Gouvernement: Remaniement ou lifting?

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, n’attendra pas l’issue des élections législatives, qui auront lieu dans trois mois, pour former un autre gouvernement. Il vient de répondre aux doléances de la classe politique et de l’opinion en décidant de procéder à un changement de son exécutif. Un remaniement presque forcé, mais qui ne touchera pas l’ossature de ce gouvernement, appelé à gérer une délicate situation économique et sociale. Cette annonce a été faite jeudi soir lors de son discours à l’occasion de la journée du Chahid. Expliquant sa démarche, le président Tebboune a indiqué avoir « pris connaissance des critiques dûment faites par les citoyens », concernant les performances de « certains secteurs ministériels ».

Selon le chef de l’État, ce remaniement ministériel touchera « les secteurs ayant enregistré, à notre sens et du point de vue des citoyens, des lacunes en termes de règlement des problèmes ». Tebboune n’a pas donné aucune autre précision sur les départements concernés par le changement, mais il est clair que la majorité des citoyens n’éprouvent de l’intérêt que pour des secteurs qui touchent directement à leurs vécus, leurs quotidiens, leurs préoccupations essentielles.

Selon des sources, neuf ministres et un ministre délégué sont remplacés, concernés directement par les propres critiques de Tebboune. En janvier dernier, il a émis de grandes réserves, affichant ouvertement son insatisfaction à propos de la gestion du dossier des zones d’ombre dans une vingtaine de wilayas. En plus du Commerce, des Ressources en eau, de l’industrie, mais aussi celui des Finances, ces ministres ont échoué dans leurs missions, selon les avis les plus neutres.

Cependant, le chef de l’État voudrait durant ces trois mois rassurer et apaiser l’opinion, afin de préparer dans de meilleures conditions les élections législatives et réussir un meilleur taux de participation de l’électorat, après le 23% acquis lors du référendum constitutionnel. Avec l’atténuation des effets de la crise sanitaire et la généralisation de la vaccination contre la Covid-19, Tebboune espère afficher de bons résultats sur le plan social et économique, en stoppant la dégradation des agrégats macroéconomiques et encourageant l’investissement tout azimuts.

Au delà du sachet du lait, ou les hausses inexplicables de produits alimentaires de large consommation, comme les pâtes, la semoule, la farine, les fruits et légumes, la conjoncture économique d’une manière générale n’a guère favorisée d’autres segments industriels, et la relance tant souhaitée de la consommation des ménages ne s’est pas produite. Affaibli par un pouvoir d’achat médiocre et fragile, le citoyen au revenu moyen subit l’inflation et la dévaluation de sa monnaie nationale, incapable d’y faire face que par le recours aux complexes réseaux de l’informel.

Il est évident que cet exécutif remanié a une durée de vie courte, juste trois mois ou quatre mois, le temps du scrutin annoncée. Il est plutôt chargé de gérer les affaires courantes. Pour les experts, le changement du ministre et de son staff ne produira pas une transformation positive durable dans les secteurs incriminés. Il leur faut sans doute un électrochoc à la dimension de la crise et une profonde réforme sur tous les plans. Toute la différence entre un remaniement ministériel et un lifting est là.