Grande exposition de produits de la population carcérale
Est-il vraiment exact de désigner la population carcérale en Algérie par le terme de « population prisonnière » ? Il serait certainement plus juste de la désigner par le terme de « population bénéficiant de rééducation ».
La preuve de la lourdeur du mot « prisonnier » a été donnée, hier, dans l’espace de la maison de la culture Mouloud-Mammeri à l’occasion du coup d’envoi de la manifestation de trois jours portant sur le travail de la population carcérale.
Le lancement de ce rendez-vous d’une importance exceptionnelle a été donné par Mohamed Bouderbali, et ce, en présence de l’ensemble des autorités militaires et civiles. Il va sans dire que les responsables de la justice, à leur tête le procureur général près la cour de Tizi-Ouzou, étaient présents en force.
A l’issue de cette cérémonie, le procureur général sans ambages que l’Etat algérien ne cesse de consacrer des moyens humains et matériels considérables au profit de la population carcérale, notamment dans le volet de la formation.
Le haut degré de formation de notre population carcérale a été fortement mis en exergue à l’occasion de cette manifestation. Le public, nombreux, a été fortement subjugué par les différents produits imaginés et produits par notre population carcérale. Tout d’abord, signalons les différents tableaux de peinture et autres éléments relevant de l’art et mis à la curiosité de gens critiques.
Concernant les portraits, on y trouve ceux d’Abane Ramdane, du colonel Lotfi, de Mustapha Benboulaïd, de Hassiba ben Bouali, de Mohamed Boudiaf, de Bachir El Ibrahimi, d’Abdelaziz Bouteflika, de Tayeb Louh et tant d’autres encore.
Ce qui frappe, c’est le haut degré de maîtrise du crayon et du pinceau. Les œuvres artistiques exposées sont dignes des artistes peintres à la renommée universelle. Un tableau montrant le paysage de La Casbah est d’une beauté indiscutable.
Selon un fonctionnaire de la justice, c’est un certain Yazid Lamrani, un condamné, qui a signé cette oeuvre magistrale. Dans une autre chambre de la galerie, ce sont des châteaux en carton qui ont fait l’objet d’admiration. Les effets vestimentaires sortis directement des ateliers des centres de rééducation valent leur pesant d’or.
Des robes, des costumes de travail et tant d’autres effets pour enfants sont d’une qualité irréprochable. La brocante n’est pas en reste. Que ce soit en porcelaine ou en aluminium, le résultat est du point de vue artistique d’abord commercial, ensuite fort concluant.
Notons que les produits exposés sont les œuvres des populations des centres de rééducation de Tizi-Ouzou, d’Annaba, d’El harrach, de Chlef, de Tidjelabine (Boumerdès), de Béjaïa et de Bouira.
Présent à cette manifestation, Rabah Timadjar, chef de département éducatif au centre de rééducation d’El Harrach, a déclaré au Jeune Indépendant que l’Office national de travail d’éducation et d’adaptation (ONTEA) a assuré que les travailleurs concernés par la rééducation sont rémunérés à raison de 20 à 60% du SNMG (salaire national minimum garanti).
Les personnes bénéficiant d’une rémunération de 20% du SNMG sont des manœuvres. Celles percevant une rémunération de l’ordre de 60% du SNMG sont celles jouissant d’un grand diplôme. Notons enfin que nos populations carcérales sont présentes dans tous les secteurs de production de richesses.