algérien.
Les médecins résidents représentés par le CAMRA exigent également des autorités le droit à une formation de qualité, la révision du statut général du résident, le droit aux œuvres sociales et la discussion sur les revendications des spécialistes en biologie clinique en ce qui concerne l’agrément d’installation à titre privé.
Allez à la page entière pour voir et envoyer le formulaire.