Grève des étudiants : Le spectre de l’année blanche
Même avec l’arrivée du mois de ramadhan la corporation universitaire reste déterminée à maintenir la pression et à poursuivre les marches hebdomadaires du mardi. Ce rendez-vous fait l’unanimité et continue à unir étudiants et enseignants. Ces derniers s’opposent toutefois à la grève de leurs étudiants au sein de certains campus et qui se poursuit depuis plusieurs semaines.
A ce titre, Nabila Bouchaala, maître de conférences et chef du département de journalisme à l’Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l’information (ENSJSI), nous a indiqué que la grève constitue un réel danger, notamment pour quelques universités dont les cours sont à l’arrêt depuis des semaines. Et d’ajouter à ce titre : « Effectivement la menace existe toujours. Au niveau de l’école, nous essayons de récupérer les séances manquantes d’autant qu’il en faut douze pour valider chaque module ». Et d’enchaîner : « Il y a eu, certes, des perturbations à la première semaine de grève à laquelle nos étudiants ont répondu favorablement, mais à compter de la semaine suivante les choses ont commencé à rentrer dans l’ordre. Maintenant c’est le retour à la normale ». Pour l’universitaire, les enseignants ont aussi un rôle à jouer dans la sensibilisation sur le danger qui guette les étudiants grévistes. « L’ensemble des enseignants essaie de sensibiliser les étudiants sur l’ampleur d’une grève « pérennisée » et la nécessité de rattraper les cours ratés suites aux vacances prolongées par le ministère de l’Enseignement supérieur, ou encore les manifestations organisées chaque mardi », tient-elle à préciser. Sur quelques pratiques « malhonnêtes » au niveau des universités, Mme Bouchaala dénonce le fait que des enseignants acceptent de cautionner la programmation des examens de fin de semestre après avoir, à peine, assuré trois ou quatre cours. Selon la même responsable, L’ENSJSI prévoit les examens du deuxième semestre au début du mois de juin, alors que nombre d’étudiants proposent de les décaler au mois de septembre ».
De son côté, l’universitaire et docteur en sciences politiques (Alger 3) Tighilt Ferhat Samira estime que les répercussions de la grève illimitée sont néfastes pour les études et portent préjudice à la formation des étudiants. « Nos étudiants à la faculté des sciences Po ne sont pas en grève. Nous assurons nos cours de manière ordinaire et nous insistons à ce qu’ils y assistent ».
S’inscrivant dans la même logique, Sofiane Sakhri, enseignant à la même faculté, a souligné l’importance de reprendre les cours, tout signalant que le spectre de l’année blanche est d’ores et déjà là pour les universités en grève depuis les vacances du printemps, telle l’université de Bab Ezzouar, quelques départements à l’université de Bouzaréah. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous essayons d’être en contact permanent avec nos étudiants dans les salles de cours et sur le terrain pour alerter sur la gravité des grèves illimitées et leur faire éviter une année blanche « avérée ».
« Déjà qu’il ne reste pas beaucoup de temps pour dispenser l’ensemble des cours du programme établi. Les étudiants doivent être conscients de ces détails pour qu’on puisse ensemble rattraper le maximum de séances ».
La faculté de droit à Saïd-Hamdine, quant à elle, est depuis deux semaines en arrêt de cours « forcé ». Suite à une décision de l’administration de ladite faculté, les étudiant se trouvent renvoyés chez eux et les contrôles de fin de semestre sont prévus pour le mois de septembre
Devant cette situation de blocage et d’incertitude, la tutelle campe sur son mutisme. Aucune initiative visant à calmer les esprits et ouvrir un dialogue sérieux à même de reprendre le cours normal de la vie universitaire. Même nos tentatives de joindre le chargé de communication du ministère de l’Enseignement supérieur sont restées vaines.